Suis tombé hier sur la dernière édition du journal de l'association internationale des éditeurs de journaux (wan-ifra.org). Papier soyeux pour un sujet qui fait peur à toute la branche, le déboulement des tablettes dans le monde de la presse. En clair, ce ne sont plus les imprimeurs qui détiennent l'outil industriel capitalistique qui fait les journaux (et ce qui va avec: les rédactions et la relation client via l'abonnement), c'est Steve Jobs et son iPad et ses nombreux suiveurs. Aucun n'a été un imprimeur.
Le modèle économique de la presse explose et personne ne sait encore bien par quoi il va être remplacé. Certes le premier quotidien entièrement fabriqué pour l'iPad "The Daily", téléchargeable qu'aux US est encore très loin des 800'000 milles "exemplaires" vendus, but fixé par son papa Murdoch, mais il existe et ses géniteurs, une rédaction d'une centaine de journaliste y croit. A moins que cette flambée retombe en cendres comme a éclaté la première bulle internet.
La semaine dernière, le club des anciens d'HEC Lausanne est passé par la Tribune. Pierre Ruetschi leur a notamment raconté les malheureux premiers pas du Washington Post sur le net: le journal avait construit une nouvelle rédaction dédiée au nouveau média de l'autre côté du Potomac pour quelques centaines de millions de dollars. L'explosion de la bulle a obligé de réduire sérieusement la voilure et de repartir sur un mixe print-web, désormais adopté par la plupart des titres. Chat échaudé craint l'eau froide.
Bild donc. Car la version iPad du journal de boulevard allemand a séduit Mario Garcia. Interrogé par le magazine Wan-ifra, ce gourou de la maquette avoue une certaine déception de The Daily. J'ai donc en deux clics acheté Bild pour voir. Les premières éditions sont gratuits. Je n'ai donc pas engraissé l'ogre Apple, qui prend actuellement 30% sur tous les produits vendus via iTunes... ni l'Etat, qui lui applique une TVA plein pot aux produits ràdactionnels électroniques, alors que, généralement, il accorde un taux réduit à la presse.
Bild donc. Pour tout dire, la première impression est bluffante. C'est interactif en diable, ça s'affiche rapidement. Il y a des galeries photos, des vidéos, des textes qui défilent et s'affichent en incrustation, des infographies. Tout est accessible depuis des pages complètement graphiques. La version iPad du Bild est en fait une succession de premières pages qu'on feuillette captivé, curieux, amusé. Mais assez vite fatigué. Le trop tue. Et on se dit qu'à la longue le doigt sans cesse sollicité ne facilite pas la lecture.
On peut aussi télécharger la version pdf du journal. Mais là c'est la dimension de l'écran qui tue. Encore quelques bonnes années pour le papier?
[Version mise à jour à 15h45]
Commentaires
"En clair, ce ne sont plus les imprimeurs qui détiennent l'outil industriel capitalistique qui fait les journaux (et ce qui va avec: les rédactions et la relation client via l'abonnement), c'est Steeve Jobs et son iPad et ses nombreux suiveurs".
Mon pauvre Mabut msis qi'est-ce qui vous arrive? une résurrection, une épiphanie? Auriez-vous croisé quelque gauchiste sur le chemin d'Emmaus ou est-ce l'angoisse de votre propre finitude qui vous pousserait à la recherche d'une vaine et tardive rédemption ? Mabut... brandir le spectre de l'outil industriel capitalistique... et pourquoi ne pas parler de monopole des moyens de production pendant que vous y êtes ? il est vrai que même pour un vieux réac comme vous, plus porté sur les privilèges corporatistes que sur les droits revendiqués par des syndicats, le capitalisme est moins sexy lorsque l'on en est la future victime. On découvre que Monsieur Steve Jobs n'est pas beaucoup plus fréquentable qu'autre fois Hersant et ses nervis. En tout cas, la sortie du tombeau vous rendrait presque sympathique. Que St-Prepuce vous tienne en sa sainte garde.
Mon cher Anastase, Merci de ce commentaire qui manifeste l'amour que vous me portez. J'en suis tout retourné au point de me languir de vous offrir un verre à votre prochaine convenance, comme on dit. En attendant, je vous invite à lire le requiem de la machine à écrire en ayant une petite pensée pour ses fabricants... http://humoresques.blog.tdg.ch/archive/2011/04/26/requiem-sans-larmes-pour-les-claviers-mecaniques1.html
@Anastase: Qu'apprends-je, que vois-je ? Dédé la gratouille poste à nouveau chez Mabut entre deux bitures ? La Pravda et Siné-Hebdo ont hélas manqué le virage de la dématérialisation du support, mais c'est avec plaisir qu'on se rattrape en venant botter le tien en ces lieux. Tant qu'on y est, pourquoi ne mettrais-tu pas ton Anachronique sur tablette ? Avec ses commentaires bouclés à triple tour et ses vagues relents cagoulards elle ferait très chic clouée au mur entre les portraits de Maurras et Sinet.
En cette période de Fêtes, rends grâce à Mabut d'avoir le courage de maintenir ouverts ses commentaires pour que tu puisses venir y promener ta petite lâcheté à la manière d'un caniche déplumé.
Merci Felix, ou devrais-dire Intron ou Salina ? Bravo pour votre métaphore du caniche déplumé qui dénote une maîtrise de la langue hors du commun. C'est un peu la goutte qui met le feu aux poudres.
Bigre André ! Est-ce l'atmosphère endiablée des pince-fesses bretons ou alors le fait d'avoir vu un de tes indigents articulets charitablement publié dans Libé qui te met dans tous ces états ? Certainement pas ton repêchage miraculeux au Courrier, qui vu sous l'angle du (sous-)développement durable tient à la fois du recyclage des déchets toxiques de la RSR et du retraitement des eaux usées de l'Université de Genève.
Conversation philosophico-théologico-politique avec Hani Ramandan ce matin autour d'un café. Passionnant comme d'habitude.
Et ensuite une bonne sodo !
Quelle face de cul, change de photo !
Conversation philosophico-théologico-politique avec Hani Ramandan ce matin autour d'un café. Passionnant comme d'habitude.
Et ensuite une bonne sodo !
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Et ensuite une bonne sodo !