Dans le supplément hebdomadaire du journal La Croix, je tombe sur les mot de Magda Hollander-Lafon, 93 ans, une rescapée d’Auschwitz. Les tribulations d’une de ces ultimes témoins de la Shoah, une habituée des médias, font des chocs, des affres et des états d’âme que traverse le monde aujourd’hui presque des peccadilles. Elle publie chez Bayard un ouvrage sur ses longues années de psychologue pour enfant: Demain au creux de nos mains.
Quelques perles tirées de cette interview pour ce dimanche, où s’est déroulée à Troinex, dans le huis-clos des familles, la confirmation d’une poignée d’adolescents de l’Unité pastorale Salève. La dernière fois que ce rite de passage catholique a eu lieu à Compesières en présence de l’évêque Charles Morerod, c’était en 2017 (photo).
Si j’évoque une cérémonie catholique, c’est Magda Hollander-Lafon, née dans une famille juive en Hongrie, dit avoir compris que Dieu avait pris un risque en se faisant homme... « Aujourd’hui, je suis une juive baptisée, une juive chrétienne, je suis dans l’Église. Je suis toujours en éveil pour dire que nous sommes tous des judéo- chrétiens. »
« Quand je me tiens devant des jeunes, je leur dis : « Vous êtes uniques, vous êtes très importants. » Nous considérons souvent l’autre, notamment les enfants, comme des objets, comme nos objets, comme s’ils nous appartenaient. Aucun enfant ne nous appartient. Nous devons les accompagner pour qu’ils appartiennent à eux-mêmes. Souvent, on décide pour eux. Beaucoup me répondent : « Magda, personne, jamais, ne nous a dit que nous étions importants. » »
Une fois n’est pas coutume, je reproduis ci-dessous, cet entretien avec ce témoin capital.
Magda Hollander-Lafon« Un seul regard peut sauver un être »
Recueilli par Fanny CheyrouPhoto : Richard Dumas pour La Croix l’Hebdo
Elle a été déportée à Auschwitz-Birkenau à l’âge de 16 ans. Dans son bureau gorgé de lumière, à Rennes, cette ancienne psychologue pour enfants publie un manifeste poignant adressé à la jeunesse. À 93 ans, Magda Hollander-Lafon est convaincue que nous sommes collectivement responsables du monde de demain. Alors, elle « fait sa part ».
Pourquoi demandez-vous à tout le monde de vous appeler Magda ?
Quand on me dit « madame », je me cherche. Tout le monde m’appelle par mon prénom. Magda, je trouve que c’est chaleureux. Tous les enfants que j’ai rencontrés, plus de 50 000 jeunes sur toute ma vie, m’appellent ainsi. Je suis hongroise d’origine. C’est un prénom courant en Europe de l’Est, le diminutif de Magdaleine. Ma mère s’appelait Esther et ma sœur, Irène.
Elles étaient comment, votre maman et votre sœur ?
Nous avons été déportées ensemble. Le jour-même de notre déportation, elles ont disparu dans la chambre à gaz. Ma mère était très simple et présente, parce que mon père était toujours absent. C’est le souvenir qui me revient. Ma petite sœur, c’était quelqu’un qui manifestait son envie d’exister. Elle était très douée. Nous avions quatre ans d’écart. J’avais 16 ans, elle en avait 12. C’était pour moi l’âge de l’adolescence, il y avait toujours des conflits entre nous. J’étais la grande sœur et elle la petite, alors ce n’était pas tous les jours dimanche. Ce n’est pas un drame, mais un vécu. Ma petite sœur fait partie de mon histoire personnelle. Je fais une grande différence entre la mémoire et le souvenir. La mémoire est pour moi inscrite dans l’Histoire. Le souvenir est inscrit dans le cœur, vous pouvez l’utiliser comme vous voulez. Et c’est très variable, il peut changer selon nos états d’âme. La mémoire, c’est beaucoup plus exigeant. Toute notre vie, nous essayons de purifier notre mémoire.
Où est passée votre langue maternelle ?
