Syriza, Podemos, Cinque Stelle, MCG... Ils ne prendront pas tout le pouvoir, mais une part suffisante pour en être. Soit comme leader d'une coalition gouvernementale, soit comme partenaire d'une alliance plus large et plus instable, soit comme vecteur de citoyens apeurés qu'on n'écoute pas. Ce 25 janvier, la Grèce, berceau de la démocratie (dont les femmes, les serfs, esclaves et autres étrangers étaient exclus), donnera vraisemblablement le premier rôle au parti de gauche Syriza.
En Espagne, Podemos a de grandes ambitions dans un pays qui entre dans un marathon électoral avec des régionales, des municipales et des nationales en décembre. En Italie, l'éclat de Cinque Stelle a, semble-t-il, déjà pali. Tous ces mouvements sont très dépendants d'un leader charismatique. Cependant, leur fond commerce, fait de mécontentement, de désillusion, de défiance à l'égard des institutions du jeu démocratique, y compris les médias, demeure.
Pegida en Allemagne en donne un autre exemple. Le mouvement des "Europeens patriotes contre l'islamisation des pays du soleil couchant" http://fr.m.wikipedia.org/wiki/PEGIDA deviendra-t-il un parti? Trop tôt pour le dire. La citoyenne Merkel vien d'être réélue et conduit une grande coalition, dont seule l'Allemagne et la Suisse connaissent le secret de la durabilité. Rien à voir avec la cohabitation à la française.
Et le MCG, que vient-il faire là me direz-vous?
Le MCGE est à Genève ce que Syriza est à la Grèce ou Podemos à l'Espagne. Sauf qu'à Genève, il n'y a pas 25 ou 30 % de chômeurs, que les pauvres ne vivent pas sans eau, sans électricité, sans assurance maladie, dépendant pour survivre de la solidarité des mouvements de solidarité dont celui de Syriza. Ça fait une grosse différence.
Néanmoins, le MCG se nourrit du même fond de mécontentement, de désillusion, de défiance à l'égard des institutions du jeu démocratique, y compris les médias. Il recrutent ses électeurs parmi les gens qui sont déclassés ou ont peur d'être déclassés, sous le quadruple effet des exigences toujours plus grandes posées aux travailleurs par les entreprises, de la technologie, de la concurrence internationale qui frappe bientôt tous les métiers, tous les statuts, et de la pression migratoire.
Les frontières s'effondrent et pas seulement à cause de la libre circulation des personnes.
Désormais l'irruption de l'Internet est généralisée. Le franc s'envole? Il n'y a pas que les Genevois et les Suisses du bord de la frontière qui vont en profiter. Les achats par Internet vont exploser. Et une fois qu'on a tester le magasin en ligne, on n'en aura moins peur et on va y prendre goût.
Autres exemples anodins. Un lecteur de la Tribune, basé en Allemagne, a félicité la rédaction pour sa nouvelle application. Ma voisine, une bonne retraitée pas très geek, a pu lire sa Julie en vacances en la téléchargeant sur la tablette que ses enfants lui ont offerte à Noël. En fait, cela veut dire que les Genevois ont aussi les médias du monde entier au bout des doigts.
On peut dresser des murs! remettre des douaniers aux frontières, rien n'y fera. La pression migratoire et concurrentielle mondialisée restera forte. De quoi alimenter les peurs légitimes des Suisses les plus vulnérables et instiller dans la coeur des partisans de l'ouverture au monde soit l'inquiétude sourde de tomber un jour dans la catégorie des menacés, soit d'opter pour une internationalisation sans citoyenneté.