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Les jeunes sont rares, leur mobilisation compte

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En Europe et en Suisse, les jeunes sont rares. Tout ce qui est rare a du prix. C'est ainsi que les vieux, dont je suis, regardent avec des yeux embués les jeunes se mobiliser pour le climat. Temps présent, qui porte bien son nom, nous a donc livré, ce 5 septembre, un reportage bon enfant, sans l'ombre d'un bémol. Les réseaux sociaux se chargent de colporter aux quatre coins de la planète le slogan en vogue: Que voulons-nous? La justice climatique! Quand la voulons-nous? Maintenant!", crié en anglais, of course, pour être entendu par le plus grand monde. 

Ils ne marchent évidemment pas pour le climat qui n'en a cure comme la santé se fiche de ses coûts. Ils marchent pour eux, car les experts leur expliquent et ils les croient - comment pourraient-ils faire autrement - que l'urgence est là, que dans 15 ans l'enfer sera à nos portes, que trois degrés de plus c'est trois degrés de trop et qu'il est intolérable que les politiques fixent la neutralité carbone à 2050 alors qu'il la faut pour 2030.

En réclamant la justice climatique - mais qu'est-ce que ça veut dire - c'est en fait bien leur intérêt d'humain qu'ils défendent. D'humain urbain, qui craint pour son confort, la permanence du niveau des mer. la quiétude des étés sans canicules excessives, sans orages dévastateurs, sans pluies diluviennes et des hivers bien enneigés.

Les leaders de ces marches climatiques seront nos dirigeants en 2030 et en 2050. A quelques exceptions près, leurs discours sont formatés ou balbutiants. C'est bien normal. Ce qui me frappe tout de même, c'est la monoculture du propos - il n'y en a que pour le climat, la pauvreté des arguments, la crédulité face aux experts, la simplicité des solutions. 

J'ai pour ma part été vacciné par le rapport Halte à la croissance publié en 1972 par le club de Rome. J'avais alors 18 ans, j'étais au collège Voltaire, la première volée où filles et garçons se formaient ensemble... 

Prolongeant les courbes exponentielles qui commençaient leur grimpées vertigineuses, le Club de Rome prédisait les limites du monde productiviste, dont la fin de l'ère du pétrole avant la fin du XXe siècle. Pas un mot à l'époque sur le réchauffement climatique. Puis il y eut les pluies acides et quelques autres rapports alarmistes criant au loup... 

On connaît la suite. 

Le réchauffement climatique est (pour quelle partie?) la conséquence logique de la croissance démographique et de la consommation effrénée des ressources limitées (dans l'état actuel de nos connaissances et de nos capacités à les exploiter et à les recycler). La vraie question politique est donc de savoir comment chacun peut réduire sa consommation sans provoquer une récession et le chômage. Car jusqu'à présent, personne n'a encore trouvé un modèle économique qui offre un emploi (intéressant, bien payé, durable) et un niveau de vie "décent" accessible à tous les humains de la planète. 

 

Pour la petite histoire. En regardant d'un oeil hier soir le reportage de notre RTS, je parcourais de l'autre un article de Bilan. Il y était question des inquiétudes des électriciens suisses d'atteindre l'objectif de la neutralité carbone en 2050. Le contraste était saisissant entre les clameurs YaKa de la rue et la mise en oeuvre d'un changement de société qui réclame certes des autorités des choix impopulaires mais de tous - et des plus riches en particulier - une révision de nos modes de vie. 

La question clé que je n'entends pas dans la rue est: Comment créer suffisamment d'emplois utiles, motivants et rémunérateurs en période de décroissance, sans étatisme excessif?

 

Photo tirée de Temps présent: Greta, l’égérie du mouvement à la 24e COP à Katovice. "Le pouvoir est au peuple". La conclusion de son discours fait froid dans le dos. C'est exactement cette idéologie populiste qu'affectionnent les extrêmes aussi bien à gauche qu'à droite. Le pouvoir au peuple, c'est l'anarchie ou la dictature, bref le pouvoir aux plus rusés, aux plus violents, aux plus agiles qui disent parler et agir au nom du peuple mais dans les faites rarement pour la liberté, l'égalité et la justice. 

 

Commentaires

  • Le pouvoir au peuple, c`est juste une expression, maniere de dire que chacun a le choix de soutenir ceux des politiciens qui lui disent qu`il faut prendre tres au sérieux le probleme climatique ou ceux qui lui disent que c`est du pipeau.

    On a du se voir au college Voltaire, j`y étais aussi alors (en scientifique).

  • Bravo pour cette vue panoramique d'un sujet qui en touche beaucoup d'autres!
    Greta est un exemple typique de la façon élémentaire dont on fabrique des personnages, des slogans ou des décisions politiques. Ces créations deviennent après très coûteuses à maintenir en place car pas assez solides en elles-mêmes, sans socle ferme pour être ancrées dans du concret consistant.

  • "C'est ainsi que les vieux, dont je suis, regardent avec des yeux embués les jeunes se mobiliser pour le climat."
    C''est aussi avec la tête plus froide qu'ils se souviennent de certaines folies (le mot devrait évidemment commencer par un c... ) qui leur paraissaient des vérités importantes à "leur époque".
    En général le temps décante le flot des innovations voulues par les adolescents et si parfois nous en venons même à regretter les conséquences de certains choix d'alors, nous sommes bien obligés de reconnaître que les jeunes sont aussi nécessaires pour bousculer les choses que les vieux le sont pour maintenir un minimum de stabilité nécessaire à la survie.
    Le problème qui se pose depuis quelques années, c'est que l'idée d'urgence s'est imposée avec tant de force, en partie à cause de l'accélération de certains phénomènes et en partie parce qu'un de ces phénomènes est la technologie, dont celle de l'information, qui ne laisse plus personne vagabonder à son rythme, du moins chez nous.
    Dans notre jeunesse, quelques journaux (que les jeunes ne lisaient pas) et la radio pouvaient relayer des messages de mise en garde, mais en grande majorité nous vivions centrés sur nos soucis de la famille et d'amours espérés. Une phénomène comme celui de Greta aurait été totalement impossible, et même inimaginable, à l'époque.
    Nous sommes maintenant directement (et souvent sous la menace)confrontés à l'idée de seuil au sens le plus général: seuil de la population mondiale, seuil du climat supportable et ainsi de suite, tous étant liés entre eux et entraînant toute un série d'épiphénomènes, comme le choix de la nourriture et des transports, qui font souvent l'objet de nos blogs.
    En remontant l'échelle des causes et/ou des conséquences, on aboutit finalement à choix (si choix il y a) des idéologies ou régimes politiques. Pas étonnant que s'affrontent un activisme débridé, vu comme la dernière chance de survie, et une inertie conservatrice qui aspire à respirer quelque peu en paix, ne serait-ce que pour une survie illusoire.

  • Si vous aviez été doté d’un minimum d’honnêteté intellectuelle vous auriez rendu explicite la phrase prononcée par cette jeune militante.
    Que vous la poussiez dans un coin ou dans l’autre de l’extrémisme politique dit tout de la faible recherche documentaire que vous avez consacré à ce mouvement, qui n’a pas d’égérie, comme vous l’affirmez, d’ailleurs.
    Pas grave pour vous, le climato-scepticisme est roi sur cette plateforme à l’avant-garde sur le plan des idées.
    Plus compliqué pour votre éditeur, sauf s’il parvient à faire s’abonner les morts.

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