L'information est je crois passée inaperçue de ce côté-ci de la frontière. Pourtant elle nous concerne au premier chef. La Suisse comme la France joue au village gaulois qui résiste toujours et encore à l'envahisseur. L'envahisseur n'est pas César et ses légions, mais Monsanto and Co et leurs plantes transgéniques. Mes lecteurs les plus intéressés par le sujet se souviendront que le Grenelle de l'environnement - chaudron à confiture sarkozien où le sucre des propos a largement remplacé les fruits mûrs - avait entre autres mis en bocaux la formule "je m'interdis le maïs Bt et tu me laisses tranquille sur le nucléaire".
Six mois plus tard, le nucléaire est toujours bien installé chez nos voisins -heureusement pour nous d'ailleurs, quoiqu'en dise la publicité mensongère des SIG - mais le maïs OGM est bientôt de retour. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) vient de décerner un zéro pointé à la France qui réclamait de Bruxelles un statut d'exception en Europe.
Maïs transgénique insecticide, le MON 810 a acquis la capacité de tuer la pyrale et la sésamie, deux petites chenille voraces qui certaines années peuvent détruire entre 10 et 20% d'un champ de maïs voire plus. Les bio-ingénieurs de Mosanto ont réussi à introduire dans les gênes de la plante une séquence du génome d'une bactérie naturellement présente dans le sol connu sous le nom de Bacillus thuringiensis d'où le nom de maïs Bt que l'on donne aussi à cet OGM.Bref, l'Efsa dans un rapport rendu fin octobre et dont le Figaro se fait l'écho dans ses éditions de samedi-dimanche: "Les données fournies par la France n'ont pas apporté d'évidence scientifique qui contredirait ce que l'Efsa a déjà dit à propos de ce maïs, à savoir qu'il est sain pour la nourriture humaine, animale et sans danger pour l'environnement. Pour faire bon poids, le Figaro précise que la "vingtaine d'experts viennent de toute l'Europe et sont rétribués à part entière par l'agence". Et le quotidien d'enfoncer encore le clou en publiant sous cette information un reportage d'une envoyée spéciale en Espagne où les faucheurs d'OGM sont inconnus et qui cultivent 80'000 hectares de maïs Bt soit 20% de l'emblavement de cette plante.
Et la Suisse? Elle est toujours en phase de moratoire. Ses chercheurs font face à une poignée d'ayatollahs anti-ogm qui ont réussi à faire croire au bon peuple que Mosanto était le diable. Sûr que ni en France, ni en Suisse les associations vertes vont baisser la garde.
Commentaires
Cher Monsieur Mabut,
Le diable n'existe pas, voyons. Simplement, le but de Monsanto, mais aussi de Syngenta et des autres, n'est que de maximiser son profit. Elles n'en ont rien à faire de la santé à long terme de la planète et ses habitants. Pire, elles font des tests très légers en laboratoires et, malgré leurs résultats alarmants, parviennent à convaincre les autorités de nombreux pays que leurs produits sont sans dangers. Dans cette situation, il faudrait être complètement inconscient pour accepter que de tels produits entrent sur le marché. Ou vivre dans un pays non-démocratique où l'argent peut dicter sa loi sans entraves.
Mais surtout, l'argument le plus fort des pro-OGM ne tient pas la route une seconde: nourrir mieux la planète et supprimer les famines. On n'y parvenait pas avant et on n'y parviendra pas mieux avec les OGM, car le problème est systémique et non quantitatif.
De toute façon, même si les multinationales prédatrices tenteront de nous imposer leurs saloperies, la désobéissance civile s'organisera pour faucher les champs, et si nécessaire, détruire les récoltes. Et j'en ferai partie, fièrement!
Il y a mille raisons de s'opposer aux OGM. Mais pour aujourd'hui, allez juste lire ça, c'est déjà suffisamment accablant:
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2321