Ce dimanche, une vingtaine de gamins ont reçu une bible illustrée "Parle Seigneur" des mains de Gilbert Perritaz, curé de Carouge, Veyrier, Troinex et Compesières. En fait, il l'a remise à papa et/ou maman qui l'a déposée dans les mains de leur.s enfant.s, histoire de souligner que la transmission de la foi est d'abord familiale.
Un geste que les protestants ne renieraient pas, encore qu'il est de tradition dans cette tradition de posséder une bible chez soi et de la lire régulièrement et librement sans la bénédiction d'un pasteur.
A Compesières, ce dimanche, autour du prêtre étaient des femmes, que des femmes, qui ont lu la bible, dirigé le chant, joué de l'orgue et du piano, donné la communion et fait le catéchisme.
Je me suis dit que rien n'était perdu et qu'ici, en un rien de temps - un demi-siècle -, l'église catholique avait fait un grand bond en avant. Dans la semaine, j'avais lu, non sans effarement, dans Le Messager du Genevois du 7 novembre, cette histoire locale que l'école genevoise ne m'avait pas apprise, histoire sans doute de ne pas envenimer le vivre ensemble entre les papistes et les parpaillots: "En 1855, Le calvaire d'un instituteur protestant au coeur du pays du Vuache".
Dominique Ernst, historien local à qui l'on doit de nombreux ouvrages sur la région, a plongé dans les archives du Journal de Genève. C'est donc l'histoire d'un enseignant poursuivi et destitué pour avoir possédé une bible et l'avoir faire connaître autour de lui. "Si la liberté de culte avait été instituée dans le royaume de Piémont-Sardaigne, la réalité était fort différente, notait le Journal de Genève", cité par Ernst.
Le sabre et le goupillon était alors étroitement uni ici, comme ils le sont encore dans la plupart des pays. A Genève aussi donc. A cette époque, les habitants des communes de l'avant pays du Vuache rattachées à Genève en 1816 (dites communes réunies) venaient juste d'être acceptés comme des citoyens à part entière. Jusqu'à la révolution fazyste de 1847, ces habitants annexés devaient payer pour obtenir les soins de l'Hospice, soins qui étaient gratuits pour les protestants.
Est-ce pour se venger que ces catholiques rapportés ont longtemps moqué l'Escalade de 1602 en participant activement aux mascarades du 12 décembre, que relate le tout nouveau bouquin de Henri Roth et qui ont secoué la Genève protestante à la fin du XIXe siècle, avant que l'austère Compagnie 1602 nous inflige ce cortège lugubre une fois l'an en décembre et renvoie les déguisements et les bacchanales aux fêtes de Genève en juillet (mois de la signature du traité de paix de 1603 à Saint-Julien) dont la Marche des fiertés est le dernier avatar?
Et le canard?
Le canard est sorti de sa boîte au cours du sermon. Le bon curé Perritaz l'avait mis dans un carton et il a demandé aux enfants: Dans ce carton, il y a un canard. Le carton c'est la bible que vous avez reçu. On se fait toute sorte d'idées sur ce livre saint qui est le plus imprimé du monde, poursuit-il. C'est la parole de Dieu. Il ne contient aucune erreur. Tout en discourant, le curé ouvre la boîte et en sort un joli canard en plastique. Rires dans l'assemblée. Voilà, poursuit le prélat, la bible aussi est pleine de surprises. Elle est parfois mystérieuse. On ne la comprend pas toujours. Moi-même je ne comprends pas tout.
Un jour, raconte encore Perritaz, Augustin, un grand intellectuel qui vivait il y a très longtemps dans une région de l’empire romain - l'Algérie actuelle - et qui a été déclaré saint et docteur de l'Eglise, se promène sur la plage. Il croise un enfant qui remplit un trou dans le sable avec l'eau qu'il puise dans la mer. Interpellé sur le but de son manège, le gamin répond: Je veux mettre toute l'eau de la mer dans mon trou. Mais c'est impossible, répond Augustin. Alors le gamin prend les allures d'un ange. Il rayonne et dit. "Toi, Augustin, tu veux bien mettre toute la bible dans ta tête alors moi je peux bien mettre toute l'eau de la mer dans mon trou, non?"
Si j'ai ajouté les femmes cathos à cette histoire de canard, c'est que ce lundi, le journal La Croix démarre une série de trois semaines sur les femmes dans la religion. Et ça commence avec ce titre: "Dieu n'est pas misogyne", une citation qui ouvre le débat. Si Dieu n'est pas misogyne, serait-ce qu'il n'est pas genré ou plutôt qu'il est en tous genres? Et que sa représentation masculine n'est qu'un des multiples détournements de son être par les cogneurs que les mecs sont depuis Caïn?
Pour rester hic et nunc, je vous propose de placer la figure de Greta sur celle du Christ, tout comme la nouvelle banquière de l'Europe règne sur un cénacle monogenré. Au plaisir de lire vos commentaires.
I was pleased to invite my new Governing Council colleagues to join me at an off-site retreat yesterday. We discussed in an open and informal setting the running of the Governing Council. pic.twitter.com/ifMxiNh7uh
— Christine Lagarde (@Lagarde) November 14, 2019
Commentaires
Mettre un genre à Dieu n'a effectivement aucun sens.