J’ai complètement oublié ma langue maternelle, je ne peux plus la parler. Je ne peux plus prononcer un seul mot de hongrois. Et quand on me parle, je ne comprends pas. Je peux seulement lire. Quand je suis retournée en Hongrie, après la guerre, j’ai réalisé que j’avais perdu la langue. Il y a des mots qui sont restés, bien sûr, mais il me faut réfléchir pour les trouver. Cette langue que j’aimais tant, je me revois enfant, écrivant beaucoup… Dans les camps, déjà, j’ai eu beaucoup de mal à parler avec les Hongroises. Je parlais très peu, je préférais les écouter parler. Un jour, une femme m’a donné quatre petits bouts de pain qui lui appartenaient, et m’a dit d’une voix à peine audible, en hongrois : « Tu es jeune, tu dois vivre, pour dire au monde ce qui se passe ici, et que ça n’arrive plus jamais. » J’ai tout compris ce jour-là.
Quel est votre premier souvenir en sortant du camp de concentration ?
Quand les Américains nous ont retrouvés, nous étions dans un état lamentable. Ils nous ont emmenés chez des gens qui voulaient nous offrir tout un tas de choses. J’ai dit que nous n’avions pas besoin de tout ça, simplement d’une robe pour nous changer. Les Américains m’ont alors demandé ce que je souhaitais. Et je me souviens avoir été incapable de dire si je souhaitais d’abord manger du pain, ou me laver. J’ai choisi de me laver. Vous ne pouvez pas imaginer la joie que j’ai eue de voir toute cette eau devant moi. Je voyais mille couleurs. C’était une bassine tout à fait ordinaire, grande, en zinc, mais elle était pleine d’eau tiède et elle ne me glaçait pas. J’ai pu me laver les mains, le visage, toute cette eau pour moi toute seule. Je n’étais même pas encore nue, mais je découvrais un corps qui était le mien. Après seulement, j’ai mangé du pain. Je n’ai pas mangé, j’ai avalé.
Quel genre de petite fille étiez-vous ?
J’étais très déterminée, déjà avant la guerre je n’étais pas facile, j’exigeais des choses. Je crois que ma place était dans les arbres, je grimpais dans les branches avec mes papiers et mes crayons. J’écrivais tout ce qui n’allait pas. Et je mettais tout au pied de l’arbre. Parce que j’étais sûre qu’il m’entendrait et ne le dirait à personne. Quand on m’a sortie de l’école à 14 ans, c’était une énorme humiliation pour moi qui aimais ça. La Hongrie était très antisémite, jamais personne ne nous a tendu la main. J’étais une petite fille très révoltée, j’aimais que les choses soient justes. Et je trouvais que la vie n’était pas juste. Pour nous, les juifs, la vie n’était pas juste.
La semaine dernière au téléphone, vous m’avez dit : « J’adore les questions. »Qu’aimez-vous, dans les questions ?
Quand vous posez une question à quelqu’un, vous le faites exister. Vous ne le considérez pas comme un objet. Lorsqu’on vous pose une question, c’est que vous avez la parole. Pour moi, c’est existentiel une question, il ne devrait y avoir aucune question interdite. Quand on n’a pas la réponse à une question, ce n’est pas grave. Vous pouvez toujours répondre : « Votre question m’interpelle, mais je ne peux pas vous répondre. » Déjà, vous aurez pu exprimer votre ressenti. Et dans votre ressenti, c’est votre unicité, votre existence qui se trouve. Personne ne peut dire à votre place ce que vous ressentez. Personne ne peut répondre pour vous. Une question, c’est un pont, c’est une ouverture vers l’autre.
Vous dites ça aux jeunes que vous rencontrez ?
Quand je me tiens devant eux, je leur dis : « Vous êtes uniques, vous êtes très importants. » Nous considérons souvent l’autre, notamment les enfants, comme des objets, comme nos objets, comme s’ils nous appartenaient. Aucun enfant ne nous appartient. Nous devons les accompagner pour qu’ils appartiennent à eux-mêmes. Souvent, on décide pour eux. Beaucoup me répondent : « Magda, personne, jamais, ne nous a dit que nous étions importants. »
Les mots simples ont souvent beaucoup de poids. « Vous êtes responsable de votre vie », leur dis-je aussi. C’est peut-être évident, mais je ne l’entends pas beaucoup dire. Les gens portent en eux la blessure de ne pas avoir été entendus pour eux-mêmes. L’enfant est un être vivant que nous accompagnons pour son devenir. Jamais on ne peut devenir seul, nous avons toujours besoin de quelqu’un qui nous révèle à nous-même.
Quelle est la question la plus marquante que vous ont posé les jeunes ?
