Il occupe l'espace médiatique le matin. Il occupe l'espace médiatique le soir. Pascal Décaillet fait marcher les politiques à la baguette. Rien à redire au talent de notre confrère qui ne ménage ni sa peine ni son temps pour faire mousser l'actualité politique jour et nuit à Genève. N'empêche qu'il est servi par des policiens bien serviles, qui accourent aussitôt que le téléphone les mande sur le plateau du 7-8 de Radio Cité ou de GAC de Léman bleu.
Bien vu, vite entendu, est-il seulement possible pour un politicien de résister au slogan des bateleurs électroniques?
Non évidemment. D'autant que le journaliste sait être vache lorsque l'un ou l'autre viendrait à manquer à l'appel. Car il ne suffit pas d'être présent. Il faut encore épouser le sillon que trace l'omniprésente voix. Gare à celle ou celui qui sortirait de l'ornière ou ne saurait la suivre promptement. Les candidats à la Constituante mal réveillé en fait la cuisante expérience. Telle une araignée, Décaillet n'a pas son pareil pour emballer ses victimes consentantes. Mais il n'est pas encore chat qui les abat d'un coup de patte. Le plaisir est dans la durée et puis le microcosme genevois n'est pas si grand - que serait Décaillet sans appâts -, même si le bougre peut convier toute la Suisse à petit-déjeuner ou à dîner.
Ce matin, à la rue Baylon, il avait un conseiller d'Etat, François Longchamp bien dans ses bottes, et une candidate au Conseil d'Etat, la libérale isabelle Rochat affolée par l'araignée, et, au téléphone, deux autres conseillers d'Etat , Mark Muller, partisan d'une plate-forme minimale et post-électorale avec l'UDC, et Pierre-François Unger, adoubé hier soir par un PDC soviétisé, qui ne dit pas tout à fait non à une telle perspective - il faut bien payer l'ambition de succéder à Robert Cramer à la tête du ministère du territoire. Ceux qui avaient fait l'effort de se déplacer à Carouge ont eu droit à un temps d'antenne majoré. Petit sucre à qui se bouge.
De quoi ont-ils parlé? Des élections de l'automne 2009 bien sûr dans l'ombre portée de l'élection de ce mercredi à Berne. Car l'issue de mercredi déterminera la géographie politique du bout du lac. Et pas seulement. Comme l'a parfaitement rappeler Pierre-François Unger, qui serait un excellent conseiller d'Etat s'il était moins urgentiste et plus présent, l'UDC genevois n'a servi aux gens du bout du lac qu'un brouet politique préparé à Berne. Libéré de Blocher ou de son clone et peut-être du financement zurichois, l'UDC genevoise finira par devenir un partenaire qu'on invite pas à sa table mais avec qui on boit volontiers l'apéro ou le café.
Quant à Décaillet, a-t-il le matin l'audience qu'il s'est forgé le soir?
Commentaires
La nature ayant horreur du vide… Pascal Décaillet l’occupe !
Monsieur, vous avez non seulement absolument raison mais en plus vous osez le dire! Bravo.
Oui, vous avez raison, Pascal Décaillet est une bénédiction pour les politiciens genevois: il sert la soupe comme nul autre journaliste politique. Et avec lui, ce qui est fort, c'est que cette soupe a du goût! Il faudrait lui ériger une stèle! Mais les Genevois le conserveront-ils encore longtemps? Rien n'est moins sûr…
Toute la Suisse, peut-être, mais la France voisine, je ne sais pas, car l'autre matin, je suis arrivé en retard (et en plus, pas au bon endroit) : c'est vrai que les routes sont trop remplies. Il faudrait peut-être offrir une chambre d'hôtel aux invités résidant en France, afin qu'ils soient sûrs d'être à l'heure.
@Morgenet : ou peut-être que vous pourriez prévoir de partir plus tôt...
Oui, maintenant que j'y pense, c'est une solution possible. Mais enfin, la nuit, quand même, il faut bien dormir : c'est bon pour la santé.
...le PDC soviétisé?! C'est le moment, ils auront enfin une ligne claire!
Le cas Decaillet est effectivement intéressant. Ne serait-ce que parce qu’il ne laisse personne indifférent. En même temps s’il m’arrive d’avoir du plaisir à le suivre sur Léman Bleu, je trouve que réveil est un peu trop brutal avec lui. A 7h00, il est déjà tout remonté, tout excité, tout enthousiasme et donc difficile à suivre pour un esprit encore ensommeillé comme le mien.
Ceci dit, je pense quand même que cela n’est pas à lui de faire l’agenda politique de la république. D’autant que quelque part son goût pour tout ce qui peut agiter la vie politique genevoise, il a quand même aidé à l’émergence de la bande de voyous du MCG. Je comprends que les élucubrations d’un E.Stauffer soient du pain béni pour un journaliste, sauf que cela prendrait un minimum de fond pour que cela soit vraiment intéressant.
Pour le reste et pour en revenir à P.Decaillet, un peu plus de neutralité ne nuirait pas. Même si, je veux bien croire que dans son esprit comme dans celui de beaucoup d’autres, ça prend des journalistes clairement marqués à droite pour contrer la majorité qui serait,elle, clairement à gauche.
Enfin si visiblement P.Decaillet est cultivé, il faudrait le connaitre mieux pour savoir si dans le privé aussi, il ponctue chaque phrase d’une citation littéraire et/ou historique,…Parce que dans le cadre de son métier c’est un peu too much. En matière de démonstration de l’étendue de sa culture également, trop c’est comme pas assez…..
Déplaire à Monsieur Mabut est en quelque sorte un label de qualité.
Bravo Monsieur Décaillet !
(on dit bien "Monsieur" et pas seulement "Décaillet", n'est-ce pas ?)
:o)
Il me semble, syndic de Barre-Donnée, que vous avez la dent aussi dure que celle du lion et de son pisse en lit ce soir.
Est-ce dû à la précocité de la neige que les abeilles vous bourdonnent ainsi dans les oreilles ou le risque qu'à cause du beau pascale ses vache(rie)s nous produise du "Lait caillé"?
J'espère bien que vous non plus vous n'êtes pas comme certains dépités, jaloux et ombrageux au point de vouloir sortir le carton rouge à un collègue qui a la mordache bien pendue.
A mon aviss, il faut une bonne pintoyée là-dessus et demain il n'y paraîtra plus!
Pour le reste, les politiques et tout ce commerce, laissez-les parader comme les coqs, faire la roue comme les paons ou encore se gonfler la glotte comme le rouge gorge, de toutes façons, ils finiront par s'entendre parce que la seule chose qui les intéresse, c'est l'oseille et le pouvoir et sur ça, personne ne peut leur faire barrage, ils sont tous au courant, comme dirait Stauffer!
Allez santé Syndic et à la prochaine
Votre billet est tout simplement exquis ; en particulier, pour ce qui concerne le PDCS, soit le PDC Soviétisé... c'est tellement vrai ! tellement soviétisé qu'on ne soucie guère de l'après-Brejnev... faut d'abord sauver les apparences et les meubles ;-)
Bien à vous