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Tutti frutti aoûtien 1: Carouge n'est pas une ville italienne

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camogli.jpgCarouge est une ville italienne. Et bien pas du tout! Je reviens de quelques jours passés sur la côte ligure, où d'habiles peintres en bâtiment sont passés maîtres dans l'art de la décoration de façade et des trompe-l'oeil. Des volets clos ou mi-clos, des chats interrogateurs figés comme des ports de fleurs. Pendant la guerre, le pont ferroviaire de Zoagli, rapporte l'hebdomadaire Il Levanto, qui comme ses confrères puisent dans l'histoire de quoi remplir ses éditions estivales, avait même été entièrement camouflé par des peintures de maisons entières.

Carouge n'a, à ma connaissance, pas de trompe-l'oeil. Poussin, un de ses enfants, en avait peint un fameux au déboucher du pont de Saint-Georges. Hélas il n'a pas résisté au temps. Carouge n'a pas non plus ce qui caractérise le moindre des villages italiens: la hauteur des immeubles et l'étroitesse des rues. [Encore que, s'agissant de la hauteur, le quartier des tours de Carouge soit plutôt une réussite.] Bref les villes et villages italiens connaissent une densité d'habitation qui en fait des modèles d'écoquartier, en terme d'énergie et de mobilité et des chaudrons culturels.

Je sais, Carouge est une ville nouvelle qui justement devait contraster avec ces villes où le ciel est réduit à un mince filet bleu ou blanc, parfois bouché par les lessives pendues sur des cordes à va et vient. N'empêche! Genève qui exporte depuis trop longtemps ses habitants en France voisine dans des banlieues informes et dispersées et tentent, via le projet d'agglomération franco-valdo-genevois, de gouverner ce développement anarchique en regroupant les immeubles le long de lignes de tram transnationales, ferait bien de réfléchir à nouveau à la densité de son bâti.

Construire la ville en ville, c'est le premier des commandements dans le Décalogue des urbanistes durables. Le chapitre Habiter de la formidable brochure MetroBasel, que j'ai commencé à présenter dans le blog Métropole Genève (ici et ) et dont je recommande la lecture attentive aux Genevois qui perdent leur latin à suivre les débats sur l'urbanisme local, cette broduche - une BD de 300 pages fouillées -  propose de densifier Bâle.

Le deuxième commandement est de construire des logements dans des environnements agréabes, le long des grands cours d'eau par exemple. Là encore le plan d'urbanisme que nous propose le projet d'agglo franco-valdo-genevois paraît à rebours du bon sens bâlois.

Densifier la ville, un rêve à l'heure où les Genevois paraissent plus que jamais adeptes de la croissance zéro voire pour certains de la décroissance? Sans doute! Un rêve qui devrait en tout cas devenir directeur dans l'urbanisation du PAV. Et pour cela, il faut commencer par repenser le losage pont de Saint-Georges-Bachet de Pesay sans la gare de la Praille et selon un modèle de gouvernance innovant.

Commentaires

  • M. Mabut, la proximité des bâtiments est faite pour créer de l'ombre en pays chaud. Carouge n'est pas dans une telle nécessité. Mais Carouge a dépendu administrativement de Chambéry, dont la cathédrale, autrefois dédiée à saint François d'Assise (aujourd'hui, saint François de Sales), contient des décorations en trompe-l'oeil assez uniques. Stendhal remarquait que les arcades qui ornent les villes savoyardes (destinées également à protéger des intempéries) rattachaient architecturalement la Savoie à l'Italie. On ne trouve pas beaucoup de ces arcades à Carouge, mais le fait est que Carouge a été construite par des architectes piémontais. Il ne faut en ce cas pas tant copmparer avec une ville ligure, qui n'a jamais pu dépendre de Turin, qu'avec une ville piémontaise. Les cités construites en Corse par les Génois ont bien des bâtiments extrêmement rapprochés les uns des autres. L'Italie n'est pas uniforme.

  • Bien sûr que Carouge n'est pas une ville Italienne, car quand elle a été construite l'Italie n'existait pas.
    L'importance est que le Roi de Sardaigne (car il fallait possédé la Sardaigne pour être Roi) a décidé de faire autre chose que les villes existantes dans son Royaume.
    Il a créé une ville qui n'avait rien à voir avec les autres. Il a décidé avec ses architectes piémontais de penser autre chose.
    Courageux et exemplaire.
    Alors que le Roi de France voulait créér une ville fortifiée à Versoix (Port-Choisel) que Genève était encore entourée de fortifications, notre bon Roi a décidé de bâtir une ville ouverte non défendu, avec une complête liberté de religion et de commerce. Alors pas besoin de rues étroites et de trompes l'oeil.
    C'est tout.

  • M. Mabut, Carouge a bien des trompe-l'oeil, en particulier sur l'immeuble au-dessus de la BCG à la place du Marché, sauf erreur au début de la rue de Veyrier et à d'autres endroits.

    Carouge a été créée par le Roi de Sardaigne, de la famille de Savoie, qui gouvernait notamment la Savoie et le Piémont.

    Ville italienne? Cité sarde ou savoyarde? On peut interprêter ceci comme on veut. Il n'en reste pas moins que les racines de Savoie et du Piémont sont incontestables comme les liens avec la culture italienne par les habitants de Carouge, l'architecture et la mentalité.

    Je suis tout à fait d'accord avec M. Buchs qui remet les pendules à l'heure. Carouge a toujours été une ville tolérante et ouverte, ce que l'on constate notamment avec le cimetière juif à une époque (le 18e siècle) où Genève se montrait intolérante sur ce point. Et nous ne parlerons pas des cabarets...



    Vous êtes mal documenté, M. Mabut

  • J'ajouterai que la densité du Vieux-Carouge, tellement apprécié pour sa qualité de vie, est le même que la Cité satellite d'Onex.

    Le modèle est sans doute davantage dans la cité jardin carougeoise que dans les cages à lapins que nous promet le PAV.

  • Ah Rimini... je savais qu'il y a avait la fibre d'un aventurier derrière la prose raisonnée et raisonnable du chroniqueur local. Rimini ... le bout du monde connu. pour revenir au sujet:

    Non Carouge n'est pas italienne pour la bonne raison qu'elle était rattachée au Royaume de Sardaigne. Non la Ligurie n'est pas le Piedmont quoi que dans les deux cas ces gens parlent une langue qui nous est étrangère. je ne sais si c'est l'effet de la pizza frutti di Mare ou l'abus de Brunello, mais les voyages ne vous réussissent pas. La chaleur sans doute. Vous verrez en Italie, les hotels semblent tous appartenir à un certain Albergho. Ne vous y fiez pas c'est un piège.

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