Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Laïcité

  • Quel islam pour l'Europe?

    Imprimer

    De Genève, où le Picard Calvin a forgé une branche autonome du christianisme et une petite dictature protestante? Qu'en reste-t-il cinq siècles plus tard?

    Le creuset lémanique, où vécut un temps Rousseau et Voltaire, serait-il propice à la réforme de l'islam? Ni Yadh Ben Achour ni François Dermange, les deux contributeurs de "Quel islam pour l'Europe", n'en affirment l'ambition dans leur petit opuscule. Le projet sourd néanmoins de leur plume. Dès septembre, ils vont s'atteler à une modeste formation continue des imams en notre bonne université de Genève (Lire ici et là - encore que là on ne trouve rien sur la future formation). 

    La lecture du chapitre rédigé par Yadh Ben Achour, partout présenté comme un éminent professeur et une cheville ouvrière de la nouvelle Tunisie démocratique, m'a laissé songeur. Et je me suis dit, ici et là, que ma chère consœur Mireille Vallette - malgré ses propres présupposés fondamentalistes (personne n'y échappe) - n'avait pas tout tort de dénoncer les prétentions orgueilleuses des ténors de l'islam. Ben Achour nous ressort les poncifs d'un monde islamique éclairé sans qui l'Europe serait restée dans la nuit.

    A aucun moment, il ne discute des fondamentaux de sa religion, de la valeur du Coran notamment (parole de Dieu dictée à son prophète pour les croyants qu'il faut croire comme tel et non simple oeuvre d'hommes écrit dans un contexte particulier). 

    Tout juste affirme-t-il , quand il esquisse en quelques pages sommaires ce que pourrait être l'islam en Europe, que "tous les archaïsme de la charia islamique doivent être oubliés". Qu'il n'y a pas de raison que n'importe qui puisse prétendre que la voix ou le visage des femmes est tabou, que l'inégalité successorale constitue à la fois un ordre de Dieu et un précepte du droit naturel, que la polygamie constitue le seul système marital admis par l'islam, que les voleurs doivent être amputés, que les fauteurs de rébellion  doivent avoir les pieds et les jambes amputés en diagonale... Ouf!

    Il s'en sort par une pirouette, le recours à la proportionnalité. Ajoutant aussitôt que "rien n'est plus difficile, en droit comme ailleurs, que l'évaluation de la proportionnalité". Pour conclure que la "laïcité passive, celle de la neutralité radicale de l'Etat, n'est plus de mise".

    François Dermange est plus subtil dans son approche. L'éthicien de la faculté de théologie protestante de l'Université de Genève questionne les fondamentaux de notre vivre ensemble. Comment ils se sont affranchis peu à peu des croyances, principalement du christianisme, pour forger des règles autonomes: soit dans la forme du républicanisme français (qui a bien des égards a substitué à l'ancienne une autre religion dont les clercs sont les enseignants) soit dans la forme du libéralisme (où est déterminante l'éthique des individus, lesquels peuvent adhérer à toutes les croyances ou philosophie ou ou s'en inspirer en toute liberté tant que leur pratique ne nuit pas aux autres). Il ajoute à ces deux vigies une troisième, celle de l'identité, laquelle devrait, en pays de tolérance, tolérer les expressions communautaristes de la foi. Délicate ouverture... qui tolère le voile. Et la burka aussi? Et l'école coranique?

    Je retiens pour conclure provisoirement cette citation de Jean-Marc Ferry que je ne connaissais pas:

    "Sortie du temple, de la synagogue, de l'église ou de la mosquée, la parole de Dieu n'est plus que celle d'hommes et de femmes qui prétendent l'énoncer. Dans un tel espace, où la religion elle-même participerait de l'usage public de la raison, toutes les communautés ont l'agnosticisme en partage; ce qui n'exlut ni la foi, ni l'espérance, ni la charité."

     

    quel islam pour l'europe.pngJe suis tombé sur la première épreuve non corrigée d'un petit livre d'une centaine de pages intitulé "Quel islam pour l'Europe?" (l'ouvrage doit sortir le 6 septembre chez Labor et Fides). Pour un aussi petit livre, le titre est ambitieux. Et incongru.

    Incongru car il laisse entendre que l'Europe aurait besoin d'un islam ou aurait dans son ADN quelques liens avec l'islam (ce que défend l'un des deux auteurs) ou encore qu'un islam à la sauce européenne (c'est-à-dire compatible avec la démocratie, la suprématie du droit civil et les droits humains) serait possible tout en restant conforme au Coran.

