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Quelle est la qualité des médias suisses?

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Le Temps perd quelques plumes, la Tribune a disparu du palmarès depuis sa quasi fusion avec 24 Heures, la NZZ trône toujours en tête du concours de beauté de la presse suisse publié ce matin. Cependant le renommé quotidien zurichois se fait coiffer au poteau pour la troisième année par l'émission phare de notre chère radio télévision nationale Echo der Zeit, une doyenne née en 1945. Le CQM 2020 valorise, négativement, Watson, un média d'information en ligne dont la version française verra le jour en 2021, mais pas (pas encore?) Heidi.news ni Republik ni Bon pour la Tête ni d'autres acteurs plus spécialisés ou plus confidentiels ou régionaux.

A l'heure où le Covid remplit les gazettes plus que de raison, les vide de leurs dernières publicités et où les élus fédéraux renvoient leur débat sur l'aide aux médias en novembre, le constat des enquêteurs de l'Association fondatrice pour la Qualité des Médias en Suisse donne du grain à moudre. La qualité diminue, la concentration des titres continue d'augmenter, "un petit nombre de rédactions décide de qui reçoit ou non quelle publicité et sous quelle forme, qui fera scandale et qui sera traité avec bienveillance par les médias".

Peut-on imaginer un monde sans média? 

Hier soir, France 2 redifusait le film de Spielbarg "Pentagon Papers", un thriller captivant qui narre la divulgation en 1971 du rapport McNamara sur la guerre du Vietnam dans le New York Times puis dans le Washington Post, tous deux sous pression de cet incroyable scoop, des poursuites engagées par le gouvernement Nixon, de leurs conséquences économiques et culmine en un point d'orgue, un happy end: les deux journaux sont dans leur droit car, ont dit six juges contre trois, la Constitution consacre la liberté de la presse pour les gouvernés et non pour les gouvernants. 

Formidable moment journalistique au temps où ni les ordinateurs personnels ni les smartphones ni Facebook ni Twitter n'existaient, qui ouvrent aujourd'hui large les vannes de de l'auto-information, font sauter les frontières cantonales, nationales, linguistiques, où s'engouffrent aussi la désinformation, les demi-vérités, la com, les intox, des flots d'images, de sons et d'écrits qui noient le public et permettent au président des Etats-Unis de lancer des chasses aux sorcières contre la presse, dignes de Poutine ou de Xi, et à tous les élus en général de s'adresser à leurs électeurs. Immédiatement. 

Le CQM 2020 dont le communiqué en français se résume pour l'heure à quatre pages mais toute une série d'analyses titre par titre assez intéressantes.

Voici la conclusion de l'étude réalisée en 2019 par un panel d'experts des universités de Zurich et de Fribourg et la HES de Lucerne et via un sondage d'opinion auprès de 2100 personnes du 21 février au 9 mars 2020. 49 publications sont passées au crible et 18’500 articles. L'enquête est 

L’étude approfondie réalisée pour ce CQM-20 montre une concentration croissante du contenu des médias sur le marché de la presse suisse. En deux ans seulement, la part des contenus partagés est passée de 10 % à 21 %. Cela signifie presqu’un article sur quatre apparaît dans au moins deux titres différents. Dans la production de contenus relatifs à des thèmes de politique nationale, la part des contributions partagées s’élevait déjà à 41 % en 2019. Les moteurs de cette évolution sont les systèmes interconnectés TX Group et CH Media. Dans ces deux systèmes interconnectés, la part des contributions partagées a augmenté significativement de 2017 à 2019 – chez TX Group de 16 % à 37 %, chez CH Media de 12 % à 20 %. Jusqu’à présent, la production journalistique régionale de contenus n’est pas affectée par cette concentration médiatique des contenus.

Du point de vue de la démocratie et de la société, la perte de diversité dans l’arène médiatique s’avère problématique: la concurrence entre titres risque d’être appauvrie par ces systèmes interconnectés. Un marché insuffisamment concurrentiel mène à une péjoration des résultats à court ou à long terme. Une forte concentration des médias en termes de contenu, allant de pair avec une concentration de la propriété des mêmes médias, ne peut conduire qu’à une accumulation du pouvoir. Une concentration accrue du contenu des médias est donc également préoccupante pour la formation démocratique de l’opinion. Elle représente également un risque pour la réputation d’organisations telles que les entreprises, universités ou autorités publics. En effet, un petit nombre de rédactions décide de qui reçoit ou non quelle publicité et sous quelle forme, qui fera scandale et qui sera traité avec bienveillance par les médias.

 

 

 

Commentaires

  • Bravo ! Les choses sont dites et bien dites-

  • La question que je me pose, que seul un journaliste peut répondre : L'école du journalisme n'a t'il pas "tué" le journalisme ?

    Au début de la Radio, de la TV, bref des médias, de gens, presque de nulle part animait les médias. Chacun avec son histoire de vie. Cette diversité était appréciée.

    Maintenant, ne se trouve t'on pas dans des clones journalistes répartis dans les médias ? Des clones qui ont des visions proches entre eux parce qu'issue du même moule, d'une même école.
    Je ne parle de pensée unique, mais de vision uniques.

    Bref, moins que les propriétaires de journaux, n'y aurait t'il pas un problème dans la formation des journalistes?

    Et dans ce cas, à quoi sert 2 clones, autant en avoir un seul pour plusieurs journaux. Et finalement l'IA devrait suffire, pas besoin de lui payer un salaire.

    La formation du journaliste est peut-être le point faible. Il reste, comme certains journaux le font, de partager le journal entre journalistes et invités permanents. Invités qui ne sont pas journalistes.

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