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Alerte je taille, alerte je traite....

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Un paysan-vigneron est président de la Confédération, Guy Parmelin, un Vaudois de Bursins (photo) dans le Grand Genève . Un paysan-éleveur est président du Conseil national, Andreas Aebi, un Bernois de Alchenstorf (photo) dans l'Emmental. Tous deux connaîtront-ils un sort heureux en 2021? Sur le front du Covid, sans doute. Le vaccin et le printemps réduiront la pression épidémique. L'économie devrait remonter la pente. On s'orientera sur l'avenir. Lequel? Show must go on et business as usual? Faute d'autres menaces hors la croissance démographique dont le notre contrôle n'est pas à notre portée, le climat redeviendra la rengaine commune car "nous pouvons tous faire quelque chose pour la planète". 2020 deviendra un souvenir qu'on oubliera sauf en 2025, 2030, 2035..., bref à tous les anniversaires qui fournissent aux médias le rituel de la remémoration. 

2021 ça sera surtout l'année où les Suisses diront oui ou non à une Suisse délivrée des pesticides dans l'agriculture. On votera le 13 juin sur deux initiatives - «Pour une eau potable propre» et «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse» - contre lesquelles la majorité des paysans est vent debout.

 Et là ce n'est pas gagné pour les paysans pollueurs!

Agr_2020-11_003_Aktuell_Grafik_1.PNGIls polluent pour maintenir les prix des denrées alimentaires au plus bas, mais la pensée verte en vogue s'en fiche et pense qu'il suffit de subventionner les pauvres - et moins les paysans - pour réduire le coût d'une  alimentation saine donc bio, abordable pour tous. Sauf que 43% de l'alimentation consommée est importée. Techniquement, ça ne serait pas un problème d'imposer les mêmes règles à la frontière. Mais ce n'est pas (encore) dans le logiciel de la liberté du commerce. 

Ailleurs, les pesticides et les OGM ont de beaux jours devant eux. L'agrochimie et la pharmacopée mondiale en sont pleine et la Suisse n'est pas en reste, elle qui héberge quelques fleurons des pharmas. Les vaccins de Pfizer et de Moderna sont des OGM. Les dernières thérapies génétiques contre le cancer et la capacité de DeepMind de prédire les protéines promettent de soigner des maladies naguère incurables. 

IMG_4007.jpegPour revenir au titre de ce billet - la politique agricole est vaste et complexe* -, j'ai lu dans La Croix que des paysans de Saône et Loire ont mis au point une app d'alerte du voisinage: Agricivis. Objectif: expliquer aux rurbains, qui ont perdu toutes relations rationnelles avec la mère nature, les raisons et conditions des soins apportés aux plantes nourricières. Avant donc d'aller traiter, les paysans envoient un message qui génère une alerte sur les ordiphones (smartphones) des voisins abonnés au service gratuit. La communication ne se résume pas aux traitements mais à toutes les interventions sur les plantes et les animaux, histoire croient les initiants rapprocher les voisins des exploitants et mieux faire comprendre les contraintes du monde agricole au monde des consommateurs. 

 

* Ce lundi 14 décembre, le Conseil des Etats doit ouvrir ou renvoyer le débat sur PA22+, un monstre digne des plans quinquennaux soviétiques. Ces programmes de politiques agricoles étaient sensés dès après l'effondrement du bloc soviétique rendre l'agriculture suisse euro-compatible. On en est encore loin. En cours de route, d'autres objectifs - nature saine, respects des animaux, biodiversité, ensauvagement et culture bio - contestent la dynamique initiale de l'ouverture des marchés. En gros, si j'ai bien compris, la majorité des paysans conduite par leur centrale l'USP veulent un renvoi et une transformation des PA (politiques agricoles) en PA (politique alimentaire, fondée sur un taux d'autoapprovisionnement de 50% ou plus). 

 

L’article de La Croix

Des applis pour réconcilier riverains et agriculteurs

Camille Richir
S’il n’existe toujours pas d’obligation légale d’informer le voisinage sur la pulvérisation de produits phytosanitaires, certains agriculteurs et filières prennent les devants.

Depuis quelques semaines, Stéphane Thévenot a adopté un nouveau réflexe quand il travaille dans ses vignes de Saules, à 20 km au sud-ouest de Chalon-sur-Saône. Ce viticulteur de 36 ans attrape son smartphone et, à l’aide d’une application, informe les riverains des travaux qu’il s’apprête à y réaliser : taille de vignes, travail du sol ou épandage de produits phytosanitaires.