« Comment, Magda, pouvons-nous travailler pour la paix ? » Je leur réponds qu’on préfère reprocher des choses à l’autre que l’aimer. C’est d’ailleurs le vice de notre époque. Internet est un procès ouvert en permanence. Tout le monde s’y divise, parce que tout le monde critique et trouve toujours chez l’autre ce qui ne va pas. Au lieu de voir ce qui va bien. « Est-ce que vous n’avez pas tous un regard ? », je réponds à ces jeunes. Vous savez qu’avec ce regard, vous pouvez tuer, juger et condamner. Je leur dis : en regardant, parfois, vous avez humilié. Est-ce que vous avez dépassé la violence et donné de la force à quelqu’un pour continuer ? Est-ce que vous avez appelé en lui la beauté et l’élan pour vivre ? Un simple regard sur un être peut tuer en lui le goût de la vie. Un simple regard peut le sauver. Nous sommes révélateurs du meilleur et du pire de l’autre. Pourquoi ce besoin de juger ? C’est ça de travailler pour la paix. Voilà ma réponse.
Qu’est-ce qui vous a le plus choquée de ce que vous avez entendu de la part des jeunes ?
Nous parlions des blagues. L’un d’eux m’a raconté celle-ci : « Quel est l’hôtel avec le plus d’étoiles ? » La réponse était « Auschwitz » ! Ils étaient des centaines devant moi, je leur ai demandé ce qu’ils ressentaient quand ils entendaient ça. Ils m’ont dit qu’ils riaient avec les autres. Je leur ai dit, ah, est-ce vraiment une blague ? Ils ne réalisent pas la réalité des mots, la réalité des faits. On les prive de conscience, pourtant ils ne demandent que ça. Et je me demande, qu’est-ce que nous leur transmettons, nous, les adultes ?
On se demande surtout quel est ce monde, où l’homme est capable du meilleur comme du pire ?
Il est en vous ce monde ! Il est en moi. Vous savez, si je décidais de vous raconter la partie la plus sombre de ma vie, avec ce que j’ai vu des plus grandes horreurs de l’humanité, je pourrais décourager un régiment de vivre. Mais je choisis de parler de ce qu’il y a de bon. Aujourd’hui tout le monde se divise, c’est facile. Détrôner quelqu’un, c’est à la portée de n’importe quel imbécile ! Mais voir que dans l’autre il y a du meilleur possible, ça, c’est salutaire.
Faut-il avoir connu la souffrance pour apprécier la vie ?
Pas forcément. Une chose est sûre, nous connaissons tous la souffrance. Il faut interroger cette souffrance : est-elle liée à un manque de compréhension, à un jugement, à une humiliation ? Si l’injustice nous fait souffrir, cela signifie qu’il y a du juste en nous, et ainsi de suite. Mais quelque chose m’interroge encore dans la nature humaine. Comment la soumission massive est-elle possible ? Les nazis, par exemple, étaient morts vivants, ils ne souffraient plus. Parce que je crois que le fanatisme supprime toute humanité. Pensez-vous que cet homme qui a assassiné ce professeur en octobre avait des sentiments ? Cette bascule dans une telle violence est un grand mystère. Ma conclusion est donc que quand vous ressentez une souffrance, soit vous vous vengez, soit vous l’interrogez.
Vous êtes une survivante de la Shoah. Quelqu’un vous a soufflé : « Dites que vous avez 18 ans » en arrivant à Auschwitz, ainsi vous avez échappé à la chambre à gaz. Comment avez-vous fait pour que la question « Pourquoi moi ? » ne vous poursuive pas toute votre vie ?
Je suis une survivante. Je me suis posé la question à 17 ans quand j’ai été libérée : pourquoi suis-je survivante ? Toutes les merveilles qui sont parties en fumée, vieillards, enfants, pour rien. Uniquement pour avoir été juifs. Lorsque j’ai reconnu que j’allais mourir, c’était une réalité. Je n’avais plus peur de mourir. Tout comme aujourd’hui, je me sens en fin de mon parcours de vie. Je sais que pour moi il n’y en a plus pour longtemps. Mais intérieurement je me sens en paix, parce que c’est une réalité et que je n’ai plus peur. Je me dis voilà, j’ai 93 ans, j’ai eu une vie pleine. Je peux très humblement me dire que longtemps je me suis punie d’être vivante, mais j’ai compris qu’en culpabilisant toute ma vie, je donnais encore raison et un immense pouvoir à Hitler sur moi. Quand j’ai compris ça, je me suis réveillée, quasiment du jour au lendemain. J’avais 40 ans.
