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Faut-il émasculer Genève pour la satisfaire?

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Pauvre ville de Genève! La Municipalité et ses cinq édiles, en phase de réélection difficile, nous ont donc pleuré dans le gilet cette semaine pour dire combien leur magnanimité leur coûtait désormais trop chère et que les coucous habitant les autres communes, qui ne paient pas leur dû, feraient bien d'y réfléchir. Un rapport qui, selon Le Temps a coûté 100'000 francs, soit 100 jours de travail évalue la facture entre 150 et 190 millions, compte tenu d'un gain en faveur de la Ville de 12 petits millions des complexes péréquations fiscale et financière intercommunale. 

Premier constat: soit la péréquation ne sert à rien, puisque la Ville n'y gagne que des clopinettes (à peine plus d'un pour cent de son budget), soit elle ne reçoit pas plus parce qu'elle ferait partie du club des communes riches du canton, soit encore parce qu'elle dépense trop. Croyez-le ou non, les trois hypothèses sont vraies.

Deuxième constat: faut-il émasculer la ville en cantonalisant quelques uns de ses joyaux, comme le propose la  Constituante et le président durable du Conseil d'Etat?

Le Grand Théâtre, la Comédie, les musées sont à n'en pas douter des équipements qui rayonnent bien au-delà  de la commune centre qui les stipendie généreusement. Les cantonaliser aurait la vertu de mieux faire coïncider le cercle des payeurs avec celui des usagers, ce qui est un principe cardinal de la bonne gouvernance  publique. Et même privée.

La science politique appelle externalités positives le fait de profiter d'un bien ou d'un service sans en payer le prix. Ainsi en est-il des gens qui profitent des fontaines, des promenades, du sentiment de sécurité que produisent les agents municipaux et de la culture de notre belle ville sans y être des contribuables. A l'inverse, on qualifiera d'externalité négative le fait de subir une gêne ou une moins-value du fait d'habiter, par exemple, à côté d'une station d'épuration, d'une prison, d'une route ou d'une voie de chemin de fer à grande circulation, d'un aéroport, etc.

Bonjour la foire d'empoigne le jour où toutes les communes commenceront à dresser et à chiffrer l'inventaire des retombées collatérales de leurs politiques. 

Mais revenons au transfert imaginé des joyaux de la couronne au canton.

Va pour le Grand Théâtre et la Comédie, dont on peut sans trop de chamaillerie évaluer la valeur des murs, mais à quel prix transférer le MAH, dont Kanaan continue de vouloir bourrer la cour sans donner à l'ouvrage une nouvelle dimension? Que valent les collections des musée genevois? Atteignent-elles la valeur des œuvres cachées au fonds des Ports francs de Genève?  

Mais là n'est pas l'essentiel. La Ville de Genève, avec les autres communes dont c'est la responsabilité, a déjà failli à se doter d'un stade. Elles continuent à faillir à construire un stade de glace ou une nouvelle piscine olympique. Lui enlever le Grand Théâtre et la Comédie voire un musée revient à lui ôter sa raison d'être. 

L'autre solution que réclament les communes si elles devaient payer davantage, c'est d'obtenir un droit de codécision. Mais en fait personne ne semble vraiment vouloir que ça change. Alors que nous sommes à un mois de l'élection des 924 conseillers municipaux du canton, je n'en ai entendu aucun  proposer une solution.

Mes fidèles lecteurs connaissent mon point de vue. Il faut profondément réformer la gouvernance du Canton, abolir les conseils municipaux, ôter aux communes toutes compétences financières et réformer le Grand Conseil en y élisant 70 députés maires à plein temps, élus à la majoritaire dans autant de circonscriptions, et 70 députés au système proportionnel sans quorum. 

Commentaires

  • Pour des raisons historiques, ce sont les villes et pas les cantons qui ont assuré le mécénat culturel dans l'univers germanique (au sens large). En France, c'est l'Etat, central bien sûr. Aucun de ces modèles n'accorde un rôle autre que subsidiaire aux cantons. Or, ce n'est pas en ignorant le poids de l'Histoire qu'on va changer les choses. Bien au contraire, viser le grand chambardement est la meilleure méthode pour maintenir le statu quo. Dans un pays où la modernisation ne s'impose pas à coups de décrets, seule une réforme pragmatique, au pas à pas, est réalisable. Exemple: à Zurich, ville et canton ont fini par se partager la scène: l'opéra au canton, le théâtre à la ville. C'est ce type d'arrangements, au coup par coup, qui pourrait inspirer Genève. Un partage des rôles qui peut et qui doit évoluer, mais pas de partage des responsabilités.

  • c'est la seul solution pour un canton ville sur une surface si étroite.
    Bravo

  • Enfin une idée originale pour une meilleure gestion de nos affaires publiques locales!

    Mais pourquoi vouloir se donner autant de peine alors que la mondialisation, la suppression des frontières et la néantification (annoncée) des États-nations au profit d'un gouvernement mondial unique nous sont présentées comme des planches de salut sans que nous n'ayons besoin de lever le petit doigt pour accéder à cette nouvelle Terre promise ? La Confédération helvétique a déjà cédé au moins 80 % de sa souveraineté à ses bienveillants protecteurs. Au rythme où s'impose le processus accéléré d'intégration à allure d'"Anschluss" à l'UE et aux Maîtres de la Planète, cultivons l'espoir qu'ils nous laisseront user de notre drapeau à croix blanche et de notre hymne national, une fois le Nouvel Ordre Mondial unanimement applaudi:-) Je crains donc que la réforme Mabut ne fasse double emploi:-)

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