Trois, deux, un. Il est 20h, le rose s'affiche sur les écrans des télévision et sur les sites internet (la carte est celle du Monde). Seule une une petite tache bleue subsiste, l'Alsace, autrefois bastion démocrate-chrétien. Martine rit. Nicolas n'a pas dit son dernier mot.
N'empêche, les régionaux de la "majorité" présidenttielle" - et pas qu'eux puisqu'aucun des 20 ministres envoyés au feu n'a pu renverser la vapeur - doivent la trouver saumâtre d'être relégués dans l'opposition, sans guère d'espoir de peser sur les scrutins à venir. Et pour les ministres avec la crainte demain d'être remerciés. Car le système français a beau être qualifié de proportionnel, il assure une prime au vainqueur telle que ce dernier détient au soir du scrutin la majorité absolue des sièges dans les parlements. De quoi gouverner tranquillement.
Quant au petites listes, elles ne doivent leur salut que dans la fusion de coalitions verrouillées par les appareils de parti. Les Français n'ont pas le loisir comme les Suises de biffer et de panacher les listes que les partis négocient. Autant dire que les élus doivent faire allégeance au leader, au risque sinon de se retrouver en position inéligible à la prochaine occasion.
Seul le FN a donc pu résister dans plusieurs départements, le MoDem de Bayrou ne sauve sa tête qu'en Acquitaine, les Verts ne s'affichent dans une relative indépendance qu'en Bretagne, la Fédération de gauche dans le Limousin. C'est tout. C'est beau la démocratie à la française!
Chacun y va de son commentaire. En boucle. Comment s'étonner qu'un Français sur deux (sans compter les non-inscrits) boude les urnes.
Les Français savent aussi que leurs régions n'ont guère de pouvoir et que Sarkozy est en train d'en réduire le nombre de 22 à 15, mais n'envisage plus guère de supprimer l'échelon des départements comme il en avait l'intention au départ de la réforme des collectivités locales, ce qui n'aurait pas encore donné aux régions française le poids des Länders allemands ou des cantons suisses.
Dans l'hexagone, les régions restent des nains politiques et administratifs. Un seul chiffre pour étayer ce jugement: le budget de Rhône-Alpes, la deuxième région de France, atteint, selon Le Figaro qui a publié pour chacune des 22 régions une analyse préélectorale, 2,4 milliards d'euros, soit la moitié environ du budget du seul canton de Genève, alors que la superficie de la région du président Queyranne est quasi égale à celle de la Suisse (43'000 km2) et sa population un peu inférieure avec 6 millions d'habitants (source Wikipedia)
Commentaires
Certes, les budgets ne sont pas lourds. Il n'en reste pas moins que cette élection montre :
1) que les français sont plutôt de gauche
2) que nombreux sont ceux qui en ont marre d'une France en crise depuis des décennies. Ils s'abstiennent donc car ils savent très bien que ni la gauche ni la droite n'a de solution
3) que l'extrême droite se redresse et qu'elle fait le jeu de la gauche.
Cette élection, bien que sans grands effets sur la politique, n'en est pas moins un test pour les prochaines échéances car le bon peuple (généralement peu instruit) a tendance à écouter ceux qui parlent fort et promettent. Il est à gager que si la crise perdure, la France se réveillera socialiste en 2012.
Sarkozy a gagné grâce à Jospin (qui ne savait pas communiquer et était flanqué d'un parti en déliquescence) et grâce à Le Pen qui a fait peur à tous les indécis.
En 2012 il n'y aura plus de Jospin et Le Pen ne fait déjà plus tellement peur à cause de la montée de l'intégrisme musulman.
Et l'UE est d'ailleurs dans la même pannade. Plus un seul pays ne respecte les clauses du traité de Maastricht. L'Euro s'effondre, la Grèce est à l'agonie, l'Espagne guère mieux, Berlusconi cherche des sous, l'Islande est sous perfusion. Mais ça, les français s'en foutent. Ils veulent plus, encore plus, toujours plus. A quand les 25 heures ?
Donc je pense que la remontée de la gauche comme celle de l'extrême droite à ces élections ne sont pas anodines et dépassent beaucoup plus le domaine des compétences régionales.
Les Français sont pour le"tout-à-l'état" et surtout la majorité souhaite que rien ne bouge, ni les acquis sociaux (l'Etat social), ni les rentes de situation (statu quo). La gouvernance en France ne connaît pas le "multistaheholder" ou le fait de travailler avec toutes les parties prenantes de la société civile (Sarkozy a essayé de prendre des personnalités d'autres partis mais c'est un demi-échec). La France reste dans la pratique politique bipolaire et bilatérale. Donc gauche, droite, un pas en avant, un pas en arrière, voilà à quoi sont confrontés les progressistes minoritaires qui veulent le changement en France.