Maurice Gardiol, un des huit initiants de la proposition "Objectif développement équilibré et durable" publie un long et intéressant commentaire sous le billet que j'ai rédigé hier relatant l'adoption par l'assemblée constituante du principe du développement durable, qui servira désormais d'aune aux travaux des cinq commissions thématiques.
"Pour nous, écrit le constituant socialiste pluraliste, il s'agissait que la Constituante donne un signal sur sa volonté de prendre en compte un défi majeur actuel non seulement pour Genève et son avenir, mais pour l'ensemble de notre planète mondialisée. Une Constitution moderne et novatrice ne peut l'ignorer. Cette proposition, rappelle Maurice Gardiol ne parle pas seulement d'un développement durable au sens de protection de l'environnement, mais d'une recherche prioritaire d'équilibre entre objectifs économiques, sociaux et environnementaux, de l'application d'un principe d'équité entre les générations d'aujourd'hui et de demain, d'ici et d'ailleurs."Bref rien à voir dans l'esprit des initiants avec "cette valise qui n'a rien de vague sauf pour celles et ceux qui l'utilisent comme un concept idéologique ou électoraliste, ou pour des journalistes qui considèrent que tous les mots sont creux sauf les leurs !"
Un commentaire pertinent. Et un excellent complément d'un propos certainement trop court pour rapporter toute la finesse d'un débat. Cependant...
La notation critique de concept valise voulait simplement prendre quelque distance avec, d'une part, la valeur des mots que notre monde dévalorise plus rapidement que ne l'a fait tout autre avant lui et, d'autre part, avec le fait que le développement durable n'est qu'une autre formulation de ce que les Grecs appelaient "loi de la maison" devenue économie, lesquelles lois sont contingentes à un état de la technique. Hier le crottin de cheval et le smog, aujourd'hui le réchauffement climatique et les déchets nucléaires, demain les nanotechnologies et le cyberflicage généralisé. Chaque époque a généré ses techniques et ces techniques ont généré leurs excès.
La Constituante doit prendre garde d'établir des principes trop dépendants des maux de l'heure, qui ne deviennent pas obsolètes du seul fait d'une maîtrise (possible, à venir, illusoire?) de l'énergie de l'hydrogène, par exemple.
Enfin, le développement durable va souvent de pair avec un autre principe en vogue, celui de précaution. Je ne sais si les Constituants genevois l'ancreront dans la nouvelle Constitution, c'est possible, ou peut-être même certain, mais je sais que l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Cela dit, vive le développement durable! Je l'aurais voté aussi.