Je ne serai pas étonné si l'importance de l'homme dans les religions vient de la réputation des femmes pendant l'époque où une religion se développait, de colporter des rumeurs, des mensonges.
Le Coran parle de la parole d'un homme qui vaut 2x celle d'une femme.
Par conséquent, l'image d'un Dieu est devenu plus proche de celle d'un homme, pour faire "sérieux".
Le côté plus émotionnelle plus visible d'une femme, lié au cerveau, n'a pas aidé à l'égalité dans la religion.
Le rôle dans la société non plus. N'oublions pas que Rome était un empire guerrier où la référence était le soldat.
On ne peut pas accuser les hommes, dans un contexte où c'est moins l'homme que le guerrier qui avait le beau rôle.
Pour moi, il est simplement impossible pour une femme de s'établir en égalité dans une société voué à la guerre, les religions ont reproduit le système discriminant.
En dehors des théories absurdes qui font croire que le genre est déterminé par la société, hommes et femmes sont influencés par une enveloppe corporelle que Dieu n'a pas, il ne peut donc être genré.
Bref, le rôle de la femme dans les sociétés anciennes est plus complexe que simplement dire, comme le font certains politiques féministes dans une bêtise affligeante, que c'est la faute au machisme.
Il y a eu une époque où la société faisait peu confiance aux femmes, et ceux-là même qui luttent pour l'égalité, font des hommes des monstres. Une preuve donc de l'égalité humaine dans la bêtise entre machiste et féministe !
"encore qu'il est de tradition dans cette tradition " Ouille !
Lire la Bible pose parfois le problème de comment ponctuer.
Ainsi l'enfant Samuel qui a cru que le prêtre chargé de son instruction l'appelait à trois reprises finit par s'entendre dire de se mettre à genoux soit, selon la ponctuation, en s'adressant à Dieu en lui disant de parler que son serviteur l'écoute
soit, selon la ponctuation, toujours, en s'adressant à Israël en lui demandant de parler que son serviteur l'écoute
Parle! Israël ton serviteur écoute s'adresserait à Dieu
Parle, Israël! ton serviteur écoute s'adresserait au peuple
Mon commentaire à propos de l'enfant Samuel, question de fidélité à la pensée même qui s'exprime orale puis enfin écrite avec toutes les difficultés que nous savons et les traductions, etc.,
Sans oublier les interprétations particulières des personnes orateurs.trices invités.es ou écrivains.nes
Une personnalité coqueluche des plateaux TV qui soutient la lapidation comme "moyen de purification" tenait à préciser que si Jésus sauva une femme adultère du châtiment qui l'attendait,la lapidation, en revanche, précise cette personne, Jésus n'"a pas condamné la lapidation,"!
En un temps où chez nous, en Suisse, l'adultère n'est plus un délit condamnable!
L'Apôtre Pierre n'aimait pas une certaine Marie ce qui fait dire à Jésus, Evangile de Thomas, à ce disciple de "ne pas écarter Marie de la communauté car tout comme toi elle a une âme"! ce qui en ces temps de patriarcat absolu était révolutionnaire assurément.
Sainte Marguerite canonisée récente honorée en l'un de vos articles par vous-même, Monsieur Mabut, simple ouvrière, "mains ouvrières de l'esprit" (auteur inconnu déjà cité) n'apprécierait-elle pas la justice rendue aux femmes, Marie étant l'une d'elles, par Jésus!?
En toute impartialité, en toute intégrité: depuis que de nombreuses femmes sont au pouvoir observe-t-on une réelle progression sociale y compris par ce que nous anciennes féministes des années septante, avions imaginé: force d'empathie et d'humanité… en langage religieux de charité…!?
(Je suis également une femme et mère catho, baptême à Paris jadis essentiellement formée à la religion par un prêtre père spirituel en cours d'adolescence mienne... afin de parler une fois d'Eglise sans attaque pédophile!)
Mettre un genre à Dieu est parfaitement compatible avec la Bible où Dieu se présente comme une poule qui appelle ses petits et l'homme, homme et femme, "créé à l'image de Dieu".
Le disciple, au dernier repas "sur le sein du Seigneur" apparaît comme un enfant sur le sein maternel (éventuelle invitation à sublimer totalement l'homosexualité?
non sans pour autant omettre la parole divine selon laquelle elle "aurait réchauffé une vipère sur son sein"!
Heureusement que je suis catho moi aussi sinon raisonnant comme on le fait trop souvent... à propos de votre information sur le nombre de commentaires que vous recevez, ma conclusion serait que les cathos sont sans doute fâchés avec ce qui tenait tant au coeur du Christ… la vérité.
Mon père, Edmond Kaiser,Monsieur, était maudit par les milieux de la synagogue auquel appartenait le commentateur Corto pour avoir été en Israêl soutenir la cause des Palestiniens.
Pierre Jenni, lui, cherchant à atteindre par moi ceux qui doutent de la modernité en ses applications selon lesquelles… et avoir imaginé qu'une allusion à la poésie de mon père, Edmond Kaiser, risquait de faire de l'ombre aux écrits de son père à lui.
Narcissisme quand tu nous retiens captifs…!