Je coûte 11'500 francs à ma caisse maladie par an (21/09/2017)

image.jpegJe coûte 11'500 francs à ma caisse maladie par an. Je ne paie donc pas assez de primes maladie. Comment est-ce possible? Selon les statistique de la santé en Suisse, les assurés de plus de 60 paient moins que ce qu'ils touchent.

Pour que le système reste en équilibre, il faut donc que les moins de 60 ans paient plus que ce qu'ils touchent. Le tableau fourni par l'OFS est éloquent d'une situation qu'on tait dans le débat sur la santė. Les chiffres sont impressionnant et lourd de conséquences. 

La statistique dit aussi que la dépense moyenne par habitant a passé de quelque 6000 francs par habitant en 2000 à 8500 francs par habitant en 2012: + 50% en 12 ans. Ça ne peut évidemment pas durer.

J'ai commencé à écrire ce billet en septembre 2015 et l'ai abandonné faute de temps. Sans doute que les derniers chiffres ont augmenté de plusieurs pour cent. 

La vision du Temps Présent diffusé ce 21 septembre m'a décidé à reprendre ce sujet. Je ne peux que recommander la visualisation du reportage de Steven Artels et Isabelle Ducret *. De l'excellente télévision sur un sujet tabou: quel poids faut-il donner aux coûts dans les choix thérapeutiques et principalement durant la dernière année de vie, dont le coût est en moyenne supérieur aux coûts de toutes les années de vie antérieure?

 

sante couts ocde.pngParler du coût de la santé paraît scandaleux, indigne même. La vie n'a pas de prix, n'est-ce pas. Ailleurs il en va tout autrement. La question fait débat depuis plus longtemps que chez nous. Même la riche Suisse ne peut échapper à ce questionnement. Quelle part du PIB voulons-nous, devons-nous consacrer aux traitements des maladies, des dégénérescences, des handicaps de la vie et de l'âge? Selon l'OCDE, la Suisse consacre 12,1% de son PIB à son système médical et infirmier (2015), nous sommes deuxième, loin il est vrai des Etats-Unis. (Le tableau qu'on peut agrandir en cliquant dessus montre quelques indicateurs de santé entre des pays européens et les coûts par habitants. Le système suisse n'est de loin pas le plus efficace)

Le débat resurgit à chaque annonce des primes maladie (en 2016 par exemple Felder dans la NZZ). Nous n’échapperons sans doute pas au rationnement des soins, ce qui touchera forcément plus les "morts moins un an" que les autres. Dans l'émission, l'encore ancien président de la commission de la Santé, Ignazio Cassis, tient des propos des plus éclairants à ce propos.

"Temps Présent" démontre clairement que la question hante le corps médical et les responsables du système de santé, avec les derniers traitements contre le cancer: plus de 120'000 francs pour vivre 15 mois de plus. Qui paie? Nous tous avec nos primes maladie et les impôts qui couvrent environ la moitié des budgets des hôpitaux (et la totalité de la formation des médecins et des personnels soignants). ça ne peut évidemment pas durer ainsi. 

Le jeu de cartes du CHUV, au travers duquel les patients en fin de vie mais encore en pleine possession de leurs moyens disent ce qu'ils veulent ou ne veulent pas, offre une piste intéressante. Manifestement encore trop peu utilisée. 

 

* il y a tant d'événements à Genève ces jours que j'ai même pas remarqué qu'un débat public avait lieu ce soir aux HUG.

 

Ci-dessous deux graphiques pour illustrer un aspect du système de santé et qui répond à la question qui paie (au final c'est toujours nous, via différents canaux et pondérations)?

sante qui paie.png

 

sante schema flux 2015.png

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