Agri-culture. C’est la dernière installation d’un designer hollandais original. Cherchant à marier technologie et création artistique, Daan Roosegaarde, c’est son nom, a diffusé en janvier dernier une vidéo de sa dernière trouvaille GROW: un champ de poireaux de deux hectares éteincellant de lumières bleues, rouges et violettes.
Bon pour la croissance de ce légumes selon les biologistes qui ajustent les meilleures longueurs d’onde aux légumes et fleurs. Bon pour la planète puisqu’une plante vigoureuse est moins sensible aux maladies. Bon pour l’artiste aussi et son idée de montrer aux urbains sous le feu des leds combien ils sont redevables à l’agriculture et de les persuader que la techniques bien conduites ne nuit pas.
On aimerait tant que nos ayatollahs vertes d’ici, qui veulent nous faire ingurgiter leur catéchisme sous forme de nouvelles lois yaka faukon, s’inspirent de l’artiste hollandais. Mais il est vrai que le World Economic Forum qui soutient la recherche de Roosegaarde n’est pas prophète en son pays.
Peu de Genevois ont grimpé au Salève cette année encore, pandémie virale oblige. Du haut de notre montagne, c’est un bonheur que de découvrir en avril la marqueterie des champs de colza dans notre campagne. La promenade au bord de ces champs bourdonnant est un enchantement qu'augmente le parfum mielleux de cette houle en fleurs. Selon le ciel, le jaune pantone 1235 vire et nous ensorcelle.
Cette année les colza étaient particulièrement magnifiques du côté de la capite de Verbant. Un mien voisin a même tenté d’en saisir la beauté éphémère sur la toile. Plutôt bien.
Le froid et des traitements judicieux ont préservé les cultures contre son principal ravageur le méligèthe. L’insecte qui est aussi un pollinisateur utile peut détruire une récolte entière lorsque il se multiplie avant l’éclosion des bourgeons floraux. Fatalité du méligèthe que sa prolifération fait menace. Retenons cette leçon: en tout c’est la dose qui fait le poison.
Le risque élevé de générations précoces des méligèthe fait du colza une culture particulièrement périlleuse en bio. D’autant que d’autres ravageurs adorent cette crucifère, dont l’huile, riche en Omega 3, a gagné le palais des gastronomes: les limaçons au semis, le gros charançon en automne.
Peut-on se passer des traitements? La question hante les agriculteurs qui entendent bien les inquiétudes des urbains qui s’apprêtent à voter en masse le 13 juin prochain pour interdire les substances chimiques de synthèse, mais regrettent qu’on leur donne des leçons sans connaître la réalité du terrain.
Les exemples de paysans bio que notre chère RTS nous sert à longueur de journée sont rarement pertinents. Si le bio est relativement facile à maîtriser dans les jardins où les légumes ont généralement une durée de vie est courte, ce n’est que rarement le cas de certaines plantes qui réclament comme le colza d’être semé fin août et récolté au mois de juillet suivant. Autre paradoxe problématique, les haies sensées hébergés des ennemis des ravageurs des plantes, qu’on replante donc au milieu des champs bios. Elles sont aussi des réservoirs à ravageurs. Semer un colza en bordure d’un bois et observer la lisière... Cette article décrit bien cette tension entre l’idéal bio et la réalité économique dont la finalité est aussi de produire assez de nourriture pour les bientôt 8 milliards d’humains vivant à la surface de la planète, sans compter nos animaux de compagnie.
La peur verte est sans doute bonne conseillère, elle interroge des pratiques et des modes de production, de transformation, de distribution et de consommation. Cependant la peur verte ne peut prétendre dicter ses lois. Elle doit rester raisonnée et raisonnable. Ainsi en va-t-il aussi de la peur climatique ou naguère de la peur des rouges ou, plus diffuse, de la peur « des jaunes » et - parfaitement intolérable en ces temps ou la gomme, le cancel et le deleat gouvernent la liberté d’expression - de la peur des gens de couleur...