"Aujourd'hui point de cause européenne", déplore Arnaud Leparmentier dans une analyse du Monde daté du 17 juin. "Les partisans du traité de Lisbonne, comme ceux de la Constitution, ont été incapables de trouver un slogan mobilisateur, tant les avancées sont complexes et, en vérité, ténues. La modestie du traité correspond à l'état d'esprit des élites européennes." De quoi faire réfléchir nos futurs constituants genevois sur le sens de leur engagement et la nécessité de le traduire en quelques mots simples à l'intention des citoyennes et des citoyens.!
Ceux d'entre eux entre autres, telle la Fédération des associations genevoises, peu connus, peu profilés, forcément pluriels, dont la liste des candidats sera arrêtée le 24 juin prochain.
"C'est que les acquis communautaire d'hier, poursuit Arnaud Leparmantier -le marché unique, l'euro et la fin des tempêtes monétaires, la libre circulation des personnes- ces acquis ont été empochés comme s'ils allaient de soi." On pourrait en dire autant des acquis de la République genevoise.
D'où le pladoyer d'une des figures tutélaires de l'Etat français, Robert Badintin, hier sur France Culture, qui reprochait une fois encore aux politiques d'avoir soumis au verdict des urnes l'entier d'un texte qui par nature ne pouvait être compris de personne.
Le peuple genevois est-il plus mature que les Irlandais? La nouvelle Constituante ne risque-t-elle pas aussi d'être passée au laminoire du plus petit dénominateur commun pour garder une chance de passer le cap du vote populaire en 2012? Poser la question c'est hélas y répondre. A moins de faire preuve d'imagination et d'innovation!
Commentaires
Question de maturité? Je ne sais. Question d'analyse. En ce qui concerne les traités, les citoyens ne pèsent pas le pour et le contre. Il ne font pas du 50-50, du poids et des mesures.
Il le font sur un mode de disjoncteur : ils passent les mesures les unes après les autres. Tant que ça convient, ça va. Mais si une ne convient pas, tac, on dit NON. Le non est le contraire mathématique du oui. C'est valable dans les traités; si le non est "une seule contrarité suffit à dire non" son contraire mathématique est "aucune contrarité est necessaire pour dire oui". C'est bien là le problème.
Aussi, les partisants du non agittent des vieilles peurs, de vieilles recettes qui font mouche. Délicat d'expliquer aux Français que grâce à l'Euro, quand les sieurs Thibaut et consort de la CGT font grève, la stabilité monétaire est garantie. On se souvient lors des grèves de 1995. Attaque en règle du franc. A la frustration des grèves s'ajoutait l'impact au porte monnaie. Mais ça, trop dur à comprendre. Trop dur à expliquer, les avantages du OUI. Et puis le NON a de si bons arguments. Le "plombier polonais" (expression d'un homme de gauche). Et Bruxelles. Bruxelles et le marché. Bruxelles à la solde des Anglais, et ô suprême horreur, des Américains. Voilà les arguments du NON, qui trouvent bien plus d'écho dans une population relativement peu instruite sur les questions de l'Europe.
L'Europe a amené la paix. Les Européens ne regardent que peu en arrière. Il y a 60 ans, on se tapait dessus avec les Allemands, les Italiens. On a oublié que grâce à L'Europe et au marché, les tensions s'en sont allées. Et on oublie aussi que ceux qui s'acharnent à détruire l'Europe pourraient bien un jour réveiller de vieux démons.
Gageons donc que les Genevois (qui ont une conscience politique plus développée, grâce aux régulieres votations) sachent choisir sans céder aux sirènes. La politique est une affaire de raison, et hélas trop souvent une affaire d'émotion.
Monsieur Walton Simons,
Votre commentaire est plein de bon-sens, et je vous approuve 100 %. Il est vrai que l'être humain a la mémoire courte, très courte. Beaucoup ont oublié que depuis plus de 50 ans notre vieille Europe n'a pas eu de guerre ! Les petits cerveaux ont oublié le nombre de morts qu'il y a eu par le passé ? Notre génération est pourrie, gâtée ! un petit retour de bâton ne nous ferait pas de mal ! Certes la Suisse regarde tout celà de très haut pour l'instant, mais nous pourrions très vite redescendre de notre piédestal... comme Swissair ou peut-être bientôt l'UBS... aux dernières nouvelles l'UBS risque d'être rachetée par la HSBC (des Anglais).... Vous voyez même nous, pouvons avoir des pieds d'argile....