Pascal Décaillet a invité ce matin sur Radio Cité une brochette de jeunes politiciens... Grande diversité, grande vacuité politique. Normal. Les questions du maître d'école, qui coupe sans arrêt la parole à ses interlocuteurs, brassent un thème éculé: est-ce que la jeunesse est un atout? Ne s'engage-t-on pas en politique, parce qu'on a des idées, des envies, des ambitions pour soi et pour la société. Par les hasards des amitiés aussi.
"La Suisse marche au paiement de galons", dit le conseiller municipal Adrien Genecand, brûler les étapes, c'est risquer de se brûler les ailes."
Le socialiste Romain de Sainte Marie parvient un court instant à recentrer le débat sur l'action, mais sans réussir encore à cibler un projet précis: "On ose taper là où ça fait mal, faire des coups. C'est plus visible dans les partis de gauche qu'à droite où l'on est davantage carriériste." La députée Aurélie Gavillet abonde. PAscal Décaillet dérape:
- Vous avez voté Longet?
- Non, je n'étais pas au congrès de samedi, j'aurais voté Velasco. On entend le sourire béat de l'animateur, qui s'en prend à au président des Jeunes socialistes Romain de Sainte-Marie, qui a, lui, voté Longet, le coupe dans son argumentation, l'accuse d'avoir un discours de vieux, d'apparatchik.
Vite une autre victime...
- Guillaume Sauty, au fond les jeunesses MCG c'est un singleton, demande le journaliste qui se souvient de la théorie des ensembles? Sauty esquive sans avoir le temps de dire quoi que ce soit. C'est déjà la fin de l'émission.
- En dix secondes, quel est votre projet pour les quatre ans à venir?
Aurélie Gavillet balbutie, Romain de Sainte Marie réussit - bravo! - à citer l'action phare des jeunes socialistes l'initiative 1/12 sans avoir le temps de dire de quoi il s'agit. [Elle veut limiter l'écart des salaires en Suisse: le salaire le plus élevé ne doit pas dépasser 12 fois le plus bas]
- Votre projet lieutenant Genecand?
- Renforcer les cours d'éducation civique à l'école. Ah... un thème jeune enfin. Guillaume Sauty est entièrement d'accord. Le constituant vert Florian Irminger est plus aguerri Il a fait ses classes dans le monde associatif notamment à Stop Suicide. Il espère gagner l'initiative sur les armes et faire passer la nouvelle constitution. Le jeune libéral Célian Hirsch d'accord avec Genecand. Caroline Gaillard "s'investira pour soutenir ceux qui me le demanderont et ne serai pas candidate au Conseil municipal". Soutiendrez-vous Nathalie Fontanet, lâche perfide l'animateur qui cite un SMS de la libérale signalant qu'elle n'est pas candidate: "Elle ne me l'a pas encore demandé."
Le prétextes de cette partie de punching ball radiophonique, dont ni les jeunes ni la politique ni le journalisme ne sont sortis gagnants? Le travail de maturité de Célia Hirsch intitulée "Les jeunes et la politique". et qu'il a posté hier sur son blog Tribune genevedemain.blog.tdg.ch. Il s'agit d'un petit tour d'horizon qualitatif sur ce qui motive les jeunes politiciens à Genève. Un bon travail de maturité qui a obtenu la note 6 au CEC Madame de Staël.
"Les thèmes qui intéressent les jeunes sont difficiles à cer4ner, conclut, page 20, le jeune libéral de Troinex, dont la famille compte de nombreux politiciens, dont deux constituants, car ils sont souvent proches de ceux du parti dans lequel ils sont engagés." Une belle tautologie qui explique sans doute pourquoi il n'y a pas de parti de jeunes indépendant.
Il y a en revanche des jeunesses de parti. Elles sont plutôt actives à Genève. Deux d'entre elles ont défrayé la chronique récemment: les jeunes socialistes qui ont lancé l'initiative 1/12 et animent un excellent site internet et une groupe sur Facebook et sur Twitter et les jeunes libéraux et radicaux qui se sont mariés voulant montrer la voie royale à leurs parents respectifs.
Pourquoi les jeunes ne se présentent-ils pas en tant que parti aux élections? Pour trois raisons:
- sous nos latitudes, les jeunes ne sont pas un lobby suffisamment puissant et uni autour de thèmes qui les concernent,
- les partis en place sont suffisamment soucieux de leur pérennité pour accueillir des jeunes sur leur liste,
- le quorum rendrait suicidaire la présence d'une liste de jeunes (sauf pour le Conseil national).
Sur ce dernier point les constituants genevois, en voyage d'étude récemment à Bâle, ont appris qu'une révision était à l'étude afin de permettre la présence lors de l'élection du Grand Conseil de Bâle-Ville (qui fonctionne également comme conseil municipal de la cité Etat) de listes de jeunes. L'astuce consisterait à éviter que les suffrages qui ont choisi ces listes ne soient perdus et continuent d'être comptés au nombre des suffrages du partis apparentés.
Une bonne idée pour Genève?! Qu'en pensent les constituants Laurent Hirsch et Béatrice Luscher et les autres?
Cela dit il n'y a pas que Pascal qui étripe les jeunes, il y a aussi Vigousse. Dans livraison de vendredi, le petit satirique romand s'en prend à Brélaz junior. Pas gentil gentil de se moquer des handicapés de la langue! [cliquer sur l'image pour l'agrandir]
Commentaires
Comme vous le relevez dans l'article, excellant travail de la part de Célian que je suggère à tous vos lecteurs. Et pour ce débat à la radio, j'aurais souhaité un débat plus ciblé sur un sujet plutôt que de parler des différences qui nous opposent.
Merci pour cet article M. Mabut qui, à votre habitude, est des plus intéressants.
Votre appréciation sur l'attitude de l'animateur des grandes surfaces politiques est très pertinente. Je vais écouter le podcast de ce matin et lire le travail de Célian Hirsch.
Reste à savoir pourquoi tant de politiciens-nes se précipitent si tôt le matin ou le soir en zone commerciale pour servir de faire-valoir ou jouer les caniches sur fond rouge.
Je reconnais pourtant que parfois j'entends des informations ou des prises de position intéressantes (adjectif convenu).
p.l.
Que faire ? Supprimons le quorum !
POur ce faire signez et faites signer la proposition constitutionnelle collective, disponible sur le lien ci-dessous
http://geneve.blog.tdg.ch/archive/2010/03/04/grand-conseil-quorum-maintenu-a-7-que-faire.html
Le "paiement de galon" ou la méritocratie sont des principes dignent d'un élevage canin...
S'impliquer en politique n'est pas un privilège, mais un droit, corollaire de notre statut de citoyens libres, indépendants et responsables. Ceux qui ne le comprennent pas sont directement responsables de l'asphyxie et du vieillissement de nos partis politiques.
De grâce! Ne laissons pas d'autres dessiner un avenir que nous seuls vivrons.
Effectivement cette partie de punching ball ne nous pas laissé beaucoup de temps pour avancer des idées. Pour ma part, le combat contre l'abstentionnisme chez les jeunes sera une des priorités sur ces prochaines années. Redonner une place au débat politique à l'école serait une bonne façon d'y arriver, qu'en pensez-vous?
Mme Perrella, vos propos m'interloquent..
Pour moi s'impliquer en politique relève plus du devoir que du droit!
Vous êtes une excellente illustration de mon premier paragraphe et je comprends que cela ne vous plaise pas! Mais comparer cela à de l'élevage canin??
Bien cordialement,