C'est la faute à Stauffer! Souvenez-vous: le tribun a secoué le cocotier aux SIG (salaire du président, déchets napolitains et financement d'EOS fuisonné depuis dans Alpiq). Il vient d'être condamné pour avoir divulgué un courriel de la régie publique dans son blog.
Le gouvernement s'est donc attelé à réformer (lisez réduire) la composition des conseils d'administration des grandes régies genevoises (TPG, SIG, HUG, Aéroport). Mais, donnant raison à une coalition MCG+Gauche, les Genevois ont renvoyé le paquet à l'expéditeur le 17 juin dernier. Après avoir été prorogés deux fois six mois, les conseils d'administration de grandes régies publiques sont donc en cours de renouvellement.
Michel Balestra, président du CA de l'hôpital, quitte son fauteuil. Or le patron des HUG, Bernard Gruson, qui a lui aussi prolongé son mandat, doit, lui aussi, être remplacé. Double vacance donc alors que les HUG digèrent, non sans peine, le gros morceau de facturation par prestations, introduit au début de l'année.
Premier bug: changer deux têtes à la fois est toujours délicat.
L'hôpital est un mastodonte, où oeuvrent plus de dix mille travailleurs, plutôt bien syndiqués, qui engloutit près 1,7 milliard de francs par an, et où désormais un Genevois sur deux meurt.
Un navire a besoin d'un capitaine. Le processus de sélection du futur Gruson a été clos récemment - celui du futur Balestra est un jeu savant de chaises musicales politiques. Mais le nom de l'heureux élu - personne ne pense à une femme - ne sera connu que le 18 octobre. C'est à cette date que se réunira le nouveau conseil d'administration de l'établissement. D'ici-là, le candidat sélectionné par un comité, présidé par le déménageur PLR Balestra, doit rester secret. C'est le deuxième bug de la saga succession.
L'incertitude est grosse de toutes les rumeurs.
Stauffer a été expulsé du CA des SIG. Il est toujours présent au CA des HUG. Il a donc fait savoir que le candidat n'était pas suisse. On apprend ensuite, par lui encore, que le futur Gruson ne s'installera pas à Genève sans un salaire digne de ses responsabilités. Il n'en fallait pas plus pour que s'allume la polémique. Elle n'est pas prête de s'éteindre. Je crains qu'elle n'emporte le bébé avec l'eau du bain.
Certes, la compétence n'a que faire de la nationalité et, à ce niveau de responsabilité, la rémunération tourne forcément à plusieurs centaines de milliers de francs par an. Dans le contexte politique d'une Genève croupionne, ce sont là deux verges, trop belles pour que Stauffer ne les brandissent pas.
Troisième bug, ne pas avoir ouvert un débat public sur la personnalité qui doit diriger l'hôpital et son niveau de rémunération avant que le leader du MCG ne s'en empare.
D'autant que, dans ses raccourcis, le grand Eric n'a pas tout tort. "A compétences égales, dit-il, j'embauche un Suisse et si les compétences ne sont pas toutes là, je le forme." Facile à dire mais tout de même frappé d'un certain bon sens. Un bon sens qui renvoie à l'impréparation - supposée - de la succession Gruson et peut-être aussi à l'impréparation de la succession Balestra.
Pour ne citer que deux des plus grandes sociétés du monde, Apple et Microsoft, elles ont toutes deux trouvé en leur sein des hommes pour remplacer - et plutôt bien - leurs patrons créateurs charismatiques, Gates et Jobs. Ainsi donc les HUG n'auraient pas été capables de préparer la relève et d'envoyer deux ou trois poulains se faire les dents dans d'autres grands hôpitaux?
Notez que c'est peut-être le cas. Le ou la candidat(e) masqué(e), sans être genevois ou suisse, a peut-être fait ses classes aux HUG avant de rouler sa bosse à l'étranger. Dans ce cas, il faut dévoiler son nom sans tarder.
Car on ne voit pas comment un conseil d'administation nouveau pourrait entériner le choix d'un nouveau patron présenté, même parfaitement, sur un plateau d'argent par le président sortant. Si la polémique s'envenime, le CA n'aura qu'un choix: recommencer le processus de sélection à zéro.