"Il fessait sa bonne: ex-pasteur condamné". La presse qui avait déjà évoqué cette affaire (elle remonte à 2004) relate largement ce matin la condamnation du ministre de l'église protestante de Genève. Même les deux avocats ont droit à un coup de pub gratuit.
180 jour-amendes. L'opinion publique, par presse interposée, ajoute l'opprobre à la peine prononcé par le juge. Au nom de la liberté d'expression, personne ne va dénoncer cette double peine infligée à un ministre du ciel. Dieu sera, lui, peut-être plus magnanime...
Le même jour, la presse de boulevard exploite en pleine page les photos de Ségolène Royal en maillot de bain sur une plage, publiées en exclusivité par Paris Match et qui valent à l'hebdomadaire français une plainte de l'ex-candidate à la présidentielle.
Si le pasteur n'avait pas été pasteur mais un simple quidam, ses menues déviances sexuelles seraient restées dans le secret de l'alcôve ou du prétoire. Et si Ségolène s'était contentée de rester présidente du Poitou Charente, jamais Paris Match n'aurait publié ses ébats balnéaires.
Nous ne sommes à l'évidence pas tous égaux face à la loi de la presse, qui, se faisant l'écho d'une opinion publique acheteuse de ce genre de nouvelles, tend à réduire la sphère privée des politiques à la portion congrue de celle des pipoles.
On peut s'en offusquer. C'est oublier que jamais homme ou femme politique n'a atteint le sommet du pouvoir sans sacrifier à la loi du genre qui est de s'exposer aux yeux du public. Avec le chien de Schmid, la gueule de Merz, le dentier de Leuthard, l'humour de Leuenberger, les promenades de Couchepin et les "Trois cloches" de Calmy-Rey, nos conseillers fédéraux jouent encore en 1ère ligue. Chez nos voisins, Sarkozy dribble en Champion's league. Ségolène doit s'aligner.