Tutti frutti aoûtien 1: Carouge n'est pas une ville italienne (06/08/2009)

camogli.jpgCarouge est une ville italienne. Et bien pas du tout! Je reviens de quelques jours passés sur la côte ligure, où d'habiles peintres en bâtiment sont passés maîtres dans l'art de la décoration de façade et des trompe-l'oeil. Des volets clos ou mi-clos, des chats interrogateurs figés comme des ports de fleurs. Pendant la guerre, le pont ferroviaire de Zoagli, rapporte l'hebdomadaire Il Levanto, qui comme ses confrères puisent dans l'histoire de quoi remplir ses éditions estivales, avait même été entièrement camouflé par des peintures de maisons entières.

Carouge n'a, à ma connaissance, pas de trompe-l'oeil. Poussin, un de ses enfants, en avait peint un fameux au déboucher du pont de Saint-Georges. Hélas il n'a pas résisté au temps. Carouge n'a pas non plus ce qui caractérise le moindre des villages italiens: la hauteur des immeubles et l'étroitesse des rues. [Encore que, s'agissant de la hauteur, le quartier des tours de Carouge soit plutôt une réussite.] Bref les villes et villages italiens connaissent une densité d'habitation qui en fait des modèles d'écoquartier, en terme d'énergie et de mobilité et des chaudrons culturels.

Je sais, Carouge est une ville nouvelle qui justement devait contraster avec ces villes où le ciel est réduit à un mince filet bleu ou blanc, parfois bouché par les lessives pendues sur des cordes à va et vient. N'empêche! Genève qui exporte depuis trop longtemps ses habitants en France voisine dans des banlieues informes et dispersées et tentent, via le projet d'agglomération franco-valdo-genevois, de gouverner ce développement anarchique en regroupant les immeubles le long de lignes de tram transnationales, ferait bien de réfléchir à nouveau à la densité de son bâti.

Construire la ville en ville, c'est le premier des commandements dans le Décalogue des urbanistes durables. Le chapitre Habiter de la formidable brochure MetroBasel, que j'ai commencé à présenter dans le blog Métropole Genève (ici et ) et dont je recommande la lecture attentive aux Genevois qui perdent leur latin à suivre les débats sur l'urbanisme local, cette broduche - une BD de 300 pages fouillées -  propose de densifier Bâle.

Le deuxième commandement est de construire des logements dans des environnements agréabes, le long des grands cours d'eau par exemple. Là encore le plan d'urbanisme que nous propose le projet d'agglo franco-valdo-genevois paraît à rebours du bon sens bâlois.

Densifier la ville, un rêve à l'heure où les Genevois paraissent plus que jamais adeptes de la croissance zéro voire pour certains de la décroissance? Sans doute! Un rêve qui devrait en tout cas devenir directeur dans l'urbanisation du PAV. Et pour cela, il faut commencer par repenser le losage pont de Saint-Georges-Bachet de Pesay sans la gare de la Praille et selon un modèle de gouvernance innovant.

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