    On veux bien espérer cette dernière issue. On appelle même de nos voeux cette réforme de l'islam. On n'en voit rien poindre aujourd'hui dans les discours des imams. Mais il est vrai que ce ne sont pas les horlogers qui ont inventé la montre à quartz, la swatch ou la ewatch.

    La réforme de l'islam (ou un possible vivre ensemble, ce qui ne serait déjà pas mal) viendra donc d'ailleurs. De l'Europe? De Genève?

  • Les trois maillons faibles à Genève

    Imprimer

    Causons donc un peu de ce future gouvernement rouge et jaune. Pour ma part, je ne serais pas étonné de trouver le 6 mai, peu après midi, un Exécutif genevois composé des six sortants et d'une nouvelle femme, la PLR qui porte un nom démocrate-chrétien Nathalie Fontanet. 

    Le 15 avril, le premier tour devrait voir les cinq candidats de l'Entente PLR-PDC arriver en tête. C'est la logique des blocs qui devrait l'emporter. L'Entente espère conserver voire conforter sa place dans l'échiquier politique genevois. A sa droite, le bloc national est divisé. On voit mal les électeurs de Poggia cocher le candidat Stauffer et réciproquement. On les voit mal cocher un des candidats UDC non plus, car ce serait faire prendre un (petit) risque à leur poulain, dont la réélection le 6 mai ne fait guère de doute. 

    La seule inconnue est de savoir si le nouveau bulletin de vote où il faudra cocher au moins un et au plus sept candidats aura un impact sur l'art de voter. Il est plus facile de cocher que d'écrire le nom d'un candidat d'une autre liste. Il est donc possible qu'une partie de l'électorat coche sept noms. Dans ce cas, c'est une prime aux sortants. Mauro Poggia devrait en profiter largement. Au point de s'immiscer dans le trio de tête? Pierre Maudet en profitera-t-il suffisamment pour devenir le premier ministre élu au premier tour à Genève?

    La gauche et les Verts forment le troisième bloc du parlement genevois. Il est encore plus éclaté que les deux autres. Particulièrement à l'extrême-gauche qui compte actuellement plus de courants qu'elle ne détient de sièges au Grand Conseil.

    A ce propos, Genève a sans doute crever un nouveau record national durant la législature qui s'achève. Le Canton a conservé le titre de parlement le plus bavard et le plus indiscipliné de Suisse, il a réussi à créer un nouveau parti: le parti des hors parti..., où se côtoient pas moins de huit députés (autant qu'Ensemble à gauche).

    Contrairement à l'Entente, les Verts et les socialistes ont renoncé à faire liste commune pour le Conseil d'Etat. Cela devrait coûter quelques suffrages à leurs candidats, encore que , comme déjà indiqué, il est plus facile de cocher que d'écrire le nom d'un ou de plusieurs candidats frères ou sœurs.

    Pour le premier tour, la question se résume donc à savoir combien d'électeurs panacheront leur bulletin en composant un bouquet multicolore. Ils favoriseront dans ce cas la réélection des sortants.

    Deux ou trois maillons faibles

    Le sondage de la RTS/Sotomo réalisé auprès des internautes et de la page Facebook de la RTS nomme deux des trois maillons faibles du gouvernement sortant: le PDC Luc Barthassat et la socialiste Anne Emery Torracinta. J'y ajoute le Vert Antonio Hodgers qui même s'il obtient le même score que le PDC Dal Busco est très contesté dans son parti et pourrait pâtir des appétits socialistes.

    Si personne ne doute que le PLR fera élire un successeur à François Longchamp, les places restent chères. D'autant que les maillons faibles sont certes faibles, mais ils n'ont pas non plus démérité. Bien cornaqués par le président Longchamp, les ex-bleus du gouvernement ne traînent pas de grosses casseroles derrière eux.

    Le premier de classe, Pierre Maudet, peut s’enorgueillir d'avoir éteint l’incendie à la police laquelle tient en laisse la petite délinquance, mais le feu couve sous la cendre. Il a calmé les taxis et les débits de boisson, mais là non plus on ne peut pas parler d'une paix durable. Quant à sa politique économique, en est-il vraiment maître?

