La Ville de Genève nous promet de dépenser un milliard et 21 millions de francs en 2008. Et d'engranger 90'000 francs de revenus en plus. L'équilibre exigé par la loi est donc atteint formellement. Tous les documents sont accessibles ici.
Un milliard de francs, ça fait environ 6'000 francs par habitant. Comme l'écrivait Patrice Mugny quand il était rédacteur en chef du Courrier, une famille de quatre personnes qui paient moins de 24'000 francs d'impôt communal par an est gagnante.
Ces 24 000 francs de prestations municipales (auxquels il faut ajouter quelque 50'000 francs de prestations cantonales) se décomposent comme suit, selon le graphique fournit ce lundi par la ministre des finances Sandrine Salerno: un gros quart pour l'action sociale et le sport, un quart pour le service de la dette et l'aide au logements, un cinquième pour la culture et un sixième pour l'environnement et la sécurité.
C'est peu ou c'est beaucoup? Pourquoi pas un tiers pour l'action sociale ou la culture ou l'environnement? Qu'y a-t-il exactement dans la chapitre finances et logement? Salerno n'a évidemment pas donné de réponses à des questions qui n'ont pas été posées. Et qui ne le seront vraisemblablement pas, tant l'examen d'un budget est une opération de routine et de détails dans laquelle se noie la plupart des élus.
Le message officiel explique en long et en large combien la recherche de l'équilibre a été difficile et qu'il a fallu se résoudre à quelques sacrifices. Mais que l'essentiel est sauf et que même les bébés auront un sucre en plus l'an prochain.
Questions: comment la Ville justifie-t-elle d'encaisser en 2008 moins d'argent qu'en 2006? C'est pourtant ce qui ressort des chiffres publiés: 781 millions en 2008 contre 825 millions en 2006? La ville craindrait-elle une fuite de ses riches contribuables à la suite de quelques futures mesures paganiennes ou salernistes l'an prochain. Cette prudence est, il est vrai, le résultat des corrections affectant les comptes 2006 qui enregistrent des plusvalues fiscales imputables en fait aux années 2002 à 2005, mais l'on peut néanmoins se demander si la Ville ne pêche pas par excès de précaution.
De même pourquoi réduire les investissements de dix millions, à 90 millions, alors que la marge d'autofinancement s'améliore et atteint 66% avec une enveloppe d'investissement à 100 millions?
Pour le reste les nombreux documents du budget ne sont guère explicites sur la réalité du service public municipal.
Aucun chiffre physique n'est livré en face des francs. Pas une information sur la fréquentation des musées, des théâtres, des bibliothèques. Pas un mot sur les surfaces entretenus, les tonnes d'ordures levées, le nombre de sportifs. Rien sur le nombre de locataires aidés, de personnes assistées. Etc.