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Passer de la protection civile à la protection civique?

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protection civile logo.PNGAvec son réduit national alpestre et ses caves et bunkers de protection civile, la Suisse est sans doute, avec la Corée du Nord, le pays le mieux "armé" pour défendre sa population contre la guerre. Enfin le croyons-nous. Nous avons englouti des milliards dans des millions de mètres cubes de béton, des centaines de milliers de portes blindées, de filtres à pédale ou à bras, de lits en fer et de garde manger. Et la machine continue de tourner. Les abris sont inspectés, les gonds des portes huilés, les ventilateurs à bras régulièrement testé.

Je lis dans la revue Choisir un article de son rédacteur en chef Albert Longchamp et j'y trouve cette formuel: "La protection civique fournie par l'information professionnelle du journaliste reste et demeurera un service, un garde-fou social, un lieu de mise en perspective, de possibilité d'enquête, de tri vérifié des nouvelles." Question combien la Suisse consacre-t-elle de millions à sa protection civique?

L'enjeu est majeur. Le journaliste n'est plus tout seul sur le marché de l'information. Les communicants, les dir com, les attachés de presse, les porte-parole, les spin doctors, les lobbyistes - peu évoqués par Albert Longchamp dans son papier - sont plus nombreux que les journalistes. Ils inondent le monde de leur communication, de leur messages, des events qui détournent l'attention et distrayent les citoyens. Mais voilà que les citoyens eux-mêmes sont devenus des communicants.

C'est l'objet de l'article du père jésuite de Carouge. Le net et les réseaux sociaux ont désintermédiatisé la société, ouvrant toutes grandes les vannes de l'information "libre", du commentaires anonymes et donc de la manipulation, de la malinformation, voire de la désinformation. Le journaliste n'est plus l'unique "historien du présent", semble regretter le rédacteur en chef de la revue. Désormais chacun est un média.

La société pourrait en souffrir. D'où l'idée de la protection civique, de ce noble métier qui conservera sa raison d'être qui est de trier, de vérifier, de guider les citoyens vers des sources d'information dignes de foi.

Cette semaine, le débat sur la préférence cantonale lancée par le directeur des HUG nous a offert un bel exemple. Les internautes se sont lâchés dans des commentaires parfois limites. Certains colportaient des lieux communs, des informations qu'il aurait fallu vérifier, discuter, confronter à des sources fiables. Un travail de titan ou de bénédictin qui est hors de portée, faute de moyens, de la plupart des rédactions. Que faire? Fermer les commentaires, recommander, comme le Conseil suisse de la presse, de traiter les commentaires comme des lettres de lecteur. Pour l'heure nombre de sites de journaux sous-traitent à des sociétés spécialisées la modération des commentaires. Un pis-aller?

Quand donc la démocratie suisse s'interrogera-t-elle sur sa protection civique? Elle ne coûterait que quelques pour-cents de ce que la Confédération et les cantons - c'est-à-dire chacun d'entre nous - avons investi dans sa protection civile depuis plus de 50 ans, contre une menace qui a aujourd'hui largement disparue. Bref, nous sommes toujours en retard d'une guerre.

La démocratie doit investir dans des dispositifs qui garantissent au public l'accès à la vérité des faits.

Commentaires

  • Comme Champ d'Ollon !!!

  • Je voudrais rappeler qu'une dame de 79 ans a été torturée par des algériens et abandonnée dans une baignoire, miracle elle n'est pas décédée, cela dans notre ville de Genève et ne n'ai vu personne sur les blog TDG n'en parler, serait-ce devenu aussi banal que ça ???

  • Vous voulez dire Corto qu'on a besoin de discuter et commenter longtemps possible ce sujet?

  • Non, c'est juste un fait divers !!!

  • Comme le fait que lorsqu'un gamin se fait poignarder au coeur le 29 février 2012 à Genève, pas même un article dans la TDG !!!

    Faite part, vous êtes très civique !!!!, un peu trop !!!!

  • Corto... il est triste de constater que de tels drames n'éveillent plus rien chez certaines personnes. Quant à journaux, cela passe bien souvent dans les faits divers puis aux oubliettes.

    Antoun Sehnaoui

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