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Libération, l'amour, Charlie et le vivre ensemble

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image.jpgJe ne connaissais pas Remo Bodei jusqu'à hier et la lecture d'une chronique dense et fouillée du dernier bouquin traduit en français de ce philosophe italien dans Liberation, que je ne lis que trop rarement faute de temps. La dernière fois c'était jeudi 29 janvier.

Libé a publié ce jour-là un numéro entièrement illustré de caricatures plutôt gentilles, des BD en fait de la ligne claire qu'on peut laisser traîner sur la table du salon, sous ce titre un brin angoissé: "Charlie, où est la relève?" Lourd point d'interrogation. Dans le même numéro, on apprenait que l'équipe rescapée de la tuerie du 5 janvier, un mois déjà qui paraît comme une éternité, ne reprendrait le crayon au mieux qu'à  lami-février et plus vraisemblablement quand le traumatisme serait passé.

Jeudi 5 février, Libé rebondissait sur le mot de Valls, le 20 janvier: "il faut voir la réalité du pays, il y a un apartheid territorial, social, ethnique qui s'est imposé à notre pays." Le mot L'APAR  THEID barre la une du quotidien qui fut celui de l'existentialiste Sartre, avec ce petit, petit indice qu'on lit ensuite Comment l'abolir en France, L'APAR  THEID? Encore un point d'interrogation. Je n'ai point suivi la conférence de presse de Hollande qui devait exquisser la réponse hier.

Vous me voyez venir. La réponse est en partie dans la pensée de ce Rmo Bodei inconnu. Un professeur né à Cagliari, et que de çe fait aurait fu un temps mon compatriote, puisque originaire de Beaumont, ma famille a habité un temps le même royaume de Pimont Sardaigne qui s'étendait des portes de Genève a l'île méditerranéenne...

Remo Bodei, nous dit Robert Maggiori, qui signe un article trop compact de sens et de citations pour être résumé, a, comme d'autres philosophes avant lui, aboutit à Saint Augustin. Il nous invite à "mettre nos pas dans ceux de l'évêque d'Hippone [j'ajoute: en Algérie, alors ni arabe, ni musulmane] (comme l'ont fait Pascal, Bossuet, Hursserl, Jaspers, Bloch, Hannah Arendt, Hans Jonas...), et à sonder encore et toujours ce que le premier il sonda: "les "abysses" de la conscience, du libre arbitre et de la grâce". La grâce qui se dit aussi l'amour. De cet amour qui faisait dire à ce docteur de l'Eglise qu'aimait bien Calvin: "Aime et fait ce qu'il te plaît!"

L'article de Maggiori commence par la métaphore des hérissons chère a Schoppenhauer, les hérissons qui, comme nous, se rapprochent pour avoir chaud mais qui se faisant se piquent. Le vivre ensemble, c'est l'art de marier les contraires. Une question philosophique qui ne concerne pas que les hérissons ou les hommes, note Maggirori qui donne cette liste: "Le soleil et la glace peuvent ils se rapprocher? L'eau et le feu se marier? La foi et la raison, la raison et la passion, la mémoire et l'oubli, les ordres et les désordres, la logique et le désir, la Cité des hommes et la Cité de Dieu, le Moi et le Nous, l'intérêt de chacun et l'intérêt de tous, l'amour et la jalousie, la peur et l'espoir [j'ajoute Charlie et le Prophète], ont-ils une chance, non de se réconcilier, mais au moins de de ne pas se blesser en se rapprochant?"

Qu'en dites-vous?

Commentaires

  • Quoi qu'on dise, l'humanité est une, et il y a réellement le moyen de concilier la moquerie contre les illusions et la vénération des vérités saintes.

  • L'humanité est une, soit, mais il n'en demeure pas moins qu'en cette humanité sont compris les uns, nantis, chanceux éventuels, et les autres... Tant et si bien que les points de vue divergent selon ce que l'on vit et la loi du plus fort n'est pas forcément celle du meilleur.

    Agneau "doux et humble de cœur" lequel bien à l'abri du loup grâce à son "bon berger qui irait le rechercher où qu'il se trouve"! en abattoir voyant dans le main le couteau prêt à faire jaillir son sang comprendra mais un peu tard qui était le "Grand Méchant Loup"!
    Affaire de gain, perte ou profit cet agneau si on ne l'égorge pas encore, en attendant qu'il ait grandi, on le "tondra". Il se sera donc, finalement, fait avoir jusqu'au trognon: Agneau pomme ou "poire"!

  • "Quoi qu'on dise, l'humanité est une" Voilà la plus magnifique expression du fossé entre mystiques et réalistes scientifiques...
    L'humanité n'est pas qu'un concept divin ou philosophique. Elle a aussi une réalité matérielle. Les concepts tordus indéfendables sur le plan de la raison finissent toujours par semer le trouble, les troubles et la désolation.
    L'humanité est multiple au point que l'on doit se battre pour faire reconnaître qu'il y a tout de même des groupes, que le camp du Bien refuse d'appeler "races", et qu'elle n'est pas constituée de 7 milliards d'individus sans la moindre relation entre eux...

  • La vérité existe en soi, les opinions divergentes regardent en fait des parties différentes de la réalité, qui n'est pas uniforme. La moquerie est un état d'esprit qui est lié au sol terrestre, aux forces de pesanteur, et l'élan mystique est un état d'esprit lié aux forces de chaleur qui montent vers le ciel. Or, il serait quand même aberrant de prétendre que le réel ne doit être fait que de l'un de ces deux mouvements, et que l'univers ne peut pas s'accommoder des deux! L'être humain doit prendre ses leçons de l'univers lui-même, et non de ses parents, de ses gourous, de sa nation!

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