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Le Bitcoin fossoyeur ou sauveur des banques?

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trust machine.jpgJ'avoue que le Bitcoin demeure encore un peu mystérieux pour moi. The Economist de cette semaine lève un peu la jupe qui cache la mécanique savante de ce qui sera bientôt, dans la courte et mouvementée histoire des petits enfants de Turing, la première mais pas la dernière monnaie à large échelle tournant sans banque ni banque centrale, soit sans le contrôle fiduciaire coûteux de quelques-uns, mais au terme d'un mécanisme de validation d'une majorité des participants, un vote démocratique en somme. Un mécanisme qui pourrait séduire Anja Wyden, notre chancelière d'Etat, pour convaincre Berne d'adopter un nouveau e-voting system et assurer tous les Suisses que le vote électronique est enfin leur affaire. 

Blockchain, retenez ce mot, est le doux nom de la technologie informatique complexe qui tourne sans grincer (ou presque). Elle offre deux avantages clés: rendre automatiquement impossible qu'un second événement survienne, par exemple acheter deux services avec la même somme d'argent, grâce au fait que la majorité des utilisateurs ont validé que la transaction entre A et B dont tous les éléments restent anonymes a bien été enregistrée. Et pour toujours.

L'enregistrement se présente sous la forme d'un grand livre, une gigabase de données. Mais contrairement au registre tenu par un comptable, celui-ci est décentralisé, tenu et donc connu par tous les ordinateurs participants au système. Ce grand livre garde la trace cryptée de toutes les transactions. Cerise sur le gâteau, les ordinateur qui assurent le fonctionnement du système sont incités à le faire, car ils reçoivent une récompense (de nouveaux Bitcoins par exemple), tout comme les banquiers florentins recevaient des intérêts.

La réussite du Bitcoin - certes chaotique du point de vue du simple péquin - et de la technologie Blockchain met les smart brains (les cerveaux dégourdis) en ébullition. Un jeune d'à peine plus de vingt a créé Ethereum et a lancé cet été un système qui met le blockchain à la portée de tous les geeks (ou presque). Objectif: échanger des services en toute sécurité et en se passant d'un régulateur coûteux et toujours un peu castrateur. Une technologie qui fait se pâmer les libertarien cher à Adrien Faure, étudiant et blogueur genevois, qui publie ces jours l'histoire de ce mouvement.

On va donc voir ce qu'on va voir dans le 5 à 10 prochaines années. Le blockchain ne serait rien moins que la réinvention de l'ordinateur et du web réunis. The Economist signale deux bémols: selon des études récentes, la sécurité du système contre les fielleux et autres méchants ne serait pas à toute épreuve, la seconde que le fonctionnement des ordinateurs qui tournent pour assurer la traçage et la validation cryptée des transactions dans le grand livre distribué est plutôt et même très énergivore. Ajouter la sulfureuse réputation du Biotcoins qui serviraient à financer tous les trafics. Et l'on comprend pourquoi le blockchain outre la difficulté d'en saisir le mécanisme intime fait encore partie de ce machine dont on se méfie.

De quoi retarder un peu la disparition des banques et des agents fiduciaires et même de la Chancellerie et de son service des votations qui décomptent centralement nos votes de citoyens. Le temps pour elles d'adopter la technologie et d'en faire leur colonne vertébrale.

Avec R3 CEV, UBS (ici et ) est en pointe, raconte The Economist, qui relève le paradoxe qu'après être apparu comme une menace la techno du bitcoin pourrait permettre aux banques d'économiser des milliards de francs. Mis désormais par les fiscs et les régulateurs devant l'obligation de traquer sérieusement l'origine des fonds qu'elles collectent, les banques pourraient bien trouver dans des blockchains privés, l'instrument miraculeux qui leur permettra de prouver aux administrations pénales et fiscales que l'ensemble de leur business est sécurisé, transparent tout en restant crypté et donc secret.

Selon Recodes, l'Estonie, décidément toujours en pointe dans ces domaines, utiliserait déjà un blocchain pour sécuriser les transactions des cartes de crédit en circulation et afficherait le taux le plus bas de fraude dans ce domaine.

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