Toujours à l'affût de l'info, Pascal Décaillet a déplacé hier soir sur son plateau de Léman Bleu Laurent Moutinot, président du Conseil d'Etat, qui, de bonne grâce, est venu expliquer qu'"en effet, les cantons romands réfléchissent à un pas de plus dans la collaboration de leur police cantonale, déjà bien visible puisque nos Pandores portent depuis peu le même uniforme de Chancy à Boncourt". L'Hebdo en dévoile le projet aujourd'hui dans son édition sous le titre 22, v'la police romande.
D'ici à parler de fusion, il y a encore quelques pas à franchir. A quelle vitesse le seront-ils, that is the question! La Suisse a ses lenteurs qui font son charme. Comme tout organisme public démocratique, elle avance au rythme de ses institutions et seuls les chocs peuvent lui faire faire des bonds en avant. Deux exemples à ce propos: la crise financière et les primes de la police.
L'Europe qu'on disait moribonde, prête à éclater, se retouve soudain à parler d'une même voix pour exiger la convocation d'un sommet mondial de la gouvernance des marchés financiers. Certes Sarkozy est en maître dans ce genre d'événement. Tout de même, le petit napoléon de l'Elysée français pur sucre n'en est pas moins hongrois du côté de son père, donc plus européen de sang que tout autre président français avant lui, Napoléon excepté.
Mais c'est surtout le choc de l'effondrement des marchés et la perspective du chômage et de la pauvreté qui motivent soudain les Européens à faire taire leurs querelles et à étouffer leur susceptibilité nationale pour un temp. Demain, les marchés seront mieux gouvernés ce qui ne nous évitera la prochaine crise, mais tout de même le système en sortira renforcé.
L'affaire des primes de la police est clochemerlesque en comparaison du tsunami financier. Promise par un Conseil d'Etat en panne d'autorité sur un corps dont les dérapages et les bravades publics avaient montré le niveau d'insubordination collective, la prime spéciale pour l'Euro 2008 a donc été refusée hier soir par la commission des finances. On ne pouvait attendre moins des députés. Lesquels ont réclamé un rapport sur la transparence des rémunérations des fonctionnaires, transparence que tout le monde réclame y compris les syndicats de polices, souligne ce matin la Radio romande. Etonnant tout de même que ce que réclame tout le monde ne soit pas réalité. Où est l'os?
C'est que la troupe n'a aucun intérêt à cette transparence. L'opacité des primes et autres avantages est même la règle depuis longtemps. L'audit global de l'Etat dans les années 90 avait déjà mis le doigt sur le problème, sans grand effet. Quelque temps plus tard, le Conseil d'Etat avait reçu un rapport à propos des primes. On y trouvait quelques perles et des primes d'inconvénients de serive en veux-tu, en voilà. Un petit toilettage eut lieu, mais le socle demeura.
Je me souviens aussi d'une prime que des policiers touchaient sur un compte spécial. Défiscalisée évidemment, mais ce compte spécial était, disait-on, surtout destiné à permettre de cacher ce bonus à sa Germaine.... Le présent coup de gueule des députés aura sans doute un nouveau petit effet dans la transparence du système, mais seule la fusion des polices permettrait de mettre tout l'appareil à plat. Je suis sûr que les policiers genevois s'opposeront à cette idée.
PS: à Genève on pourrait déjà commencer par mettre à plat les systèmes de rémunération et de primes des gendarmes et des agents de sécurité municipale. A travail égal, salaire égal devrait être la règle. Qu'attend le Conseil d'Etat de tutelle pour mettre les communes au pas?!
Commentaires
Maintenant que Blocher n'est plus conseiller fédéral, les polices peuvent fusionner, pour donner beaucoup plus d'importance que par le passé, à ce Département Fédéral de Justice et Police.
En matière de matériel, il serait également intéressant de regrouper les achats et d'uniformiser les véhicules.
Quel gaspillage que tous ces véhicules de marques diverses et variées.
Maintenant que Blocher n'est plus conseiller fédéral, la recherche des économies -crise financière oblige- devient une nécessité.
