Il s'appelle Alioune Touré. Il a 28 ans. Il habite dans les faubourgs de Ziguinchor.
Comme beaucoup de Casamançais, il s'est réfugié en "ville" en raison des conditions économiques et d'une guérilla conduite par un mouvement d'indépendance divisé en plusieurs factions, dont certaines sont des couvertures pour des activités mafieuses.
Résultat le développement de la Casamance est au point mort depuis une génération. Coincée en l'anglophone Gambie et la lusophone Guinée Bissau, ce territoire, qui fut naguère le grenier à riz du Sénégal, n'en peut plus des promesses jamais tenues.
Alioune nous écrit de temps en temps pour nous donner de ses nouvelles. Voici son dernier message.
Il y a des millions de jeunes désespérés comme lui en Afrique.
Quoi de neuf à genève? J'espère que le boulot vous laisse le temps d'un peu de repos.
Moi je vais super bien en pleine forme. Diankè à fini ses traitements elle se porte très bien.Se qui la plus fatiguè c'est le traitement traditionnel qui n'a pas aboutit.
Je vous remercie pour votre soutien et votre attention à la famille.
Mes enfants ont démarré les cours le plus grand est super intelligent il a 10/10 presque partout.
Au Sénégal rien ne va la vie est trop dure les denrées de premières nécessités ont flambè à presque trois fois le prix initiale comme le carburant qui coutais 405fcfa le litre coute maintenant 1000fcfa;le sac de riz à 13500fcfa.Faites vous une idée et toutes les portes sont fermées les jeunes qui ne sont pas fonctionnaires ne trouvent plus de petits boulot ils ont tout institutionnalisè.Alors pour la première fois j'ai des idèes de quitter mon pays et kit mème à tenter l'aventure à pirogue comme mes amis qui s'en sont sortis il ya 25 jours.
Je crois que les médias font une propagande nègative de la situation.
Je vais prendre conjès de vous portez vous bien et j'espère à bientôt.
Commentaires
Alioune porte un nom de famille Mandingue, donc de souche non Casamaçaise, et à ce titre déjà un peu "étranger" dans sa région. Il compte échapper à l'ostracisme des siens pour en rencontrer un encore plus grand: c'est le sort éternel de l'errant fugitif.