"Imaginez un 100 mètres dans lequel l'un des coureurs auraient les jambes attachées." Le journal La Croix de ce week-end consacre son dossier au quarantième anniversaire de l'assassinat, le 4 avril 1968, de Martin Luther King et cite le discours du président Johnson, le 4 juin 1965, qui donnait un coup d'accélérateur à la discrimination positive.

Le 100 mètres est lancé, trois, quatre secondes et déjà 30 mètres séparent les coureurs... Suffit-il alors de libérer le coureurs de ses entraves pour rétablir l'égalité? Certes non, affirmait alors le président démocrate, il faut permettre au coureur de rattraper son retard." Résultat, il y a 80'000 avocats et juges noirs ou hispaniques aux Etats-Unis contre 6200 en 1970, selon le Tomas rivera Policy Institute, un centre de recherche sur les minorités, cité par le journaliste Gilles Biassette.

 
Quarante ans plus tard, la discrimination positive est contesté aux Etats-Unis. Plusieurs Etats y ont renoncé ou s'apprêtent  à supprimer cette législation. Une législation des quotas qui à qualités égales privilégie les minorités ethniques dans l'emploi, l'accès à l'enseignement supérieur, les marchés publics. Depuis que la Californie a abrogé en 1996 la discrimination positive, le taux des Noirs à l'Ecole de droit de l'Université de Californie serait tombé de 10,3% en 1996 à 1,4% en 2000. Les petits blancs laissés pour compte du développement économique s'en portent-ils mieux? Pas sûr.

L'émergence du premier candidat noir en posiition de gagner la Maison Blanche accélèrera-t-elle la fin de la discrimination positive? On peut le craindre. L'ironie est que c'est une femme qui a mis le feu aux poudres en obligeant son concurrent démocrate à clarifier sa position en matière raciale. Et même si Barka Obama a tenté d'échapper au piège communautariste en prononçant le 18 mars à Philadephie un discours qualifié de "fondateur" "Nous le peuple...", il n'empêche que le démon racial est réveillé et pourrait bien devenir une donnée clé de la campagne électorale américaine.