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Le Matin, La Presse et la presse

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Le Matin devient une marque 100% numérique, annonce Tamedia. Le numérique est dans l'air du temps, branché, envahissant. Rien n'y échappe. On y est enchaîné comme les condamnés à leur boulet (devenu bracelet électronique, traceur et interprète "intelligent" de tous nos faits, gestes, pets et pensées). Sauf que le numérique n'est pas un paradis pour tous et partout. Notamment pour les entreprises de presse classique, dont la fortune a été plutôt bonne jusqu'à la bascule du millénaire.

Le quotidien La Presse au Québec, dont j'ai pu croire ici et  qu'il pouvait représenter l'avenir de la presse, a été un des premiers à abandonner son édition imprimée et à miser sur le numérique. L'an dernier, il a aussi bazardé son édition imprimée du week-end et a fondé entièrement son avenir sur un site internet modernisé et gratuit. Son éditeur, qui n'a jamais publié les chiffres de cette aventure, vient de le lâcher, a raconté Le Temps, le 21 mai dernier. 

Ce qui est intéressant dans le cas de La Presse, c'est que le journal québécois devient un organisme sans but lucratif, et donc potentiellement éligible à des aides publiques. On entend le discours des socialistes ici à Genève. On entend aussi le discours que d'aucuns ont tenu lors de la votation sur No Billag. C'est le modèle économique de la SSR depuis sa fondation. Un modèle qui ne séduit pas les grands éditeurs. A l'instar du directeur du Devoir au Canada, qui a affirmé hier que "les élus n'ont pas à se mêler des affaires des médias". 

La presse classique est victime d'au moins trois grandes transformation, deux défis qu'elle n'a pas réussi à relever. 

Les premières années du troisième millénaire de l'ère standard ont foudroyé les ressources des journaux. On ne les appelait pas encore GAFA, mais ce sont bien eux qui ont désintermédiatisé la relation entre les pourvoyeurs d'emplois et les travailleurs et entre les pourvoyeurs de logements et de biens immobiliers et les locataires. Volumineux au XXe siècle, les cahiers Emplois et Immo ont pratiquement disparu.

Puis ont déboulé les smartphones. Ils sont en train de renvoyer le papier, les rotatives et le système de distribution des journaux à leur origine, le XIXe siècle. Les journaux n'ont su développer ni la géolocalisation ni la socio-localisation de leurs lecteurs ou de leurs annonceurs. Comme au XIXe siècle, il diffuse une fois par jour le même menu à tous leurs lecteurs.  Un arrêt sur image par inutile dans le tourbillon des news, mais c'est un  peu comme si un restaurateur n'avait qu'un menu comme au temps des cantines.

Troisième mouvement, la fabrication et la diffusion des informations au grand public n'est plus le seul apanage des journaux et donc des journalistes. L'information est un flux où se mêlent beaucoup de communication, de publicité, d'histoire forcément édifiante autour des entreprises et des projets, de commentaires forcément orientés, et de rumeurs plus ou moins fabriquées qu'on nomment fake news pour faire moderne mais qui ont de tout temps existé.

Certes la fabrication des vraies news réclament toujours l'indépendance, la curiosité, le souci du bien commun, la vitesse de réaction, l'art de poser les bonnes questions, de trouver la ou plutôt les source fiables celles qui ne mentent pas, n'enjolivent pas et m'omettent rien d'une situation généralement complexe, l'art de raconter des histoires non pas pour les beaux yeux d'un siffleur d'alerte mais pour que fonctionne mieux la démocratie. 

Commentaires

  • