La Chambre de commerce et d'industrie de Genève nous a servi cette semaine sa ritournelle annuelle à la veille du débat budgétaire. Les Genevois paient deux fois plus d'impôt qu'en moyenne suisse! Ce que ne dit pas son président, le bouillant Michel Balestra, c'est que ce n'est vrai que pour les gens dont le revenu dépasse 80'000 francs. Pour tous les autres et c'est la majorité des Genevois, le fisc genevois est plus doux en moyenne qu'ailleurs en Suisse.
Il suffit pour s'en convaincre d'observer le tableau ci-dessous extrait d'une publication de juillet 2007 de l'Administration fédérale. [cliquer sur l'image pour l'agrandir].
Genève est même champion suisse pour les couples mariés sans enfant dont le revenu brut du travail est inférieur à 50'000 francs par année. Genève taxe ces contribuables à un taux de 2,1% quand Zurich impose à 4,6%, Vaud à 4,57%, le Valais à 6,3 et le Jura à 6,82%. L'écart est encore plus impressionnant pour une famille avec deux enfants.
Commentaires
Ce que vous dites est vrai mais ce n'est pas tout à fait ce que la CCig voulaient dire je crois. En fait, ils disaient (je ne suis plus très sûr des chiffres) que le genevois payait en moyenne 16000.- d'impôts annuels (donc que l'etat encaissait 16'000.- par année et par personne), contre une moyenne suisse de 8000.- si je me souviens bien.
Et la question est donc ; "pourquoi les autres cantons arrivent à vivre avec des recettes de 8000.- par habitant, alors qu'a genève, 16000.- n'y suffisent pas ?" Vous tirerez facilement vos propres conclusions...
Cher Thierry
Vous avez raison. C'est une autre manière de voir la fiscalité. En effet les chiffres que vous citez sont des ordres de grandeur corrects. Ils révèlent en effet que Genève dispose en moyenne d'environ deux fois plus de moyens que les autres cantons suisses. Quatre considérations à ce propos:
1) la recette moyenne par habitant révèle en partie la richesse de Genève
2) cela résulte aussi d'une fiscalité plus lourde pour les hauts revenus, donc plus lucratives pour les caisses publiques,
3) une présentation équilibrée de la situation exigerait de mettre ces recettes en regard des prestations publiques offertes par les collectivités publiques (cantons et communes) genevoises. Elles sont vraisemblablement plus nombreuses et de meilleure qualité que celles offertes par d'autres cantons (à vérifier évidemment).
4) en fait la seule question pertinente est: est-ce que le prix de revient des prestations publiques genevoises (leur coût unitaire) est franchement plus élevé que celle des autres cantons?
Bien à vous et merci de votre commentaire.
Cher Jean-François,
pour avoir la réponse àvotre dernière question, il suffit de comparer par habitant avec ce qui est comparable, à savoir un canton "equivalent" , avec Université, Hopital etc comme Zurich...
Vous aurez votre réponse, et elle ne sera franchement pas à l'avantage de notre république
Cher Jean-François,
Vous avez parfaitement raison. Je vous félicite de relever ces manipulations de chiffres qui nous prennent pour des idiots. Au bout du compte, c'est la classe moyenne qui trinque. Celle qui perçoit effectivement plus de 80 000 Francs de revenus annuels, tout en restant en dessous des sommes pharamineuses à partir desquelles l'impôt est plafonné et la fortune tellement volatile et délocalisable qu'elle est de toute manière peu imposable.
Une partie de la droite confond les intérêts du petit pour cent des plus riches avec ceux de la classe moyenne qui lui apporte ses voix: petits entrepreneurs, indépendants, professions libérales, cadres supérieurs du privé comme de la fonction publique etc… On peut montrer que les écarts ne se creusent pas, en prenant en compte les 20% les plus riches, englobant ainsi tout le haut de la classe moyenne, mais c'est un mensonge. L'écart se creuse entre le haut de la classe moyenne et le petit 1% voire 1 pour mille de revenus hors catégories. Ils sont tellement peu nombreux qu'ils sont anecdotiques statistiquement, mais fondamentaux socialement, parce que tellement riches qu'ils peuvent individuellement acheter ce qu'ils veulent. Même une élection à coups de pub ou le silence de partis politiques.
Que le patron des SIG touche 340 000 Francs par an me parait légitime, s'il bosse en conséquence et que son salaire est public, puisqu'il s'agit d'une régie. C'est 7,5 fois ce que gagne le salarié le moins bien payé des SIG. Rien à dire. Le patron d'UBS, lui gagne 75 fois ce que gagne le patron des SIG, soit nettement plus de 500 fois le salaire de base de la banque. Soi-disant parce qu'il fait gagner beaucoup d'argent aux actionnaires. Mais selon cette logique, quand l'action UBS perd 27% de sa valeur, il ne devrait pas se contenter de diminuer un peu son salaire, il devrait reverser de l'argent gagné les années précédentes!
