Une question me poursuit. Pourrais je un jour me retrouver dans la situation de piloter un 19 tonnes à travers une foule en liesse? J'ai posé la question hier aux cinq jeunes que j'ai guidé à travers la Tribune et le métier de journaliste (vérifier les faits, comprendre les ressorts du monde, les exposer rapidement et simplement...). "Non, non", m'a répondu une ado, qui n'avait pas sa langue dans la poche et affichait une belle maturité: "je ne pourrais pas tuer!" Je n'en doutai pas. Les autres sont restés.
Impossible de se projeter dans la tête d'un tueur quel qu'il soit! Je sais pourtant qu'il y a des enfants tueurs, sans doute contre leur gré mais qui vivent dans une violence, un dénuement, un enfer qui n'a rien de virtuel ou de ludique. Et pourtant Dieu sait combien de jeux vidéo et de films glorifient la violence, la brutalité, le vice, l'inhumanité. Comment s'étonner que certains passent à l'acte.
On connaît çes expériences où un expérimentateur commande à un quidam - vous ou moi - d'infliger des décharges électriques à un personnage qu'il faut faire parler pour une noble cause (sauver des enfants par exemple d'un danger imminent). Certains vont jusqu'à infliger des doses mortels au personnage qui joue la comédie. Tragique. Qui peut dire comment il se comporterait en situation de stress, de faiseur extrême, de guerre?
Et voilà que je tombe par les hasards du butinage auquel invite le web sur un texte publié sur iPhilo. Son auteur, Alexis Feertchak, m'apprend que Nietzsche séjournant à Nice y avait déniché le livre de Dostojevski Les carnets du sous-sol.
"Qui est cet homme du souterrain, animé par le ressentiment, sinon la figure contemporaine du djihadiste? C’est ce qu’avait précisément compris André Glucksmann dans son livre Dostoïevski à Manhattan publié quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001..." À lire ici. "Les djihadistes qui répandent le sang sont souvent le produit détourné de nos sociétés et non une réalité extérieure à elles."