C'est le dernier jour pour poster l'enveloppe du devoir civique à Genève. Depuis que le vote par internet a été abandonné, lequel continue de fonctionner pour les Suisses de l'étranger - ce qui démontre une fois de plus que nécessité fait loi -, il ne restera plus que la traditionnelle urne ouverte le dimanche entre 10h et midi, soit après le culte ou la messe. Mais la messe et le culte étant passés de mode, le scrutin du dimanche est lui aussi largement tombé en désuétude.
Notre société, qui a troqué ces rituels communautaires contre des rituels hédonistes perd en cohésion, en raison d'être même. Elle s’effiloche. Sans que les discours creux du vivre ensemble n'y puissent grand-chose. Cette évolution contemporaine n'est pas sans expliquer l'engouement des gens, des jeunes en particulier, pour les comportements grégaires que sont les manifestations pour conjurer les peurs de notre temps. Greta et le joueur de flûte de Hamelin ont-ils quelque chose en commun?
Le vote reste donc à la base de la démocratie. Honneur à celles et ceux qui l'exercent!
Le vote est secret. C'est la condition pour éviter que des pressions familiales, professionnelles, du voisinages viennent empêcher la libre expression de ses convictions. Le vote est éclairé. Non pas que l'on connaisse toutes les raisons de voter pour ou contre un projet. Même les politiciens chevronnés ne les connaissent pas toutes. Ils ignorent aussi les conséquences effectives d'un vote. Ainsi l’initiative de l'UDC nous promet-elle un Swissxit. Mais que le non l'emporte dimanche, ce que je souhaite, ou le oui, bien malin qui peut dire ce que seront demain nos relations avec nos voisins et l'UE. La sagesse commande de ne pas ajouter de l'incertitude à l'incertitude des temps. Non?
A propos du temps, Le Temps, comme la plupart des journaux, sauf notre chère RTS dont l'abonnement est obligatoire, a donné son avis avant les votations. Sa rédaction a voté. Une tradition qui s'est perdue à la Tribune. Qu'en est-il au sein du vaisseau amiral, le Tages Anzeiger, du premier éditeur suisse Tamedia?
Après une longue hésitation, j'ai finalement coché le non aux nouveaux avions de combat. Il n'y a pas le feu à la maison. Un non forcera les départements de la défense et des affaires étrangères à imaginer d'autres stratégies. Par exemple, une collaboration étroite, s'agissant de la police du ciel, avec les Etats neutres, l'Autriche en premier. Et, soyons fous, une refonte fondamentale de l'OTAN fondée sur un découplage d'avec les Etats-Unis et un rapprochement avec la Russie, où il faut soutenir les forces en faveur d'un régime politique démocratique d'alternance. Chacun le sait, les menaces sont d'ordre
- démographique - l'Europe vieillit, elle ne renouvelle pas sa population,
- culturel - les populations qui arrivent en Europe ne partagent pas le fond humaniste, social et libéral, hérité des Grecs et du christianisme,
- économique - l'Europe multilingue et nationaliste ne parvient pas à forger des entreprises publiques, privées ou mixtes, continentales ou mondiales dans le domaine de l'Internet, de la banque, de l'informatique, de la mobilité, du commerce, de la santé, de la sécurité...
- criminel et terroriste. Les mafias doivent être combattus tout comme les réseaux hors la loi démantelés. A ce sujet, la Suisse n'est pas exemplaire.
Sur la chasse, j'ai voté oui car je défends que la régulation est nécessaire et que les opposants s'illusionnent et continuent de croire au paradis terrestre. La nature est bonne, la société la corrompt? Le citoyen de Genève aurait sans doute voté non.
J'ai voté non aux déductions fédérales pour la garde des enfants par des tiers. La nécessité de soulager les familles est évidente: une allocation familiale fédérale versée à chaque enfant vivant sur le territoire suisse me paraît une politique plus juste et plus efficace.
J'ai voté oui au congé paternité. Encore que l'argument de l'égalité des sexes ne me convainc pas. Au moins ce congé de deux semaines quand la France porte le sien à 28 jours... s'applique à tous les pères, encore que ceux qui ont une situation professionnelle précaire et les indépendants risquent de ne pas pouvoir en profiter.
Voilà pour le scrutin fédéral. Les curieux qui veulent voir mon vote sur les cinq sujets genevois peuvent cliquer sur l'image et relire cette note: 9 février, 27 septembre: l'Europe, la Suisse et leur démocratie.
A dimanche!