    Dans les nouveaux candidats, on ne repère guère de premiers couteaux capables par leur personnalité de transcender les partis. Sandrine Salerno, la plus expérimentée sans doute, ne parvient même pas à faire l'unanimité chez elle. Quant aux autres, ils paraissent assez loin des qualités qu'on attend d'un ministre.

    Au fait qu'attend-on d'un ministre? Et c'êst, dit-on, la fonction qui fait l'homme.

     

    * Soyons réaliste: quelques dizaines de milliers de citoyens sur les 500'000 Genevois, dont une grosse majorité d'employés de l'Etat. Sans parler du fait que plus de 40% de la population sont exclus des urnes parce qu'étrangers dont certains sont nés ici ou établis depuis des lustres.

     

     

     

    parlement genevois 2013 2018.jpgGenève se passionne et s'interroge sur la composition du futur Conseil d'Etat pour la période 2018 2023*. Cinq pleines années comme l'a voulu la Constituante, ce qui économise en effet sur le budget des élections (-20% en 20 ans), mais risque d'engluer la gouvernance politique, d'accroître le poids de la fonction publique et de multiplier les recours, initiatives et autres référendums.

    Pauvre Genève, son gouvernement devra s'y prendre à deux fois pour être composé, le 6 mai prochain, alors que les Bernois viennent eux de recomposer le leur en une fois. Notez que ce n'est pas la seule énorme différence: Berne vient, ai-je lu dans Protestinfo, de supprimer la salariat des prêtres et des pasteurs. Ils ne seront donc plus des fonctionnaires d'Etat mais leurs églises conservent de belles subventions, dont les ministres du culte d'ici ont cessé de rêver depuis des lustres. Pendant ce temps, à Genève, les députés s'écharpent autour d'une malheureuse loi sur la laïcité, qui a bouilli deux ans en commission, indifférents aux coûts de leurs débats. Il est vrai que la démocratie, c'est comme la santé, ça n'a pas de prix.

  • Compesières 1970 - Bardonnex 2020

    Imprimer

    Le site de la commune https://bardonnex.ch est en train de faire peau neuve. Espérons que ce changement de look augure d'un enrichissement prochain. Pour l'heure, il n'offre guère d'éléments sur l'histoire récente de notre commune ni sur les tribulations qu'a dû subir le site de Compesières. Je n'ai pas été capable non plus ce jour de retrouver les PV du Conseil municipal. Et je m'interroge, pour la petite histoire, sur un site qui a certes une antenne à Carouge, mais dont un des webmasters est, semble-t-il, domicilié dans les îles Cocos en Australie?

     

    Le premier document que je livre est ce fameux numéros de Bardonnex Information, no 14 de novembre 1970 (à télécharger ici).

    Il présente en première page l'image de la future salle communale telle que l'imaginait l'architecte Virginio Malnati (cliquer sur l'image qui ouvre cette note pour l'agrandir) et en page 2 l'article de Jacques Delétraz. Malheureusement, la commission des monuments et des sites, qui était déjà abusivement toute puissante, imposa un dessin plus paysan - ce sont ses mots - à un bâtiment qui devait se fondre dans la nature. La nouvelle salle communale fut inaugurée en 1977 en grande pompe. Toute la population s'était habillée en costume 1900 (C'est là l'origine de la moustache de rigueur à l'époque, que je porte encore comme quelques autres communiers)

    1975 Compesières construction salle communale et chapelle.jpgPour la petite histoire, la salle communale fut érigée à l'emplacement d'une chapelle, dressée là à la fin du XIXe siècle par les catholiques restés fidèles à Rome de Bardonnex et de Plan-les-Ouates (la paroisse de Plan-les-Ouates n'a été créé qu'au milieu du XXe siècle). En ces temps troublés, la République dominée alors par des radicaux anticléricaux entendaient rogner les ailes ou plutôt les clefs de Saint-Pierre (de Rome, la Saint-Pierre de Genève avait été confisqué en 1536 par les réformés). Il reste de ce temps quelques souvenirs dont le chemin de la baïonnette, en référence à un baptême d'un nouveau-né carougeois, que son père voulait voir officier en l'église de Compesières par un curé qui avait prêté serment à la République. Les maires d'alors de Bardonnex et de Plan-les-Ouates qui étaient nommés par le Conseil d'Etat refusèrent de donner les clés de l'église (la loi de séparation devenue loi sur la laïcité récemment ne sera votée qu'en 1907). Ils furent destitués et il fallut faire monter les gendarmes en force pour que la loi de la République s’applique enfin. Par la suite, l'église de Compesières fut interdite au culte romain ce qui incita les paysans du cru à bâtir la fameuse chapelle sur une parcelle donnée par la famille du cardinal Mermillod. (photo tirée de la Mémoire de Bardonnex sur Facebook)

