Notre cerveau est plat et nous sommes bêtes (25/07/2019)

cerveau.jpgComme des bêtes? Pire! "L'espèce qui fantasme le plus sa vie intérieure, qui est la plus trompée par son esprit, et qui est donc la plus bête... c'est la nôtre!" C'est dit le dossier de Science & Vie d'août 2019 ce qui découle de la théorie en vogue exposée dans un ouvrage du psychologue anglais @NickJChater sous le titre The Mind is Flat (Et si le cerveau était bête) paru en mars 2018. Rien n'existerait dans notre tête - ni moi intérieur ni inconscient ou vérités hardcodées - rien qu'un formidable calculateur tellement rapide qu'il faut 40 minutes à un super ordinateur pour décoder une seconde d'envrion 1% de l'activité cérébrale, lit-on sous la plume de Thomas Cavaillé-Fol.

Cette rapidité phénoménale, c'est ce qui nous bluffe et nous fait croire que nos pensées, nos déductions, nos choix, nos élans amoureux, nos raisonnements sont le fait de notre personnalité enfouie, de notre libre arbitre. Non, démontre Charter, tout est saisi et interprété dans l'instant, sur l'attention actuelle, forcément sélective et partielle, dans un environnement flou. Bref le contraire du Big Data qui prétend dire la vérité en farfouillant les (nos) données par milliards. 

"Nos pensées n'ont aucune profondeur, elles sont élaborées sur le moment." Impressionnant. 

Cette théorie, qui semble corroborée par les études et tests de nombreux neuropsychologues cités, expliquerait pourquoi "nous sommes influençables, sensibles aux biais cognitifs et même parfois insensés". Bref elle bouleverse notre vision du monde comme l'a fait Copernic et Darwin. La terre est une boule qui tourne autour du soleil et nous sommes le fruit de la sélection naturelle. Voilà notre cerveau plat. De quoi renvoyer  Freud, Yung et compagnie à leurs chères études.

Dans Le nouvel inconscient, parue en 2006, le neuroscientifique français Lionel Naccache, écrit Science et Vie, voyait Freud comme un Christophe Colomb qui croyait découvrir l'Inde et a découvert l'Amérique. Pas d’inconscient immuable donc mais un inconscient cognitif, celui que nos sens, imparfaits et et troublés par nos émotions et le déjà ingurgités, déversent sans cesse dans notre mémoire centrale.

Conséquence, notre identité n'est pas stable et enfouie, mais immédiate et réinventée à chaque instant, le fruit de notre mémoire qui ne manque pas de failles et peut être bernée et nous sert les souvenirs qui sont en cohérence avec notre vécu présent, ce qui nous fait croire à notre constance alors que toutes nos pensées sont "recalculées" dans l'instant. 

Qu'est-ce que ça change?

Sûr que les psy diront que les strates les plus profondes de l'inconscient cognitif ne sont guère différente de l'inconscient freudien. 

Qu'heureux sont les pauvres en esprit, peut-être. Ou qu'il faut savoir se détacher car les premiers seront les derniers. Ou encore qu'aimer est l'acte créateur de l'instant présent.

 

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