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A Bardonnex, gros affichages, petits programmes électoraux

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guex crosier.jpgA Bardonnex, notre nouvelle maire a déjà été élue. Par forfait. Comme le procureur général de la République. Et une vingtaine des exécutifs des 45 communes du canton de Genève. Ce n'est pas un signe de santé démocratique.

Est-ce à dire que les enjeux sont mineurs? Oui, en partie. Les communes à Genève ne gèrent que 18% des budgets de l'ensemble canton-communes tandis qu'en pays de Vaud le rapport est d'un tiers deux tiers et qu'à Zurich il est presque de moitié moitié. 

Pourquoi ce désintérêt des citoyens pour les affaires publiques?

A Genève, les communes ne décident de rien, sauf de la politique culturelle et sportive. Et encore. En matière culturelle, nous avons récemment voté une loi qui demande au canton de coordonner les politiques culturelles des communes, une mise sous tutelle donc. En matière d'équipements sportifs, la rive droite attend une seconde piscine olympique cantonale depuis 25 ans. Sur la rive gauche, la nouvelle patinoire du Trèfle blanc attend toujours, depuis une génération également. A Bardonnex, c'est une nouvelle école que la population attend depuis 25 ans.

J'étais adjoint en 1995 quand le concours d'architectes a été réalisé dessinant une belle école à l'emplacement de la ferme de Compesières, dans le respect du bâti existant. C'était sans compter avec la clique des architectes modernistes qui ont exploité une faille dans la procédure engagée par la commune avec la bénédiction du Conseil d'Etat. En fait, mal conseiller par Christian Grobet, la commune était allée de l'avant comptant sur la diligence du ministre des Travaux publics pour "toiletter" comme on disait alors le plan de zone de Compesières. Le Tribunal fédéral décida, à raison juridique, qu'on ne pouvait pas obtenir une autorisation de démolition reconstruction sans avoir préalablement classé le terrain en zone ad hoc. Le nouveau maire n'a pas osé remettre l'ouvrage sur le métier. Fatale erreur. On erre toujours. Le projet actuel de démolir la salle communale et d'y bâtir une nouvelle école est une aberration que les autorités municipales des années 1990 avait écarté.

Je m'égare sans doute... Et je reviens à mon sujet initial, la perte de pouvoir des élus.

Certes le nombre des candidats pour les conseils municipaux est important, mais cette inflation découle de la multiplication des partis. Or, qui dit multiplication des partis dit division de l'opinion publique. Et qui dit division de l'opinion publique dit grande difficulté de former des majorités pour mettre sur pied des projets et des politiques ambitieux. Bref, à Genève comme ailleurs, c'est souvent la politique du plus petit dénominateur commun qui l'emporte. 

Ces fameux compromis, longuement échafaudés par nos élus, ne sont même plus une garantie de succès. Le système suisse du référendum, qu'on propose volontiers en panacée à nos amis français, permet en effet au Sam Suffit de tout poil d'annuler les projets votés. La démocratie suisse, c'est la dictature des mécontents, plus prompts à se mobiliser que les autres. 

C'est une des causes du désintérêt général pour la chose publique et des plus doués parmi nous, à l'exception de quelques ambitieux ici et là.

La deuxième cause de l'anomie démocratique est l'emprise des lois votées, toujours plus nombreuses, pas toujours cohérentes. Des normes internationales aux prescriptions locales, elles donnent toujours plus de pouvoir aux administrations chargées de les mettre en oeuvre et aux juges chargés de préciser leurs non-dits, faisant tourner en bourrique plus d'un magistrat.

Ajoutez à ce brouet déjà bien épais, les avis des commissions d'"experts" - les plus connues sont la CMNS ou la commission d'architecture qui rendent des décisions souvent forgées sur l'enclume de la logique floue et de l'incohérence temporelle (chacun a quelques exemples à raconter) -, versez une bonne dose de principe de précaution, comptez avec les recours des voisins et n'oubliez pas, évidemment, la désormais incontournable trouille climatique qui élève le moindre pet au rang d'un risque infernal, voilà la démocratie suisse: enlisée, ensablée. Enterrée?

Rendons donc hommage aux femmes et aux hommes qui se soumettent le 15 mars prochain aux votes des citoyen.ne.s et des étrange.è.r.e.s établi.e.s depuis huit ans en Suisse. 

 

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