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Crucifie-le, crucifie-le! Qu'il meure!

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rappaz infrarouge.jpgCrucifie-le, crucifie-le! Qu'il meure! a crié hier soir sur Infrarouge la foule représentée par l'UDC valaisan Jean-Luc Addor et le socialiste valaisan Gaël Bourgeois. Ils refuseront la grâce demain à Bernard Rappaz. Le ministre Jean Studer est sur le même registre. Neuchâtel dont il est le sacristain et en avait la mine a même voté une loi pour s'en laver les mains.

Mais vais-je crucifier votre Roi? « Nous n'avons pas d'autre roi que le Tribunal fédéral. » ont répondu le jeune Nanternod et le vieux ministre Ruey tous deux radical qui plaide pour l'alimentation forcée du condamné, une sorte de flagellation durable.

Dans ce procès antique, conduit en direct sur l'écran cathodique, le seul à clamer la miséricorde était le médecin Rielle, également valaisan et nourri, comme il l'a rappelé, à la mamelle catholique. Mais le conseiller national n'était soutenu - je n'ai vu que la dernière demi-heure de l'émission - que par deux larrons: une ancienne multirécidiviste qui a bénéficié d'une suspension* remise de peine suite à une grève de la faim, Manuella Crettaz, et Aba Neeman, dont la parole est sujette à caution car il est l'avocat de Rappaz.

Personne n'a parlé de l'amnistie fiscale en cours, de la remise de peine dont vient de bénéficier Céclie B...

La messe est dite. Le chanvrier, dont on a appris qu'il devenait aveugle, est mort. La démocratie suisse qui s'apprête à bannir automatiquement les criminels étrangers n'en est plus à une infamie près.

* Complément ajouté à 15h35: Merci à CEDH qui, en bon juriste, précise que Mme Crettaz est en effet au bénéfice d'une suspension de peine et non une remise de peine, que Cécile B a purgé 2/3 de sa peine et que l'amnistie fiscale n'est pas une grâce mais une mesure législative. Sur ce point, la grâce elle aussi est votée par le législateur et si la fraude fiscale n'est pas un crime en Suisse, c'est justement discutable.

Certes reste que dans le cas de Rappaz, la question sous-jacente est celle de l'interdiction de cultiver du chanvre à haute teneur en THC. Et que sur ce plan la prohibition finira bien par tomber. La mort d'un homme, même condamné justement en regard du droit actuel, reste un scandale.

Commentaires

  • Mon très cher Mabut,

    Il est vrai qu'il doit se sentir bien seul dans son chantage qu'on voudrait nous faire passer pour un combat. Mais, qu'auriez-vous écrit ce matin si, tous, émus, avaient défendu ce rebelle à tout ce qui fait l'état de droit dans ce pays? L'amnistie fiscale est une hérésie tout autant que la compassion qu'on pourrait avoir face au refus d'un citoyen de purger une peine que les autres justiciables doivent accepter et comprendraient à sa place.

    Le droit est le droit. Ce Monsieur n'a, en ce qui le concerne, aucune circonstance atténuante dans l'affaire ayant conduit à sa condamnation. C'est ce malaise qui était d'ailleurs perceptible hier. Ses seuls défenseurs se sont bien gardés de parler de son cas en particulier et de sa personnalité. Ils ont défendu des principes moraux qui devraient prendre le pas sur le droit au nom d'une humanité qu'eux-mêmes avaient du mal à justifier dans le cas présent. La mise en avant d'une resquilleuse fière de son tour de passe-passe au chantage (utilisation d'un article sur la nécessité de soins en prison, détournée en créant elle-même ce besoin par sa grève) n'était, de ce point de vu, pas heureuse pour servir la défense d'un personnage qui procède de la même stratégie. Certains se suicident en prison suite à des erreurs judiciaires qui sont reconnues par la suite: ces cas me semblent typiquement beaucoup plus légitimes et inquiétants que la démarche d'un individu reconnu et confirmé comme coupable par les plus hautes instances du pays. Celui-ci n'a cessé par son attitude de démontrer son mépris pour la justice et le droit depuis des années. Sa liberté est de sa responsabilité.

  • Cette façon de représenter la chose est saisissante et convaincante. Merci.

  • mais c'est n'importe quoi ! le monde à l'envers Bernard Rappaz est un malade, doublé d'un malade mental pourquoi dépenser tant d'énergie en vers ce personnage inintéressant et que penser des autres détenus qui eux purgent leur peine sans broncher il devraient tous s' y mettre non??
    un casse pour payer ses factures je vais y penser c'est formidable !

  • mais c'est n'importe quoi ! le monde à l'envers Bernard Rappaz est un malade, doublé d'un malade mental pourquoi dépenser tant d'énergie en vers ce personnage inintéressant et que penser des autres détenus qui eux purgent leur peine sans broncher il devraient tous s' y mettre non??
    un casse pour payer ses factures je vais y penser c'est formidable !

  • @ Monsieur Antoine Orsini

    Pour tenter de justifier l'innommable, vous invoquez que le droit est le droit !

    Votre avis reflète malheureusement celui d'un très grand nombre de personnes en Suisse.

