Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Si les Genevois avaient élu leur président, auraient-ils choisi Longchamp?

Imprimer

segond keystone.jpgOn est bien loin des rêves des radicaux et de l'un de leurs plus illustres représentants, Guy-Olivier Segond. L'ancien président du Conseil d'Etat, à l'époque où la fonction ne durait qu'un an, se tient dans la posture qui sied au sage une fois l’œuvre accomplie.

GOS et ses troupes ont un temps militer pour l'installation à Genève d'un gouverneur, d'un premier ministre, épaulé par une équipe soudée. D'autant plus soudée que les memebres de l'équipe gouvernementale devaient être élus en un seul bloc et non, comme c'est toujours le cas, chacun pour soi. Des rêves de bonne gouvernance qui n'ont pas séduit les constituants.

GOS aurait-il voté Longchamp pour présider le Conseil d'Etat jusqu'au printemps 2018, date de la prochaine échéance électorale? Connaît-il bien le magistrat, dont il contribua à l'ascension politique en le faisant son jeune secrétaire général? François Longchamp, doyen du gouvernement, est sans doute l'homme le plus discret, certains disent secret, du gouvernement. Le nouveau et premier président durable de Genève est très compétent. Mais a-t-il ce plus d'humanité, ce grain de folie qui font des excellents administrateurs de grands hommes d'Etat?

L'avenir nous le dira. Et puis, argumenteront d'autres, Genève n'a pas besoin d'un dictateur éclairé. L'art de gouverner en démocratie directe ne s’accommode pas des coups de gueule, des yaka et des faut qu'on, le citoyen a besoin d'être rassuré et convaincu que chaque pas en avant ou de côté qu'on lui propose vaut d'être fait. L'art de la bonne gouvernance, c'est l'art de négocier la longueur du pas. François Longchamp l'a parfaitement démontré quand, en janvier de cette année, confronté à la bronca des communes contre le plan directeur cantonal, il a retiré le projet, pris son bâton de pèlerin. Huit mois plus tard, le PDCn était adopté par le Grand Conseil.

Reste qu'on s'étonne que le deuxième mieux élu du 10 novembre se soit taillé un département présidentiel sans réelle envergure. Sans doute devait-il quitter l'Urbanisme. Le département réclame une présence de tous les instants et les décisions qu'il prend sont souvent des décisions de détail, qui peuvent paraître arbitraires et qui peuvent avoir un fort impact émotionnel local. Voyez l'affaire Challendin ou celle des Fraisiers. Pas très bon pour demeurer au-dessus de la mêlée.

Mais pourquoi diable François Longchamp n'a-t-il pas pris le Département des finances? C'est le seul qui offre la vue d'ensemble sur tous les autres départements. C'est celui aussi qui se trouve au coeur des plus gros enjeux de la prochaine législature. Il y en a quatre au moins:

  • la fiscalité des entreprises et à la clé la conservation à Genève des multinationales et des dizaines de milliers d'emplois qu'elles offrent directement et indirectement
  • la réforme de la grille salariale de la fonction publique  (SCORE) , un travail de titan, qui mettra au moins la législature à être mis en place. C'est le temps qu'a mis Pascal Broulis à Lausanne qui a lancé le projet en 2008. Et le ministre des finances vaudois avait deux avantages, il avait réalisé l'exercice au sein de la Banque cantonale et était confronté à des syndicats autrement plus accommodants que ceux de Genève.
  • la réforme de la fiscalité communale, notamment le renversement du système qui est fondé aujourd'hui sur l'imposition au lieu de travail vers un système fondé sur le lieu de domicile.
  • la maîtrise et si possible la réduction de la dette publique. Il est illusoire d'espérer une manœuvre à la vaudoise sur ce dossier. Mais ce serait déjà un soulagement pour les générations futures que de fixer comme objectif que la dette ne soit pas plus grosse que le total des revenus de fonctionnement. Actuellement, elle les dépassent de quatre milliards...

Pour savoir comment Broulis s'y est pris on lira mon précédent billet. Serge Dal Busco sera le véritable patron du gouvernement s'il copie Pascal Broulis

Commentaires

  • Ce qui est encore plus surprenant est que M. Longchamp ait pris la présidence d'un système qu'il a décrié comme inapte à résoudre les problèmes posés par un collège hétéroclite.

    C'est de notoriété publique, M. Longchamp ne voulait pas de la nouvelle constitution.

    Mais M. Longchamp n'est pas M. Loyal, c'est un professionnel de la politique. Il est Prince avant tout est florentin en diable. Rien ne pouvait, une fois la nouvelle constitution adoptée, le freiner d'en revêtir le plus illustre des atours, celui de président.

    A defaut de pouvoir endosser celui de gouverneur, il rend ainsi hommage à son père spirituel et mentor politique de tout temps, le très gouvernemental Segond qui, contrairement à son patronyme a toujours caracolé en tête!

  • Oui, peut-être ... mais GOS aurait pris sans aucun doute un 'vrai' département, probablement celui des finances (avec l'économie) pour peser de tout son poids sur les orientations et les choix des autres. F.L. sera peut-être le président que l'on regrettera de n'avoir pas pu choisir (au fait, n'est -ce pas au meilleur élu que revenait le titre officieux de président ?). En découpant ainsi un département insignifiant, quoiqu'il en dise, F.L. donne la (désagréable) impression de vouloir passer un peu plus de 4 ans à attendre sa prochaine retraite. Bien dommage pour tout le monde !

Les commentaires sont fermés.