A cinq semaines de l'élection du Parlement de l'Union des 27 ou des 28, les médias font des efforts pour parler de l'Europe . Le ton est souvent volontariste, comme s'il s'agissait de conjurer un sort que les sondages annoncent funeste: un émiettement accru des partis politiques, une montée des mouvements nationalistes, bref une ingouvernabilité croissante, un mal qui frappe tous les pays et qui pose un sacré défi à la démocratie, ce "pire des systèmes de gouvernance à l'exception de tous les autres" comme disait Churchill 1).
Ce matin, Libération interviewe Olivier Guez. Le prix Renaudot 2017 (pour "La disparition de Josef Mengele", une oeuvre un peu scolaire, a jugé Jean-Michel Olivier) a publié sa Lettre à l'Europe, ce dimanche de Pâques à l'heure de la messe - un hasard? - sur le site de l'Obs, l'hebdo ayant commandé à divers écrivains et penseurs de lui envoyer une Lettre à l'Europe. Le texte n'est visible que par ceux qui paient, mais la Suddeutsche Zeitung l'a fait traduire et le publie en clair sur son site.
"Mais qu'ont-ils fait de toi?" L'écrivain strasbourgeois bilingue désigne le coupable: "Ils". "Ils", les politiciens frileux qui dirigent - ou voudraient guider - tes petites nations, depuis vingt ans. "Ils", qui t'accablent de tous les maux alors qu'ils t'ont construite frigide et boiteuse."

En prélude au 200e anniversaire du rattachement, en 1819, de l'