Les trois maillons faibles à Genève (28/03/2018)

parlement genevois 2013 2018.jpgGenève se passionne et s'interroge sur la composition du futur Conseil d'Etat pour la période 2018 2023*. Cinq pleines années comme l'a voulu la Constituante, ce qui économise en effet sur le budget des élections (-20% en 20 ans), mais risque d'engluer la gouvernance politique, d'accroître le poids de la fonction publique et de multiplier les recours, initiatives et autres référendums.

Pauvre Genève, son gouvernement devra s'y prendre à deux fois pour être composé, le 6 mai prochain, alors que les Bernois viennent eux de recomposer le leur en une fois. Notez que ce n'est pas la seule énorme différence: Berne vient, ai-je lu dans Protestinfo, de supprimer la salariat des prêtres et des pasteurs. Ils ne seront donc plus des fonctionnaires d'Etat mais leurs églises conservent de belles subventions, dont les ministres du culte d'ici ont cessé de rêver depuis des lustres. Pendant ce temps, à Genève, les députés s'écharpent autour d'une malheureuse loi sur la laïcité, qui a bouilli deux ans en commission, indifférents aux coûts de leurs débats. Il est vrai que la démocratie, c'est comme la santé, ça n'a pas de prix.

Causons donc un peu de ce future gouvernement rouge et jaune. Pour ma part, je ne serais pas étonné de trouver le 6 mai, peu après midi, un Exécutif genevois composé des six sortants et d'une nouvelle femme, la PLR qui porte un nom démocrate-chrétien Nathalie Fontanet. 

Le 15 avril, le premier tour devrait voir les cinq candidats de l'Entente PLR-PDC arriver en tête. C'est la logique des blocs qui devrait l'emporter. L'Entente espère conserver voire conforter sa place dans l'échiquier politique genevois. A sa droite, le bloc national est divisé. On voit mal les électeurs de Poggia cocher le candidat Stauffer et réciproquement. On les voit mal cocher un des candidats UDC non plus, car ce serait faire prendre un (petit) risque à leur poulain, dont la réélection le 6 mai ne fait guère de doute. 

La seule inconnue est de savoir si le nouveau bulletin de vote où il faudra cocher au moins un et au plus sept candidats aura un impact sur l'art de voter. Il est plus facile de cocher que d'écrire le nom d'un candidat d'une autre liste. Il est donc possible qu'une partie de l'électorat coche sept noms. Dans ce cas, c'est une prime aux sortants. Mauro Poggia devrait en profiter largement. Au point de s'immiscer dans le trio de tête? Pierre Maudet en profitera-t-il suffisamment pour devenir le premier ministre élu au premier tour à Genève?

La gauche et les Verts forment le troisième bloc du parlement genevois. Il est encore plus éclaté que les deux autres. Particulièrement à l'extrême-gauche qui compte actuellement plus de courants qu'elle ne détient de sièges au Grand Conseil.

A ce propos, Genève a sans doute crever un nouveau record national durant la législature qui s'achève. Le Canton a conservé le titre de parlement le plus bavard et le plus indiscipliné de Suisse, il a réussi à créer un nouveau parti: le parti des hors parti..., où se côtoient pas moins de huit députés (autant qu'Ensemble à gauche).

Contrairement à l'Entente, les Verts et les socialistes ont renoncé à faire liste commune pour le Conseil d'Etat. Cela devrait coûter quelques suffrages à leurs candidats, encore que , comme déjà indiqué, il est plus facile de cocher que d'écrire le nom d'un ou de plusieurs candidats frères ou sœurs.

Pour le premier tour, la question se résume donc à savoir combien d'électeurs panacheront leur bulletin en composant un bouquet multicolore. Ils favoriseront dans ce cas la réélection des sortants.

Deux ou trois maillons faibles

Le sondage de la RTS/Sotomo réalisé auprès des internautes et de la page Facebook de la RTS nomme deux des trois maillons faibles du gouvernement sortant: le PDC Luc Barthassat et la socialiste Anne Emery Torracinta. J'y ajoute le Vert Antonio Hodgers qui même s'il obtient le même score que le PDC Dal Busco est très contesté dans son parti et pourrait pâtir des appétits socialistes.

Si personne ne doute que le PLR fera élire un successeur à François Longchamp, les places restent chères. D'autant que les maillons faibles sont certes faibles, mais ils n'ont pas non plus démérité. Bien cornaqués par le président Longchamp, les ex-bleus du gouvernement ne traînent pas de grosses casseroles derrière eux.

Le premier de classe, Pierre Maudet, peut s’enorgueillir d'avoir éteint l’incendie à la police laquelle tient en laisse la petite délinquance, mais le feu couve sous la cendre. Il a calmé les taxis et les débits de boisson, mais là non plus on ne peut pas parler d'une paix durable. Quant à sa politique économique, en est-il vraiment maître?

Dans les nouveaux candidats, on ne repère guère de premiers couteaux capables par leur personnalité de transcender les partis. Sandrine Salerno, la plus expérimentée sans doute, ne parvient même pas à faire l'unanimité chez elle. Quant aux autres, ils paraissent assez loin des qualités qu'on attend d'un ministre.

Au fait qu'attend-on d'un ministre? Et c'êst, dit-on, la fonction qui fait l'homme.

 

* Soyons réaliste: quelques dizaines de milliers de citoyens sur les 500'000 Genevois, dont une grosse majorité d'employés de l'Etat. Sans parler du fait que plus de 40% de la population sont exclus des urnes parce qu'étrangers dont certains sont nés ici ou établis depuis des lustres.

 

 

 

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