Le patron des SIG va payer ses impôts plein pot. Le patron d'UBS et les gros actionnaires de la banque, encore plus riches que lui, dont certain n'ont même jamais eu à travailler pour cela, seront plafonnés fiscalement, délocalisés, bénéficieront de toutes sortes de véhicules fiscaux etc… Ce n'est pas productif, c'est contraire aux intérêts de l'économie et de la société. C'est peut-être contraire à court terme aux intérêts de Genève Place financière de dire cela, mais à court terme seulement. On peut faire du business sans évasion fiscale. Il faut parvenir à une harmonisation mondiale de ces questions et contrôler autrement la tentation d'hypertrophie de l'Etat.
ps: je signe d'un pseudonyme pour des raisons professionnelles,
Je ne puis croire que les prestations genevoises soient deux fois supérieures à la moyenne suisse. Ni la police ni les pompiers sont plus efficaces qu'ailleurs. En revanche, le filet social semble mieux développé et beaucoup consomment sans participer aux frais. Par ailleurs, personne ne conteste la richesse de Genève (hormis les prolétaires), mais au bout du compte, cela n'explique pas notre dette et nos déficits malgré la fiscalité élevé. Autre piste: entretenir 45 entités communales, un micro-canton et une ville glouton-doublon n'est pas forcément la meilleure manière non plus de rentabiliser les sous. Mais puisque ces derniers rentrent, tout le monde s'en fiche.
Monsieur Mabut,
J'ai lu avaec intérêt vos différents commentaires sur ce sujet, ce d'autant plus que j'ai participé à l'élaboration de cette brochure.
A la lecture de vos propos, je constate que, en fait vous parlez d'une étude que vous n'a'vez pas lue.
En effet, en la lisant, vous auriez dit: "Genève est même champion suisse pour les couples mariés sans enfant dont le revenu brut du travail est inférieur à 66'000 francs par année" et non pas 50'000 francs. En effet, à Genève, un couple marié avec deux enfants ne commence à contribuer à la collectivité, qu'à partir d'un revenu brut de 66'000 francs.
C'est dire si vos comparaisons basées sur un revenu de 50'000 francs sont peu pertinentes!
Dommage pour un journaliste!
La lecture de la récente (août 2007) publication de l'office cantonal de la statistique (http://www.geneve.ch/statistique/publications/pdf/2007/analyses/an-cs-2007-33.pdf)
vous aurait permis de constater que le revenu brut médian des couples mariés actifs avec enfants s'établit à un peu plus de 130'000 francs,
L'étude de la Chambre de Commerce ne nie cependant pas les difficultés financières des plus modestes de nos concitoyens. Elle démontre simplement que les prestations dont ils disposent dépendent des contributions des plus aisés et que, dans l'éventualité où ils ne seraint plus là pour contribuer, il faudrait bien trouver l'argent ailleurs...
Cela étant, je répondrai comme suit à vos 4 points:
1) la recette moyenne par habitant révèle en partie la richesse de Genève
Effectivement, nos contribuables sont probablement plus aisés que la moyenne suisse. Il est cependant regrettable que cela ne se voit pas dans nos comptes publics. Comment expliquez-vous notre endettement (39'911 francs par habitant, enfants compris)
2) cela résulte aussi d'une fiscalité plus lourde pour les hauts revenus, donc plus lucratives pour les caisses publiques,
L'étude de la Chambre de Commerce ne dit rien d'autre, elle espère seulement que ce fiscalité plus lourde, comme vous le relevez, n'incitera pas ceux qui la supportent à aller voir ailleurs s'ils ne peuvent pas trouver une fiscalité plus clémente.
3) une présentation équilibrée de la situation exigerait de mettre ces recettes en regard des prestations publiques offertes par les collectivités publiques (cantons et communes) genevoises. Elles sont vraisemblablement plus nombreuses et de meilleure qualité que celles offertes par d'autres cantons (à vérifier évidemment).
Une lecture attentive de cette étude vous permettra de constater que c'est les dépenses cumulées des cantons et des communes qui sont comparées. Cela permet d'éviter les écarts dus aux différentes répartitions des charges cantons/communes dans les cantons suisses. Cela étant, les cantons de Vaud ou de Zurich, retenus pour la comparaison, sont des cantons qui financent une université et un hôpital. Les vaudois ni les zurichois ne nous semblent être au seuil de la pauvreté. Est-ce à dire que nous dépenserions plus pour des prestations identiques? (J'ai pris cependant note que vous allez vérifier en quoi nos prestations sont meillleures que celles des cantons retenus pour la comparaison).
4) en fait la seule question pertinente est: est-ce que le prix de revient des prestations publiques genevoises (leur coût unitaire) est franchement plus élevé que celle des autres cantons?
Voici (enfin) une vraie question de journaliste. Je me réjouis de vous lire à ce sujet.
Yves Cogne
PS: Restez sur votre Salève: même pour une fortune de 10 millions l'impôt sur la fortune y sera moins cher qu'à Genève!!!