UBS, Libye, Europe, sécurité. Quatre dossiers dans lesquels les conseillers fédéraux ont "merdé", disent les parlementaires relayés par des médias qui n'en demandent pas tant. Et pourtant aucune démission n'est en vue. La lucarne de vendredi qui devait voir Merz quitter le gouvernement est restée fermée. Calmy-Rey et Maurer, qui ont imaginé exfiltrer les otages à la barbe du machiavélique dictateur de Tripoli, sans en parler à leurs collègues, traversent la tempête presque sereinement. Le doyen du collège, Moritz Leuenberger, ira jusqu'au bout de son mandat en automne 2011.
Réforme du gouvernement? A quoi bon! Contrairement à la formule d'un soldat vaudois au service étranger, que Delamuraz aimait citer: "quand je me contemple, je me contente, quand je me compare, je m'effraie", la Suisse n'a pas à rougir de sa gouvernance. Qui fait mieux?
Pas la France, dont le président bling bling ne résonne plus. Pas l'Allemagne, où Merkel entame une deuxième législature chahutée. Pas l'Espgne, pas l'Italie, pas la Grande-Bretagne. Pas même le coeur de l'empire, les Etats-Unis, dont le président métis affronte des élections à demi-mandat périlleuses.
Certes ce n'est pas agréable de laver son linge sale en public, mais c'est mieux que de s'asseoir sur le couvercle en attendant que la pression le fasse exploser. Les mises au point au sein et en dehors du Conseil fédéral agissent comme une catharsis collective. Ce pays garde en mémoire cette parole: que celui qui n'a pas pêché jette la première pierre. Tous quittèrent la place, note l'évangéliste, à commencer par les plus vieux.
Personne ne peut affirmer qu'une autre forme gouvernance aurait fait mieux. Pourtant il faudra bien trouver le moyen d'alléger l'agenda de nos sept ministres.
Chacun devrait pouvoir désigner de deux à quatre secrétaires d'Etat, auquel il devrait pouvoir déléguer la conduite de certaines politiques. Ces secrétaires d'Etat répondraient non pas au Conseil fédéral, mais à celui qui les a nommés. Le temps gagné par les conseillers fédéraux dans la conduite opérationnelle des affaires devrait leur permettre de discuter plus souvent ensemble des choix stratégiques du gouvernement et de forger des majorités solides au parlement.
Leuenberger, qui à sa façon est un sage, l'explicite parfaitement dans son dernier billet publié sur son blog. La délégation et la confiance dans ses collaborateurs sont la clé d'une bonne gouvernance. Cependant, n'en déplaise au pasteur de Zurich, le nombre de nouilles sur la casquette n'est pas sans importance. "Peu importe que le suppléant ait le titre de secrétaire général ou de secrétaire d'Etat", écrit le chef du DETEC. Je ne le crois pas. Face aux médias et à l'étranger, il vaut mieux pouvoir brandir une carte de visite où figure le titre de "ministre délégué à" que secrétaire général ou secrétaire d'Etat. L'habit ne fait pas le moine, mais il y contribue.
A noter que le ministre n'a rien publié sur son blog depuis le 26 mars. Silence radio sur l'affaire Kadhafi. Une sage retenu sans doute.
A noter aussi cette note de Xavier Comtesse à propos du traitement des dossiers politiques: une révolution lente à la pax americana qui transforme notre culture aussi sûrement que Coca Cola ou la rockmania.