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L'Europe, continent perdu?

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IMG_3844.jpegÉtrange foisonnement de l'Internet. Je tape "Le continent perdu", titre du dernier ouvrage de Guy Mettan *) dont on peut lire quelques bonnes feuilles sur books.google, et je tombe sur Mu: une Atlantide qui a sombré corps et bien dans le Pacifique il y a 12'000 ans. 

Mettan ne prédit pas l'engloutissement de l'Europe - quoiqu'on hume ici et là quelques relents de la collapsologie en vogue -  mais il dépeint en noire l'Union européenne, dépourvue d'esprit et de grands hommes, "incarnation momentanée" de la péninsule eurasiatique: 500 millions d'âmes dans un monde qui en comptera, dans 30 ans, 11 ou 12 milliards. 

 

Le problème? L'Europe n'est pas démocratique. Pire, sept décennies après sa création à Rome, l'Union n'est plus le creuset de la "pensée européenne" et s'est transformée "en fabrique  de dogmes, de normes et de processus".

Sa faute? Elle n'est pas une puissance de paix. Elle (et ses institutions, y compris la "presse stipendiée") a démantelé la Yougoslavie, traité les Serbes comme des nazis, laissé les Américains bombarder Belgrade avec des bombes à l'uranium appauvri, mis à ban ses frères orthodoxes ukrainiens, bielorusses et russes.    

La solution: Adopter le modèle politique suisse - au peuple le pouvoir de censurer des lois (référendum), au peuple et aux régions le pouvoir de proposer de nouvelles lois (initiative).

Comment? Une assemblée constitutionnelle élue au suffrage universel dont la Constitution devra être adoptée par la même voie dans chaque Etat. Pour réussir, ajoute Guy Mettan qui, après avoir été de son propre aveu un "Euro turbo" idéaliste, apparaît comme un "Euro critique", toujours aussi idéaliste: "la voie constituante exige un long travail de préparation et de maturation, surtout si elle propose des changements essentiels".

[La minuscule République de Genève, qui s'est engagée dans un tel projet de 2008 à 2012, peut en effet témoigner combien la voie constitutionnelle est riche de désillusions et pauvre en réformes significative.]

D'où la question: "Peut-on faire confiance au peuple? Est-il capable de discernement? A-t-il la capacit de percevoir les enjeux, lui qui risque de se tromper et de se laisser séduire par les sirènes du populisme?"

Réponse: Oui! "Les Suisses ont aboli la peine de mort, accordé le droit de vote aux femmes, adhéré à l'ONU, inventé droit humanitaire et se montrent aussi "progressistes" que les autres nations (sinon davantage...)."

Mais encore? Le député genevois, tout frais dissident de la démocratie chrétienne (parti des de Gasperi Schumann et Adenauer qui ont fondé l'Union en 1957), rappelle à grands traits la création de la Suisse moderne et le processus de concordance, qui aboutit par de savants équilibrages aux lois votées par un parlement non professionnel, lequel est maître (au niveau fédéral) de la composition du collège exécutif.

Un processus de concordance qui se décline semblablement au niveau des Cantons (qui de sont pas du tout des préfectures aux ordres de la capitale) et des communes. A chaque étape, le peuple a le dernier mot. Bref de quoi rendre les politiques prudents, intelligents et pondérés. Et le pays neutre et non aligné. 

Sa leçon, Guy Mettan l'adresse sans doute à la nomenklatura politique française qui rit jaune depuis six mois et manifeste une peur bleue face au fédéralisme et au RIC, le référendum d'initiative citoyenne (populaire ne sied pas en raison d'un acronyme un peu funèbre, au demeurant déjà occupé par le référendum d'initiative partagée, que Macron a dit, cette semaine encore, vouloir rendre plus populaire mais pas moins partagé, puisqu'au million de signatures citoyennes doivent s'ajouter les paraphes de 185 parlementaires). 

Dommage que le PDC genevois n'ait pas retenu cet intellectuel indépendant et imaginatif sur sa liste aux élections fédérales de cette automne. Une faute grave. Y a-t-il une session de rattrapage pour l'auteur du Dictionnaire impertinent de la Suisse? La liste des jeunes PDC peut-être, ou celle des Verts libéraux, des Evangéliques ou encore du PBD, la dissidence de l'UDC (rebaptisé Parti citoyen démocratique - PCD donc presque PDC...) qui pourraient s'apparenter à celle du PDC? 

Reste encore l'issue d'une candidature solitaire aux Etats! De quoi faire parler de soi et du continent perdu!

 

*) Le continent perdu, plaidoyer pour une Europe démocratique et souvenaine avril 2019, Editions des Syrtes. 30 fr 20 chez Payot, 16 fr en version électronique, 19 euros en France.

 

Sur l'ouvrage, on repère sur le web cette interview sur Radio Notre Dame

Le blog de Guy Mettan Rue de la Terrassière

Commentaires

  • Merci pour ce billet ! Rendez-vous le 2 mai à 16h sur la scène Philo au Salin du livre pour en parler...
    Quant aux élections nationales, suspense!

  • Félicitations à Guy Mettan. Je me réjouis de lire son livre.

  • Monsieur Guy Mettan est un des rares intellectuels qui sait analyser l'état de nos sociétés et en tirer un projet politique. J'ai honte pour tous ceux qui se présentent comme "de gauche" et qui sont restés bloqués sur des dogmes sans comprendre les changements et enjeux actuels, sans être capables d'analyses et qui viennent finalement soutenir le capitalisme et l'impérialisme. Au nom d'une chimère et d'une haine de soi.

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