Pourquoi la Suisse doit-elle importer 100% du pétrole et du gaz qu'elle consomme, 38% des calories, 100% des ordinateurs, ordiphones et autres tablettes, 100% des voitures... et 0% de son électricité?
La Suisse est autarcique en matière d'électrons (#suisse importe au total 80% de ses besoins en énergie). On se demande bien pourquoi! Dans la pratique, c'est certes un peu plus compliqué car les barrages ne produisent pas régulièrement toute l'année et l'on imaginait gagner des fortunes en repompant l'eau dans les montagnes pour turbiner l'or bleu aux heures de pointe où le prix est le plus haut. On a dépenser des millions pour rien, car le soleil crache un max à midi justement, ruinant les rêves de nos électriciens et mettant en péril le capital de nos retraites investies dans les barrages.
Mais revenons à notre autarcie électrique...
Pourquoi les Suisses produisent-ils toute leur consommation électrique? Sans doute parce que c'est la seule source d'énergie autochtone. Encore que l'uranium qu'on brûle dans nos centrales n'est à l'évidence pas miner dans nos Alpes. (Ci-contre des données de StatistiqueSuisse)
Il n'y a en fait aucune raison de maintenir cette objectif de 100% d’auto-approvisionnement. D'où le côté un peu abscons du titre d'un article publié dans Le Temps ce matin: "Peut-on compenser 15% d'électricité nucléaire en un an?"
Leuthardt dit que l'importation que l'arrêt de Beznau provoquerait en 2017 proviendrait de centrale au charbon au gaz ou à l'uranium. Faux. Les Services industriels de Genève jurent qu'ils n'importent que de l'électricité propre. Pourquoi la Suisse pourrait-elle pas faire de même?
La question va agiter le landerneau politico-énergétique jusqu'au 27 novembre, puis à nouveau en 2017 si l'UDC parvient à réunir 50'000 signatures contre la stratégie énergétique 2015. Elle nous a valu cette semaine une crise d'urticaire de notre beau CN Lüscher, ex-candidat au CF, à l'encontre de l'ex-CN Blocher, ex-CF mais toujours bête noire du PLR, celui-ci accusant celui-là d'avoir été acheté pour avoir voter pour la stratégie 2050. Ce qui n'est pas faux dans la mesure où cette stratégie soutient la houille blanche et comble les investissement hasardeux de nos électriciens dans le domaine 8et pas seulement dans celui-là).
Bref, dans ces affaires à milliards, un bon éclairage ne serait pas de trop et une juste balance entre économicité vs autarcie, en ces temps où la prospérité de la Suisse dépend tellement du monde entier, que notre politique électrique étroitement autarcique rappelle un plan Wahlen plutôt anachronique.
En revanche, une politique volontariste d'économie d'énergie, qu'on résume sans doute un peu vite à la société 2000 watts, est une politique responsable aujourd'hui et demain. Les entreprises du bâtiment ne s'y sont pas trompées. Quitte à abandonner le nucléaire. 20150 c'est encore loin.
A méditer l'index du tournant énergétique selon le WWF:
Commentaires
"Les Services industriels de Genève jurent qu'ils n'importent que de l'électricité propre". C'est un leurre. Je vous invite à lire bon blog sur le sujet (lien ci-desous). Cette "certification" peut encore passer pour les petites quantités que SIG se procure auprès d'EDF, mais le mythe ne peut pas s'étendre aux fournitures d'un pays entier.
http://unegeneveouvertedynamiqueetoptimiste.blog.tdg.ch/archive/2012/08/11/sig-et-electricite-d-origine-nucleaire-suite.html
"Leuthardt dit que l'importation que l'arrêt de Beznau provoquerait en 2017 proviendrait de centrale au charbon au gaz ou à l'uranium. Faux. Les Services industriels de Genève jurent qu'ils n'importent que de l'électricité propre. Pourquoi la Suisse pourrait-elle pas faire de même?"
Un électron est un électron. Il n'est pas possible de choisir si l'on veut importer des électrons "verts" ou "noirs". L'affirmation des SIG n'est basée que sur de la com.
On pourrait bien décider de payer plus cher pour se faire certifier qu'on importe que de l'énergie produite de manière verte, on utiliserait alors qu'un stock virtuel qui ne serait plus disponible par ailleurs obligeant quelqu'un d'autre à utiliser de l'énergie produite au charbon.