The Economist prend souvent le contre-pied des idées reçues, reçues par le monde de la francophonie, dans lequel je baigne, dominé par le discours des intellectuels parisiens, fort brillants mais souvent décollés du plancher des vaches. Dans un article consacré au bébé à trois parents, une news qui a fait le beurre des gazettes outre-Manche cette semaine, The Economist écrit que les bureaucrates (britanniques en l'occurrence) ont parfaitement géré leur affaire. Ce n'est pas tous les jours que le journal libéral félicite la fonction publique.
il est question de la manière exemplaire donc, dont le dossier des bébés à trois parents a été conduit jusqu'au vote positif du Parlement, lequel vote autorise désormais, en quelques rares circonstances, à introduire dans l'ovule de la mère sociale et génétique et porteuse et nourricière etc. les mitochondries saines d'une mère donneuse. Le tout pour le bien du bébé délivré d'une maladie dont sa mère principale est porteuse. Tout cela parce que les mitochondries s'héritent par les mères, puisque le père ne fournit qu'une pelote d'ADN et rien d'autres.
Des bureaucrates utiles, je passe à une autre caste, celle des journalistes.
Rien à voir sauf qu'elle se comporte volontiers comme celle des professeurs qui savent toujours mieux que tout le monde et le font parfois savoir... Les temps changent cependant et le journaliste comme le professeur se trouve devoir affronter de nouveaux concurrents qui surgissent des ordiphones ou des tablettes d'un mouvement du pouce ou du doigt.
L'audience est devenue volage, l'attention distraite, la contestation aisée. La zapping ne frappe pas que la télévision, mais tout journaliste, tout professeur, dont le récit ou le cours devient ennuyeux, l'information lâche ou imprécise ou pire faible ou orientée. Bref, les journalistes seraient bien inspirés de veiller à ce que leur produit corresponde aux attentes du public sans quoi... zap, zap, le public n'est plus là.
Certes, de tout temps, les écoles de journalistes ont enseigné l'art d'écrire pour être lu. Mais cela ne suffit sans doute plus.
Au fond me suis je entendu dire ce matin à quelques collègues: les journalistes sont un peu comme les paysans suisses. Pendant longtemps, Berne leur a dit, produisez, on s'occupe du reste, et quand on a dit aux paysans, désormais il vous faut vendre aussi, ils ne savaient plus, ils en avaient perdu l'art et la pratique. Ainsi sont bon nombre de journalistes.
http://www.economist.com/news/leaders/21642167-britains-approval-babies-three-genetic-parents-offers-lessons-other-countries-oh