Fusion des polices: go! (16/10/2008)

ballon jet d'eau pointe biais.pngToujours à l'affût de l'info, Pascal Décaillet a déplacé hier soir sur son plateau de Léman Bleu Laurent Moutinot, président du Conseil d'Etat, qui, de bonne grâce, est venu expliquer qu'"en effet, les cantons romands réfléchissent à un pas de plus dans la collaboration de leur police cantonale, déjà bien visible puisque nos Pandores portent depuis peu le même uniforme de Chancy à Boncourt". L'Hebdo en dévoile le projet aujourd'hui dans son édition sous le titre 22, v'la police romande.

D'ici à parler de fusion, il y a encore quelques pas à franchir. A quelle vitesse le seront-ils, that is the question! La Suisse a ses lenteurs qui font son charme. Comme tout organisme public démocratique, elle avance au rythme de ses institutions et seuls les chocs peuvent lui faire faire des bonds en avant.  Deux exemples à ce propos: la crise financière et les primes de la police.

L'Europe qu'on disait moribonde, prête à éclater, se retouve soudain à parler d'une même voix pour exiger la convocation d'un sommet mondial de la gouvernance des marchés financiers. Certes Sarkozy est en maître dans ce genre d'événement. Tout de même, le petit napoléon de l'Elysée français pur sucre n'en est pas moins hongrois du côté de son père, donc plus européen de sang que tout autre président français avant lui, Napoléon excepté.

Mais c'est surtout le choc de l'effondrement des marchés et la perspective du chômage et de la pauvreté qui motivent soudain les Européens à faire taire leurs querelles et à étouffer leur susceptibilité nationale pour un temp. Demain, les marchés seront mieux gouvernés ce qui ne nous évitera la prochaine crise, mais tout de même le système en sortira renforcé.

L'affaire des primes de la police est clochemerlesque en comparaison du tsunami financier. Promise par un Conseil d'Etat en panne d'autorité sur un corps dont les dérapages et les bravades publics avaient montré le niveau d'insubordination collective, la prime spéciale pour l'Euro 2008 a donc été refusée hier soir par la commission des finances. On ne pouvait attendre moins des députés. Lesquels ont réclamé un rapport sur la transparence des rémunérations des fonctionnaires, transparence que tout le monde réclame y compris les syndicats de polices, souligne ce matin la Radio romande. Etonnant tout de même que ce que réclame tout le monde ne soit pas réalité. Où est l'os?

C'est que la troupe n'a aucun intérêt à cette transparence. L'opacité des primes et autres avantages est même la règle depuis longtemps. L'audit global de l'Etat dans les années 90 avait déjà mis le doigt sur le problème, sans grand effet. Quelque temps plus tard, le Conseil d'Etat avait reçu un rapport à propos des primes. On y trouvait quelques perles et des primes d'inconvénients de serive en veux-tu, en voilà. Un petit toilettage eut lieu, mais le socle demeura.

Je me souviens aussi d'une prime que des policiers touchaient sur un compte spécial. Défiscalisée évidemment, mais ce compte spécial était, disait-on, surtout destiné à permettre de cacher ce bonus à sa Germaine.... Le présent coup de gueule des députés aura sans doute un nouveau petit effet dans la transparence du système, mais seule la fusion des polices permettrait de mettre tout l'appareil à plat. Je suis sûr que les policiers genevois s'opposeront à cette idée.

PS: à Genève on pourrait déjà commencer par mettre à plat les systèmes de rémunération et de primes des gendarmes et des agents de sécurité municipale. A travail égal, salaire égal devrait être la règle. Qu'attend le Conseil d'Etat de tutelle pour mettre les communes au pas?!

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