Cette idée - est-elle vraiment saugrenue? - m'est venue à la lecture d'un papier que The Economist consacre au "crude oil" américain. Sous le titre Crudely put, l'hebdo britannique commence par rappeler que si quelques raffineries plantées au bord du golfe du Mexique n'ont pas les pieds dans l'eau, ce n'est pas par précaution écologique avancée, mais pour être à bonne distance des tirs des sous-marins allemands qui, durant quelques mois de la WWII (seconde guerre mondiale), ont traversé l'Atlantique et on tenté d'empêcher les Américains de ravitailler les alliés.
L'article rappelle aussi que les chocs pétroliers des années 1970 ont incité les États-Unis à interdire l'exportation de pétrole brut, mais pas les produits raffinés, faisant du pays le premier exportateur mondial de ces spécialités, diesel et autre kérosène.
Ces jours, conclut l'article, qui donne bien d'autres détails sur une industrie complexe et l'évolution que lui fait subir l'exploitation des schistes bitumineux, l’Amérique reçoit le représentant tchèque de l'énergie qui s'en est allé plaider pour que Washington lève ses barrières à l'exportation de gaz et de pétrole.
En bref, pour sauver l'Europe, l'Amérique a résisté aux U-boote nazi, elle peut pour son profit, sept décennies plus tard, contribuer à conforter les démocraties européennes que menace l'ogre russe et son chantage au gaz sibérien. Les Suisses, comme les Tchèques et les Européens, critiquent volontiers l'Oncle Sam pour ses méthodes d'exploitation des schistes, mais sont bien contents qu'il soit là pour les chauffer durant l'hiver.
La France n'a pas de pétrole, mais elle a des idées. Qui se souvient de ce slogan popularisé sous le moderne Giscard d'Estaing, un président à particule, dont on a pas su a l'époque s'il avait délaissé son Anémone... C'était au lendemain des chocs pétroliers, quand la Suisse avait expérimenté des dimanches sans voitures et sans lendemains.
Ces jours, le Valais s'inquiète de la disparition de la raffinerie de Monthey. Des emplois, un savoir faire sont perdus et une friche industrielle risque de demeurer là aussi longtemps que les installations des puits de mine de charbon fermés dans le nord.
Le gouvernement valaisan, qui a longtemps relayé les protestations des riverains contre la pollution de l'usine, cherche un repreneur. Pourtant, juste au-dessous de Monthey, dorment des millions de tonnes de gaz de schiste. Pourquoi n'en concède-t-il pas l'exploitation à quelques entreprises soucieuses de démontrer qu'on peut extraire cette ressource sans trop de dégâts collatéraux? Le Valais, si fier de sa houille blanche, pourrait devenir le champion de la houille brune et relancer une industrie pétrochimique dans la haute vallée du Rhône.