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  • Laïcité: à quoi sert la commission des droits de l'homme?

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    Pas moins de trois projets de loi sont sur sa table: les PL 11764, PL 11927, PL 11766.

    Le premier a été déposé par le Conseil d'Etat le 4 novembre 2015. En 37 articles, il veut préciser l’article 3 de la Constitution genevoise de 2012, lequel est pourtant d'une grande clarté.

    Art. 3 Laïcité
    1 L’Etat est laïque. Il observe une neutralité religieuse.
    2 Il ne salarie ni ne subventionne aucune activité cultuelle.
    3 Les autorités entretiennent des relations avec les communautés religieuses

    Le PL 11764 est issu des travaux de la commission Cuénod, d'une longue réflexion d'experts et d'une savante pesée des intérêts. On sait qu'un iota mal placé peut mettre le feu aux poudres dans un canton où la question religieuse a été apaisée il y a qu'un peu plus de 100 ans par la séparation des églises (protestantes et catholiques) de l'Etat, alors radical et volontiers anticlérical.

    Le iota vient de l'extrême gauche qui, à Genève, - oh miracle - est un petit dragon à huit voix ou presque. La tête Gauthier (expulsé d'EàG et créatrice du Parti radical de gauche) veut couper tous les liens entre les communautés religieuses (requalifiées convictionnelles) et l'Etat. Plus récemment, la tête canal historique d'Ensemble à Gauche (Vaneck-Batou) propose une révision de l'article 3 de la Constitution gommant les relations socio-historiques particulières que la Constituante a ménagées entre les cultes et le Conseil d'Etat.

    Dieu est patient. Peut-être même se fiche-t-il de savoir à quelle sauce il sera mangé par la micro-république de Genève en cette année de la miséricorde, veille du 500e anniversaire de la Réforme.

    Quand la commission va-t-elle accoucher de son rapport? Combien ses travaux ont-ils déjà couté? L'efficacité et l'économicité ne semblent être les premières préoccupations du parlement.

    En cette affaire et par les temps qui court, Genève a d'autres urgences que de s'offrir un débat franco-français sur la laïcité. Le Grand Conseil serait bien inspiré de voter une loi en un article: L'exécution de l'article 3 de la Constitution est confiée  au Conseil d'Etat. Et l'article 13 abrogatoire du projet du Conseil d'Etat qui purge le trop lourd corpus des lois genevoises de scories discriminatoires hérités du Kulturkampf (la loi sur le culte extérieur et la loi sur les corporations religieuses). Point.

    Une démission du législatif? Non, un acte de sagesse, un acte de confiance au gouvernement, un acte de concorde civile.

    A Genève, autant croire au Père Noël. 

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    IMG_3280.PNGLa science politique n'est pas très inventive. En quoi a-t-elle amélioré le fonctionnement de la démocratie depuis les Grecs? Les sondages d'opinion se multiplient, mais ils ne remplacent ni les élections ni les votations. Ils leur arrivent même de prédire des résultats faux. Influencent-ils les citoyens? 

    En matière parlementaire, la science politique ne paraît pas plus productive. Les débats sont lents, longs, répétifits. Ils ne garantissent nullement que la loi sera bonne, efficace, simple, facile à appliquer et à contrôler, économique...

    Le secret des commissions ne participe pas de la transparence et du contrôle citoyen. Voyez la commission des droits de l'homme, une spécialité du parlement genevois qui moud depuis des mois la loi sur la laïcité.

  • Les incroyants de Genève ont peur des croyants

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    Le parlement risque de balayer l'objet. Combien l'opération aura-t-elle coûté à la République? Nul ne sait car les députés n'indiquent jamais combien coûtent leurs débats, leurs motions, leurs interpellations, leurs résolutions, leur questions écrites urgentes et les projets de loi.

    D'autres articles de ce blog sur la laïcité

    Après deux ans de discussions laborieuses, la Commission des Droits de l'homme du Grand Conseil (le parlement genevois est le seul de Suisse à en avoir une) a pondu un rapport de 800 pages (avec les annexes) à propos de la loi sur la laïcité (PL11766A). Un projet déposé par Pierre Maudet, ministre de la Sécurité publique, le 4 novembre 2015, élaboré après l'examen de la question par une commission d'expert présidée par mon très estimé confère Jean-Noël Cuénod. (voir à ce sujet mon blog Laïcité: à quoi sert la commission des droits de l'homme?)

    On imagine que chaque iota de la loi a été pensé, ripoliné, pesé sur la balance de l'éternité. N'empêche que le recuit de la CDH genevoise n'a été voté que par 4 députés contre 3 et 2 abstentions. On craint le pire en plénum.

     

     

  • On va donc enseigner le fait religieux à Genève

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    Genferei parce que partout ailleurs en Suisse, les relations entre les religions et l'Etat sont bien moins crispées voire encore consubstantielles, ce que manifestent entre autres, le drapeau national suisse et l'exergue de la Constitution fédérale: Au nom de Dieu tout puissant.

    Appliquant une laïcité peureuse et détachée de son histoire, Genève fait bande à part, n'applique pas le programme éthique et culture religieuse du Plan d'étude romand et forme ses enseignants du premier au onzième degrés spécifiquement à Histoire, fait religieux et laïcité, autour notamment d'une brochure "La laïcité à l'école" éditée en 2016, illustrée par Zep. Une tentative précédente, en 2013, collection des grands textes pour interroger le monde, péchait par une neutralité des points de vue discutable, qui mettait la tradition maya au même niveau que la tradition judéo-chrétienne. 

    Que l'école soit laïque et maintienne une distance de respect mutuel avec les croyances, ça tombe sous le sens, mais qu'elle expurge de son enseignement la connaissance des religions, qui ont inspiré tant d'hommes et de femmes dans tous les domaines et forgé pour une large part toutes les civilisations et la nôtre, confine au non sens. 

    On souscrit volontiers aux propos d'Anne Emery-Torracinta, selon lesquels  "la laïcité est un élément central du vivre-ensemble dans une société marquée par la diversité culturelle et religieuse", mais cette neutralité posée, la cheffe du DIP doit avoir le courage d'organiser l'enseignement du fait religieux et des principales figures qui l'incarne hier et aujourd'hui à l'égal de toutes les autres disciplines. 

    L'enseignement du fait religieux mobilise un groupe de réflexions depuis plus de 20 ans à Genève: Culture religieuse et humaniste à l'école laïque. Un site à consulter. Il contient une mine d'information et des pistes pour continuer.

     

    Calvin dessin laicite à l'école.jpgPourquoi, je suis né ici et maintenant? Pourquoi les gens souffrent? Y a-t-il quelque chose après la mort? Ces questions et quelques autres (pourquoi une bière genevoise s'appelle Calvin?) traversent l'esprit des humains depuis la nuit des temps. Elles n'ont toujours pas trouvé de réponse. Hier, un gosse de 9 ans m'a fait la liste des dieux grecs qu'il a apprise à l'école. Dans l'après-midi, je suis allé rendre visite à un ami de 73 ans frappé de diverses affections graves et qui pourrait mourir tantôt.

    Parmi les réponses forgées ou découvertes par les humains ou qui leur ont été inspirées et transmises depuis la nuit des temps, les croyances figurent parmi les plus puissantes.

    Le vote ce dimanche par les citoyens genevois (qui constitue moins de la moitié de la population du canton) de la loi sur la laïcité ouvre la voie à un enseignement renforcé du fait religieux à l'école publique et laïque de la République. Une Genferei, une de plus