Tandis que lorsque Blocher y était, c'était un crime de lèse-majesté.
Maintenant que Blocher n'est plus conseiller fédéral, la sécurité devient une nécessité électorale (cf. discours de Darbellay et Levrat, respectivement PDC et PS), les radicaux reprennent eu aussi, à leur compte nombre de propositions UDC -jugées dans le temps, xénophobes, racistes et populistes- parmi laquelle celle de l'expulsion des criminels étrangers.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas faire revenir Chritoph Blocher, en remplacement de Samuel Schmid, mettant Eveline Widmer-Schlumpf, là ou elle est très expérimentée, les Finances, en remplacement du malheureux Hans-Rudolf Merz.
Les discussions au sein du PS démontrent clairement que Micheline Calmy-Rey devrait changer de département, donc il devient de plus en plus évident, qu'un bouleversement au sein des départements fédéraux est nécessaire.
Si en plus, Moritz Leuenberger, donnait sa démission, tout comme Pascal Couchepin, les jeux sont bien ouverts.
@Victor
"Maintenant que Blocher n'est plus conseiller fédéral, la recherche des économies -crise financière oblige- devient une nécessité.
Tandis que lorsque Blocher y était, c'était un crime de lèse-majesté."
Victor, sur ce sujet précis il faut avouer que le conseiller fédéral Mertz a toujours été la tête de pont et qu'il a fait un excellent boulot. Certes, il avait beaucoup d'affinités avec Christophe Blocher, mais attribuer à ce dernier tous les mérites n'est pas intellectuellement honnête... Surtout que le résultat économique des actions de CB au niveau de l'administration fédérale n'a pas été décrit comme particulièrement impressionnant... Mertz suffit sur ce dossier récis, et une deuxième Mertz serait souhaitable (Un UDC romand?).
"Maintenant que Blocher n'est plus conseiller fédéral, la sécurité devient une nécessité électorale (cf. discours de Darbellay et Levrat, respectivement PDC et PS), les radicaux reprennent eu aussi, à leur compte nombre de propositions UDC -jugées dans le temps, xénophobes, racistes et populistes- parmi laquelle celle de l'expulsion des criminels étrangers."
Là par contre vous avez parfaitement raison... Et je suis aussi pour l'expulsion des criminels étrangers, comme une part importante de la population suisse... De toute manière sur ce sujet l'UDC a déjà gagné son pari: même le contre-projet poussera les cantons à agir plus qu'ils ne le font aujourd'hui...
Merci, MOnsieur Mabut. Votre regard est critique, mais ô combien pertinent ! Disons que la classe politique était et est toujours très complaisante à l'égard des dérives syndicaux de la police, puis de son fonctionnement. Peut-être pourrions-nous aussi parler de ses placards dorés, de son système d'organisation complètement dépassé ? Savez-vous que, grâce aux syndicats, son organisation est telle qu'elle assure la rareté de la marchandise (dite policier) pour en augmenter la valeur ? En quelque sorte une bulle spéculative! Une autarcie savamment entretenue. Des plans de carrière basés quasi exclusivement sur le mérite et l'expérience. Des cadres non issus de la base qui se comptent sur les doigts d'une main. Des formations basiques, à l'exception de celles liées à la technique. Le manque de culture, d'ouverture d'esprit, de tolérance, de transparence. Ceci dit, la large partie des policiers sont des personnes qui méritent notre respect, qui font preuve d'abnégation, de courage et de loyauté. Mais ces policiers sont salis par les excès du système. Que penser aussi du fait que les agitateurs syndicaux se retrouvent députés du MCG ? Se retrouvent-ils dans les manières et dans les valeurs démontrées par Stauffer ? Evidemment, on souhaite avant tout la paix dans la grande maison. Hélas, le sujet est ainsi...tabou !
Cher ami Carlitos,
Ta première remarque n'est pas juste.
Je fais référence à la recherche d'économies, non pas au département des finances de monsieur Merz.
"Victor, sur ce sujet précis il faut avouer que le conseiller fédéral Merz a toujours été la tête de pont et qu'il a fait un excellent boulot."
Meilleures salutations.