    Si la salle communale a été érigée sur la parcelle Mermillod, c'est que, dans les années 70, la ferme de Compesières était encore en pleine activité et que son propriétaire, âgé et sans descendance directe, refusait de la vendre à la commune. L'achat survint cinq ans après l'inauguration de la salle communale. Pour 2,2 millions, la commune acquit la ferme, ses dépendances et les terrains agricoles qui s'étendent du chemin des Rempart à la route de Saconnex-d'Arve. Un des adjoints d'alors a rappelé récemment qu'il avait contribué à faire baisser la facture de 400'000 francs. 

     

    Le deuxième document est le résultat du concours d'architectes réalisé en 1997(à télécharger ici).

    1997 1er prix concours architectes.jpg

    Il prévoyait de construire une nouvelle école à l'emplacement de la ferme de Compesières. Le premier prix, une architecture intégrative comprenant des grands toits et même un donjon firent hurler les architectes qui se prétendaient dépositaires de Le Corbusier et consorts. Ils trouvèrent la faille pour mener à bien leur opération de destruction. La commune confiante dans la promesse du canton de classer Compesières en zone ad hoc était allée de l'avant jusqu'à la demande d'autorisation de démolition de la ferme. Le Tribunal fédéral mit son aula comme je l'ai déjà expliqué dans une note récente. 

    Le architectes ne s'opposaient pas à ce qu'une nouvelle école soit construite à Compesières. Ils s'opposaient un premier prix et à son architectes François Bouvier et ne seraient sans doute pas intervenus si une forme cubique en béton et verre, signature du présent siècle, avait été choisie par le jury. 

     

    Pour des raisons qui me restent obscures, la commune a renoncé à construire une nouvelle école sur le site de Compesières. Son projet est de la bâtir sur la parcelle Mermillod, dont elle est devenue pleinement propriétaire en octobre 2019. Le problème, qui semble avoir échappé à la présente mairie, c'est que le programme du concours d'idées réalisé cette année ne demandait clairement pas aux architectes de conserver la salle communale également salle de gymnastique. Et dont que la plupart des concurrents, y compris le vainqueur, proposent de démolir le bâti existant. Ce qui veut dire, que la commune sera privée de salle communale pendant plusieurs années. 

    Pour le maire sortant, Alain Walder, qui a présidé le jury du concours d'idées, rien de scandaleux à ça. Son idée, qu'il avait présentée à la population en 2016 ou 2017 (de mémoire) était de réaliser simultanément l'école et la transformation de la ferme de Compressives, où possiblement pourrait être créée la nouvelle salle communale de Bardonnex. 

    Or la Mairie actuelle semble avoir renvoyé à plus tard l'épineuse question de la ferme. 

    Je ne doute pas que toutes ces questions trouveront une réponse dans le rapport de la commission des bâtiments qui se verra confier la tâche d'étudier le projet de délibérations présentés ce soir. 

    Parfois, je me dis qu'on devrait peut-être tout remettre à plat. On ne demandera pas aux élus PDC de se désavouer. Mais on peut espérer que Bardonnex Alternative et le PLR commencent à poser les bonnes questions. Ensemble ils ont la majorité.

     

    * Le rédacteur en chef du journal Bardonnex Information, Jules Mabut, député indépendant chrétien social, leader paysan, devait succéder à l'inspecteur d'école, de 1975 à 1987, comme maire PDC et Entente.

    1970 salle communale compesières.jpg

    En 1970, deux événements majeurs retenaient l'attention des élus et de toute la population de Bardonnex: la présentation de la nouvelle salle communale et le 700e anniversaire de la donation de l'église à l'ordre hospitalier des chevaliers de Malte par l'évêque de Genève en 1270, première mention de Compesières dans un document officiel. 

    L'alors future salle communale, attendue depuis longtemps, était présentée dans le seul journal communal - Bardonnex Information* - par Jacques Delétraz, maire.  

    Ce soir, 13 octobre 2020, le Conseil municipal de Bardonnex doit discuter d'un projet de délibération qui pourrait avoir pour conséquence la démolition totale ou partielle de la salle communale. Toute une histoire.