À quoi a servi tout le silence entre votre sortie de camp de concentration à 17 ans et vos 40 ans ?
Ce silence-là ? C’était une autodestruction. Il y a des silences bienveillants, spirituels, qui construisent. Mais celui-là, il me punissait d’être vivante. J’ai voulu mourir trois fois, après les camps. Je comprends que certains se soient suicidés. La mort d’êtres comme Primo Levi, c’est un grand chagrin. Ils étaient déçus. Moi aussi j’étais déçue, mais il y avait toujours quelque chose pour me rattraper. Je pense que tous ceux qui sont partis, jusqu’à la dernière minute, voulaient vivre.
Vous dites que l’Église ne vous a pas beaucoup défendue pendant la guerre. Pourquoi alors vous êtes-vous convertie au christianisme ?
Après la guerre, j’ai été placée dans un orphelinat, puis dans un foyer protestant. Là, une dame magnifique s’occupait de moi, je lui ai demandé la signification de sa croix autour du cou. Cette croix réveillait des souvenirs en moi, de mes 7 ans, en Hongrie, quand je m’étais échappée de la maison un Vendredi saint alors que j’en avais l’interdiction, et que j’avais vu des chrétiens sortir de la messe avec une croix dans la main, et tabasser des juifs dans la rue avec cette même croix. Ce qui m’effraie encore à la messe, le Vendredi saint, c’est que nous lisons dans l’Évangile de saint Jean « les juifs », identifiés comme les méchants. L’Église a transmis ça. Alors je dis au prêtre, encore aujourd’hui, on ne peut pas dire « des »juifs ? Quand on dit « les », c’est tout le monde. Le danger est dans l’article « les ». Comme « on », d’ailleurs. « On », ce n’est personne, c’est un objet. Réveillez-vous, vous êtes quelqu’un ! Être juif, c’est vivre dans la certitude qu’au terme de l’histoire et par la seule grâce de Dieu, la justice et la paix l’emporteront. (Elle s’interrompt, saisie par l’émotion, avant de terminer sa phrase.) Sur la haine et sur la mort. En ce sens, le prêtre m’a répondu un jour que nous étions tous des juifs, c’est la base de l’humanité. Et comme je dis souvent, Auschwitz est en chacun de nous. Mais quand je vois la recrudescence de l’antisémitisme en France, je m’inquiète profondément. Car si le juif est en danger, l’humanité est en danger, et Dieu est en danger.
Qu’est-ce qui vous a réconciliée avec la croix ?
C’est pour ne plus avoir peur qu’il faut poser des questions. Quand j’étais petite, j’avais peur quand on rencontrait une croix à un carrefour. Mais cette dame que j’ai rencontrée dans mon foyer m’a répondu en parlant de sa médaille : cette croix, c’est Jésus-Christ. Puis elle m’a donné l’Évangile. Je l’ai ouvert et je suis tombée par hasard sur Matthieu, 25 : « J’avais faim et tu m’as donné à manger. J’avais soif et tu m’as donné à boire. J’étais nu et tu m’as vêtu. » Je me suis dit : « Ça c’est super, ça c’est quelqu’un qui m’intéresse. » La Bible, c’est merveilleux, ça parle de nous aujourd’hui. Je ne suis pas une convertie, car je n’ai jamais abandonné mes racines. Mais j’ai compris que Dieu avait pris un risque en se faisant homme. Que c’était quelqu’un qui nous dit combien l’être humain est important. J’ai compris qu’on découvrait Dieu à travers l’homme, qu’on ne l’apprenait pas par cœur. Quand j’ai épousé l’Église, j’étais jeune. Aujourd’hui, je suis une juive baptisée, une juive chrétienne, je suis dans l’Église. Je suis toujours en éveil pour dire que nous sommes tous des judéo- chrétiens. Je marche sur les pas du Christ juif. Quand l’Église ne se réfère pas à ses racines, elle est en danger, elle se dessèche. Pour moi, être chrétienne, c’est une responsabilité choisie.
Vous écrivez dans votre livre que demain dépend de la manière dont nous vivons le présent. Que voulez-vous dire ?