    Dans le cadre de référence qui m'a été inculqué au fil des ans; dans mon enfance, au cours de ma scolarité, dans mes études, notamment en suivant divers cours de droit dans le cadre de ma formation de spécialiste en finance et en comptabilité, de contrôleur de gestion, j'ai appris que l'on avait des droits et des devoirs, lesquels étaient prévus par les très nombreuses lois en vigueur en Suisse, par la Constitution genevoise, par la Constitution fédérale, ainsi que par les traités internationaux et par la Cour Européenne des droits de l'homme.

    Comme j'ai été naïf !

    En effet, il a fallu que j'arrive à la cinquantaine pour m'apercevoir qu'en fait, en Suisse (et certainement dans tous les autres pays) la loi n'est pas la même pour tout le monde. Les autorités étatiques et judiciaires de notre pays sont noyautées par la politique. Il y a des passe-droits et des copinages.

    Lorsque, certain de votre bon droit, vous avez l'outrecuidance de contester la décision d'une juridiction, lors de la prochaine cause vous concernant qu'elle aura à juger, la même juridiction tentera de vous broyer, "de vous faire passer le goût du pain", en vous déboutant et en vous condamnant à des émoluments de justice prohibitifs, alors même que vous avez raison. Est-ce cela qu'on appelle la Justice ?

    C'est probablement pour cela que je n'aime pas les réseaux sociaux, les clubs fermés tels que le Rotary. En effet, alors que le but annoncé par ce club est la valorisation d'une haute éthique civique et professionnelle et le développement de programmes dédiés à l'intérêt général, en fait, un trop grand nombre de ses membres utilisent cette structure pour se faire des relations, pour remplir leur carnet d'adresses dans le but inavoué de décrocher des mandats, d'obtenir des marchés, et, le cas échéant, obtenir des passe-droits, faire pression sur quelqu'un et même parfois pour obtenir des avantages illicites. Quelle belle élite !

    J'affirme qu'en Suisse les autorités étatiques et judiciaires n'appliquent pas équitablement le droit.

    Il faut se rendre à l'évidence, en Suisse il y a une justice à deux vitesse.

    J'espère pour vous que vous ne serez jamais amené à vous défendre dans le cadre d'une cause pouvant remettre en question d'importants intérêts du Pays car, comme les autres, vous serez littéralement broyé par les mêmes instances judiciaires que vous défendiez bec et ongles.

    Monsieur Jean-François Mabut, j'adhère tout à fait au contenu de votre note.

    Frédéric Vahlé

  • Ni un héros, ni un saint, Bernard Rappaz est un enfant capricieux. Par sa grève de la faim pour une cause ridicule, il prend en otage l'appareil politique, judiciaire de ce pays. Que cherche-t-il? De l'attention, de la reconnaissance de tout le monde, comme un petit garçon qui n'a pas reçu son jouet.

    Même s'il lasse avec son action irraisonnable, Bernard Rappaz ne mérite pas de mourir. Si une bonne claque ne peut suffire à lui remettre les idées en place, la sagesse des autorités étatiques et judiciaires entre en jeu.
    Un geste que chaque parent déboussolé face à un enfant difficile (là il s'agit d'un vieil enfant) n'a pas manqué de faire.

    Ainsi, tous les égos mis de côté, l'histoire sera vite oubliée. Dans ce monde ici-bas, il y a des choses plus urgentes et plus capitales.

  • Monsieur Mabut,

    Votre contribution, une fois n'est pas coutume, est décevante.

    La multirécidiviste en escroquerie n'a pas subi une remise de peine mais est au bénéfice d'une suspension de peine.

    Celile B. a bénéficié d'une libération conditionnelle après avoir exécuté les 2/3 de sa peine. Rappaz était, et j'espère est, candidat à telle mesure comme la plupart de ceux qui sont condamnés à exécuter une peine de prison.

    L'amnistie fiscale, qui ne porte pas sur de la réclusion criminelle mais sur des amendes, n'est pas une grâce mais une mesure générale décidée par le législateur. En matière de stupéfiant le législateur suprême qu'est le peuple a décidé en 2008 de renforcer la Loi sur les stupéfiants et de s'opposer à la libéralisation. Dans les deux cas il s'agit de démocratie.

    Quant à l'analogie entre Jésus-Christ et Rappaz elle est, que l'on soit croyant ou non, ... étrange.

  • J’ai regardé l’émission de la TSR. L’appel de M. Rielle au bon sentiment valaisan est pathétique. Or, je pense, personnellement, qu’il ne faut pas laisser mourir M. Rappaz. Il faut nourrir de force M. Rappaz. A l’appui de cette conclusion, deux dimensions dont on n’a pas parlé. Ces questions sont d’ordre philosophique et non pas sentimental ni affectif :

    1. Entretient-on avec sa propre vie un rapport d’appartenance ? Notre vie nous appartient-elle au même tire que m’appartient ce clavier qui est là devant moi ? Puis-je en user à ma seule guise ?
    2. Lorsqu’on est en prison, on est privé de certaines libertés. N’est-on pas également privé de la liberté de disposer librement de sa propre vie ? Le principe évoqué par les médecins pour respecter la volonté d’un homme libre qui ne veut pas qu’on le nourrisse est-il le même lorsqu’il s’agit d’un prisonnier ? Jusqu’où la privation de liberté en prison va-t-elle ?

