La bonne gouvernance, c'est aussi des entreprises citoyennes. C'est ainsi que les Verts et une partie de la gauche (lire ici et là) ont récemment actionné leur cavalerie parlementaire à Genève (à Lausanne aussi), pour exiger que les représentants des Services industriels au conseil d'administration d'Energie Ouest Suisse s'opposent à toute nouvelle centrale nucléaire. Logique, la Constitution genevoise interdit la construction de toute centrale nucléaire... sur le territoire du canton. Non contents de nous entretenir dans la fiction que nos TPG ne carburent qu'à l'électron propre, les Verts, tels des fraisiers, veulent implanter leur idéologie antinucléaire loin à la ronde. On attend semblable activisme à propos du PIB de la BCGe, de la taxe antipollution des avions et de l'interdiction de la vente d'eau en bouteille.

Il y a quelques jours, la Banque cantonale de Genève et ses cinq copines propriété des cantons romands ont claironné fièrement avoir (enfin) calculé le produit intérieur brut de la Suisse romande: 113 milliards de francs, plaçant la Suisse romande (qui n'existe pas) au 7e rang des régions européennes en terme de PIB par habitant.  Genève participe pour un tiers à cette performance. Que je sache, le PIB additionne tout ce qui fait des thunes: aussi bien les croissants du boulanger que les accidents de la route, le cinéma que la publicité, le théâtre que le bal des boursicoteurs. Une intervention parlementaire pour la Banque cantonale crée le BIP (bonheur intérieur brut) s'impose de toute urgence.

Les avions volent sans payer d'impôt sur les carburants ni de taxe CO2, concurrence et accords internationaux obligent. Il y a quelques jours, Robert Deillon, directeur de l'aéroport était l'invité du briefing matinal de la Tribune de Genève. Je lui ai demandé s'il militait au sein des associations des aéroports européens pour des taxes écologiques. La question la prit un peu à froid. Il a simplement répondu "non". Maintenant que le Conseil fédéral pense taxer aussi le transport aérien, le patron de l'aéroport public se sentira peut-être mandaté pour mettre l'avion au même régime que nos bagnoles. Quant aux Verts, ils peuvent toujours interpeller le ministre radical pour savoir ce qu'il en pense.

Enfin, l'eau en bouteille, nouvelle mais pas dernière tarte à la crème du politiquement correct. Là je dois dire, moi qui bois volontiers le château la pompe publique (eu égard à la majesté du siège des SIG) livré à domicile pour deux francs six sous le mètre cube que le combat mérite quelque attention. Faudra-t-il une loi pour interdire l'eau en bouteille et obliger les bistroquet à poser naturellement une carafe d'eau sur la table dès qu'un client s'assied? Le conseiller national PDC Neyrinck a déposé une motion dans ce sens. C'est bien une idée de Vaudois. Le Pays de Vaud est le seul canton à avoir imposé un vin du cru dans ses estaminets... Et quid des fontaines à eau qui se sont multipliées comme des petits pains?