Avant cela, il avait pris l’habitude d’envoyer des SMS aux voisins des parcelles qu’il s’apprêtait à traiter, à l’instar de nombreux agriculteurs en France. « C’était chronophage, indique-t-il. Avec l’application, ça prend moins d’une minute et j’indique tout ce que je fais, pas seulement l’aspect “négatif” du métier. »

L’application est baptisée AgriCivis. Depuis un mois, elle est testée par une cinquantaine d’agriculteurs de Saône-et-Loire : en un clic, ils indiquent sur quelle parcelle ils se trouvent et ce qu’ils y font. « L’objectif est de mieux communiquer sur les pratiques agricoles, explique Bernard Lacour, président de la chambre d’agriculture départementale, qui a lancé le dispositif. C’est nécessaire dans une profession où l’on travaille à la vue de tous et qui touche à l’alimentation. Il y a aussi une demande des consommateurs. »

Le lancement intervient dans le contexte d’un débat complexe sur les pesticides. Début 2020, l’instauration de zones de non-traitement à proximité des habitations n’avait satisfait personne. Trop contraignant pour les syndicats d’agriculteurs, insuffisant pour les organisations écologistes. L’arrêté du gouvernement avait été d’autant plus critiqué par ces dernières que les zones tampons pouvaient être réduites si les syndicats agricoles s’engageaient sur une charte de bon voisinage validée par les autorités.

Avant l’entrée en vigueur du dispositif législatif, une meilleure information des riverains était réclamée par l’association de défense de l’environnement Générations futures.

Dans un rapport d’octobre 2019, elle demandait « que les chartes incluent une mesure obligeant les utilisateurs à alerter au moins 24 heures avant traitement les riverains (jour et heure de pulvérisation, type de produit épandu et signalétique avant, pendant et après épandage) ». La proposition n’avait pas été retenue par le gouvernement.

En Saône-et-Loire, le type de traitement utilisé ne sera pas spécifié dans l’application. La question du délai préalable n’a pas été retenue non plus. De quoi apaiser certaines tensions ? Plutôt « une étape », réagit Marine Pasquier, présidente du Collectif mâconnais pesticides et santé. « Habitants et touristes pourront éviter de se promener dans les vignes en cas de traitement », se réjouit-elle.

Le constat est partagé par la référente environnement de l’UFC-Que choisir de Saône-et-Loire, Denise Lespinasse. « Il y a une réelle démarche de transparence de la chambre, se félicite-t-elle. Mais le tout-numérique ne suffit pas. Nous avions aussi demandé l’affichage de certaines informations dans les communes. Et, surtout, cela ne résout en rien le débat sur les distances de sécurité entre habitations et cultures. »

Le numérique a déjà fait ses preuves dans le Limousin. En mars 2020, une application similaire était lancée, cette fois à l’initiative d’un collectif de riverains, Allassac ONGF, et d’un syndicat de producteurs de pommes AOP. Depuis plusieurs années, les relations étaient extrêmement tendues entre cette filière hautement consommatrice de traitements, avec saccage de parcelles et procès.

En 2017, les deux parties ont signé une charte, prévoyant l’implantation de haies pour limiter les « dérives de produits phytosanitaires » et l’installation de manches à air pour indiquer la force et la direction du vent.

Le président du collectif de riverains, Fabrice Micouraud, a alors eu l’idée d’une application qui permettrait aux arboriculteurs d’alerter les voisins en cas d’épandage. Lancée en mars 2020, elle a été téléchargée 700 fois.

« Cette information vient compléter les autres mesures prises, explique-t-il. Elle ramène de la concorde et du lien entre des personnes qui ne communiquaient plus entre elles. »

Un constat partagé par Laurent Rougerie, président du syndicat Pommes du Limousin AOP : « Nous craignions que cela suscite des conflits au moment des épandages, explique-t-il. Finalement, nous n’avons eu que des retours positifs. »

Sur 180 producteurs dans la région, 45 ont essayé l’application pour cette première saison test. Pour Fabrice Micouraud, il serait aussi possible d’aller plus loin : « On pourrait indiquer si les traitements utilisés sont bio ou conventionnels. »

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