Du monde à la fête de la tomate. Une chaleur estivale, presque l'étuve autour des stands. Les fruits et légumes éclatent de couleur. Au bar, l'ambiance est à la bonne humeur. Et les visiteurs se régalent d'un gaspacho bien poivré (un peu trop au goût de certain), d'une longeole lentilles ou de tomates farcies (presque trop copieuse la ration). Le gamay est à 17 frs. Chapeau! Quand donc les bistroquets nous l'offrirons à ce prix là?
En faisant la queue devant la cuisine du traiteur Vidonne, rencontre avec Nicolas Fellay, directeur de l'Union maraîchère suisse. Valaisan de Genève, il fait tous les jours le trajet vers Berne aller et retour en train. Le ton est moins à la fête.
La culture maraîchère sort d'un mois catastrophique en raison de la météo. Même les tomates sous serres avaient de la peine à murir et à trouver le chemin du palais des consommateurs peu enclins à déguster une salade mozzarella ou fetta sous la pluie.
Mais ce sont surtout les perspectives à moyen terme qui préoccupent Nicola Fellay. Le grand commerce, Coop et Migros en tête, jouent la région côté jardin, mais, côté cour, imposent une politique de prix qui asphyxie les maraîchers. A coup sûr les grands distributeurs ont hâte d'une libéralisation de l'agriculture. Pour eux. le terme de 2015, fixé par le Conseil fédéral, pour aligner l'agriculture sur l'Europe est trop éloigné. Le débat fait rage. Des centaines d'exploitations agricoles vont encore disparaître. Personne autour des tables dressées dans la cour du marché de gros de Carouge ne semblait connaître le drame qui se joue en silence dans les campagnes.