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Notre cerveau est plat et nous sommes bêtes

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cerveau.jpgComme des bêtes? Pire! "L'espèce qui fantasme le plus sa vie intérieure, qui est la plus trompée par son esprit, et qui est donc la plus bête... c'est la nôtre!" C'est dit le dossier de Science & Vie d'août 2019 ce qui découle de la théorie en vogue exposée dans un ouvrage du psychologue anglais @NickJChater sous le titre The Mind is Flat (Et si le cerveau était bête) paru en mars 2018. Rien n'existerait dans notre tête - ni moi intérieur ni inconscient ou vérités hardcodées - rien qu'un formidable calculateur tellement rapide qu'il faut 40 minutes à un super ordinateur pour décoder une seconde d'envrion 1% de l'activité cérébrale, lit-on sous la plume de Thomas Cavaillé-Fol.

Cette rapidité phénoménale, c'est ce qui nous bluffe et nous fait croire que nos pensées, nos déductions, nos choix, nos élans amoureux, nos raisonnements sont le fait de notre personnalité enfouie, de notre libre arbitre. Non, démontre Charter, tout est saisi et interprété dans l'instant, sur l'attention actuelle, forcément sélective et partielle, dans un environnement flou. Bref le contraire du Big Data qui prétend dire la vérité en farfouillant les (nos) données par milliards. 

"Nos pensées n'ont aucune profondeur, elles sont élaborées sur le moment." Impressionnant. 

Cette théorie, qui semble corroborée par les études et tests de nombreux neuropsychologues cités, expliquerait pourquoi "nous sommes influençables, sensibles aux biais cognitifs et même parfois insensés". Bref elle bouleverse notre vision du monde comme l'a fait Copernic et Darwin. La terre est une boule qui tourne autour du soleil et nous sommes le fruit de la sélection naturelle. Voilà notre cerveau plat. De quoi renvoyer  Freud, Yung et compagnie à leurs chères études.

Dans Le nouvel inconscient, parue en 2006, le neuroscientifique français Lionel Naccache, écrit Science et Vie, voyait Freud comme un Christophe Colomb qui croyait découvrir l'Inde et a découvert l'Amérique. Pas d’inconscient immuable donc mais un inconscient cognitif, celui que nos sens, imparfaits et et troublés par nos émotions et le déjà ingurgités, déversent sans cesse dans notre mémoire centrale.

Conséquence, notre identité n'est pas stable et enfouie, mais immédiate et réinventée à chaque instant, le fruit de notre mémoire qui ne manque pas de failles et peut être bernée et nous sert les souvenirs qui sont en cohérence avec notre vécu présent, ce qui nous fait croire à notre constance alors que toutes nos pensées sont "recalculées" dans l'instant. 

Qu'est-ce que ça change?

Sûr que les psy diront que les strates les plus profondes de l'inconscient cognitif ne sont guère différente de l'inconscient freudien. 

Qu'heureux sont les pauvres en esprit, peut-être. Ou qu'il faut savoir se détacher car les premiers seront les derniers. Ou encore qu'aimer est l'acte créateur de l'instant présent.

 

Commentaires

  • Bien trop nombreux sont les « empiristes » qui ne jugent que les apparences, souvent trompeuses, et réduisent tout à leurs esprits étriqués.
    Ibn Sina, dit Avicenne, en parlant de l’homme, disait plus sagement : « Tu te crois un néant et c’est en toi que réside le monde. ».
    L’humanité, en tant que race, dit Bernard de Montréal, est une accumulation historique de distorsions psychologiques et psychiques développées par la domination d’idéologies qui détournent l’individu de lui-même. L’humain plus évolué se dissociera, le temps venu, des idéologies globales et recouvrera son identité.
    Cordialement.
    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/psychologie-et-loi-des-sexes.html

  • Là ou on peut constater le travail du cerveau, c'est dans les souvenir. 2 témoins d'un évènement vont au fil des années avoir des souvenir partiellement différents.
    Une des raisons est qu'à chaque fois qu'on se rappelle d'un évènement, le cerveau reconstruit le souvenir en y ajoutant parfois de faux éléments.

    Que notre cerveau soit "bête" ou pas, ce n'est pas important. Nous ne sommes pas un être de pur logique, et nos besoins ne sont pas tous liés à une logique.
    Cette partie en nous est sous-estimé par ceux qui dirigent ou par ceux qui créent des idéologies.

    Certaines idéologies essaient d'éduquer cette partie "émotionnel" ce qui sous-entend qu'on serait des robots. Leurs déceptions face à l'échec est aussi grande que leurs méconnaissances de l'humain, et certains pourtant, ont fait de hautes études….

    Lorsque l'on bâtit un pays une ville, il ne faut pas se contenter de la logique, mais aussi des besoins des habitants qui ont cette caractéristique d'être humain avec des besoins d'humains, parce que nous ne sommes pas des robots.
    En clair, des spécialistes de l'humain ne serait pas de trop chez les architectes et nos dirigeants.

  • Pas lu Charter mais sa théorie est au ras des paquerettes si elle fait abstraction de la faculté du (comme vous dites) détachement. Faculté il est vrai tres variable d`un individu a l`autre mais qui, si nous avons pris soin de la cultiver, nous permet de prendre de la distance par rapport aux perceptions et émotions du moment. Mais surtout, comme l`a montré Jean Piaget, pas de fonctionnement cognitif sans un aller-retour constant entre assimilation et accomodation. Charter devrait peut-etre lire Piaget...

  • Il est évident, M. Mabut, que les cerveaux les plus plats sont justement ceux qui élaborent les théories que vous rapportez, sur la rapidité. Elle revient à dire que la Lune tourne autour de la Terre juste parce qu'elle va vite, qu'aucune fusée ne va aussi vite. Cela n'a aucun sens.

  • Un immense merci pour cette information. Je recommande vivement à tous de visionner la conférence de Nick Chater que remet pas mal de pendules à l'heure mais surtout qui libère. Car, lorsque l'on comprend que l'on construit de toute pièces notre monde à chaque seconde sur des illusions, une délicieuse sensation de non responsabilité s'installe et nous rend légers. Nick Chater exprime cela encore mieux que par ses mot avec son petit sourire permanent qui suggère à la fois le plaisir et l'amusement devant le spectacle permanent de la vie.

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