    Je trouve dommage qu’on n’ait pas exploré ces deux pistes au lieu de laisser Madame Crettaz dire que son cas est le même que celui dont on parle et que tous les hommes n’ont pas la même faculté de mener à terme une grève de la faim.

  • Bonjour. Pour Rappaz, c'est râpé. Vilain jeux de mots, vilaine ambiance, peuple qui suinte sa haine pour un mauvais gladiateur de notre cirque médiatique. César a jugé. César a regardé autour de lui la foule. La foule, dans sa grande majorité n'a soit pas bronché, soit baissé le pouce vers la terre. César a donc déclaré que Rappaz pouvait mourir dans son cirque médiatique. Il aurait fallu des manifestations publiques, des banderoles mentionnant "free Rappaz" comme dans les pays où on demande la liberté pour un ou une combattante politique. Ce n'est pas du tout le cas ici. Peu de monde se mobilise à part quelques intellos ou artistes conscient des dangers de cette mise à mort publique.

    Il y aura peu de larmes versées le jour ou Rappaz partira. Mais combien d'entre nous auront compris que dans un pays dit libre, on ne peut pas laisser mourir ainsi un homme qui avait soif de justice, d'une autre justice, pas de celle qui donne carte blanche à des Ospel et qui jette un chanvrier dans la géhenne publique. C'est cette justice ambivalente, voir indécente, que Rappaz rejette. Personne ne l'écoute. Adieu Bernard. A moins que tu décides enfin de faire le choix de la vie pour ta fille. A toi seul désormais appartient la réponse.

  • Je n'ai lu dans ce billet aucune allusion à la technique appliquée en Angleterre dite du chat et de la souris. Tout le monde en a parlé, de la radio à la télé en passant par la presse, je ne la décrirai pas. Mais c'est étonnant que personne n'aborde la seule solution possible...

    Jean Romain@ J'espère que vous n'avez pas raté l'édito de Marc Bonnant du Matin dimanche du 7/11 ?
    "Le suicide est une grandeur. Rarement une lâcheté. Ce n'est pas être pusillanime que de constater que Dieu, la nature, le malheur sont des ennemis invincibles et qu'il n'y a donc de victoire possible que dans la retraite.
    Les Anciens le savaient. Les monothéismes s'en sont pris à cette dignité de l'homme qui dispute à Dieu une parcelle de sa puissance. Nos temps modernes me semblaient avoir consacré à nouveau ce droit, celui de disposer de soi-même. Et Camus de rappeler qu'il y a un seul problème philosophique sérieux, celui de la mort volontaire"

    Marc Bonnant m'a apppris que j'étais camusien. Cela ne va pas changer grand'chose pour moi.
    Mais peut-être pour vous quand vous y serez vraiment confronté...

  • Purée, quelle mise en page...

  • "Ses seuls défenseurs se sont bien gardés de parler de son cas en particulier et de sa personnalité."

    Badinter a fait de même lors du procès de Patrick Henry!


    "La multirécidiviste en escroquerie n'a pas subi une remise de peine mais (...)

    Les vendeurs de drogue multirécidivistes sont, eux, relâchés dans la nature à chaque arrestation, de même que les malfrats ou alors une peine à faire sourire un gamin. Et ne parlons pas du procès mascarade de Cécile B qui n'a eu qu'une peine de 8 ans et demi pour avoir tué son amant froidement de trois balles dans la tête alors qu'il était sans défense, puisque ligotté, assis dans une chaise et n'a purgé que le 2/3 de sa peine.... Bernard Rappaz a été condamné, lui, à plus de cinq ans pour des "crimeS" qu'on voit commis assez fréquemment dans les faits divers. C'est cette lourde peine que B Rappaz conteste, pas d'être emprisonné! C'est là que Je rejoins le point de vue de Monsieur Mabut.


    En revanche, ce que je reproche à B.Rappaz, c'est qu' à sa sortie de prison, lors d'une interview pour la TSR, il s'est vanté de la manière dont il s'est arrangé pour passer son jeûne sans dégâts.... boire son urine, pallie à tout manquement alimentaire et donne des forces, a-t-il dit entre autres....et avec un grand sourire. J'ai pensé: (et sûrement pas été la seule) " Quel comédien! Il s'est bien fichu du monde et de la Justice!!"

    Patoucha - Vous connaissez mon identité:)

  • NB: Monsieur Mabut, la vidéo ne "répond" pas! La page est gelée?!

  • Monsieur Mabut, un petit "trackback"? (nous ne savons pas exactement de quoi il s'agit, en fait, désolé)avec votre honorable billet?
    Sinon un lien...
    http://letrioinfernal.blog.24heures.ch/archive/2010/11/18/gibier-de-potence-et-corde-non-chanvriere.html
    et en-dessous
    http://letrioinfernal.blog.24heures.ch/archive/2010/11/17/de-quoi-on-cause-a-la-finale.html
    Bien à vous.

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