La manière dont je vis, dont je me questionne chaque jour, dont je creuse et essaie de comprendre, c’est ça qui construit demain. Et puis il y a le fait d’aimer, d’apprendre à aimer. On parle beaucoup de l’amour, on le met à toutes les sauces. Mais le mot aimer est très fort. On n’aime jamais pleinement. Nous aimons l’autre souvent pour nous-même, mais rarement pour lui-même. Car on n’aime jamais vraiment l’autre que quand on a appris à s’aimer soi-même. J’espère mourir en aimant, jusqu’à la fin de ma vie en tout cas j’apprendrai à aimer.
Vous faites une ode à la jeunesse, mais la période que l’on traverse nous donne envie de faire une ode à la vieillesse. Au vieil âge, et à ce que nous perdons de manière accélérée depuis quelques mois, à cause de l’éloignement physique entre les générations.
Oui, c’est vrai, toutes ces mémoires qui s’éteignent de manière accélérée depuis le début de cette crise. Il faut célébrer l’âge ! Quand on arrive à un certain âge, on a tendance à penser que la mort est notre issue, mais l’issue reste toujours demain. Quel que soit l’âge, la vie est sacrée, et chacun de nous est responsable de demain. Tout commence par nous, il y a un commencement en chacun de nous, nous portons le monde jusqu’à notre dernier souffle.
Vous qui avez vécu presque un siècle, comment comparez-vous ces deux grands évènements mondiaux qui auront marqué le début et la fin de votre vie ?
J’ai l’impression d’avoir déjà éprouvé la période que nous vivons. Pas du fait du virus en tant que tel, mais dans ce qu’il sous-tend : la menace de la division, la peur grandissante de l’autre, des Arabes, des juifs. Il ne faut jamais mettre tout le monde dans le même sac, il faut veiller à ne pas se laisser influencer. Je peux choisir et je n’ai pas à subir l’état d’esprit dans lequel je vis cette période, mais c’est exigeant. Lorsqu’on est négatif dans une discussion, on ne se rend pas toujours compte qu’on révèle l’autre au repli sur lui ou elle-même, au lieu de le révéler à toute cette beauté qu’il y a en lui ou en elle. Ma vie m’a prouvé que même dans le pire il y a quelque chose de bon, et ça, j’en suis sûre. Chacun attend qu’on le révèle à lui-même, j’adviens toujours en fonction de la manière dont on m’accueille.
Pourquoi elle
Les jeunes lui tiennent à cœur depuis toujours, elle les aime, elle grandit à leurs côtés et les fait grandir comme elle peut. Cette ancienne psychologue pour enfants n’utilise que des mots simples, c’est sa philosophie. À 93 ans, elle se redresse dans son fauteuil, s’en va chercher un document et vous lance en riant : « Vous savez, quand on rajeunit, on ne bouge pas trop vite. » Puis elle revient avec son dernier livre dans la main, publié récemment. Elle a rencontré, au cours de sa vie, des milliers d’enfants et adolescents.
Magda Hollander-Lafon fait partie des derniers témoins de la Shoah, elle a été déportée à 16 ans à Auschwitz-Birkenau. Depuis cinquante ans, elle s’est donné la mission de réparer la dignité de l’homme, non pas en racontant son passé tel un « vieux dinosaure », mais en dialoguant sur l’urgence de se tourner vers demain. La sagesse qu’elle transmet pourrait sembler d’une grande banalité, mais de sa bouche les mots sortent avec une simplicité devenue rare. Mère de quatre enfants, grand-mère de onze petits-enfants et deux arrière-petits-enfants, l’espiègle « Magda » comme elle se fait appeler de tous refuse d’être fière de la trace qu’elle laisse. Toujours en chemin, jamais arrivée, elle aime dire que « ce serait triste d’être devenu, car nous n’aurions plus rien à faire ».
Commentaires
Wouaouh! Un des plus beau de vérités et poignant billet lu depuis ma première connexion sur ce sit! Merci M.Mabut!
La retraite vous réussit!
Décidément! Votre retraite ne change rien à votre parti-pris! Vous êtes une personne détestable et rancunière! Je suis heureuse de ne pas vous avoir rencontré!
J'ignorais que des hommes comme vous pouvaient exister! Vous ne vous détachez pas des Charles 05, 06 Daniel, 07 Chuck Jones ni de 08 Jean Jarogh! Je comprends à présent pourquoi vous n'agissiez pas contre leur antisémitisme!
Pfff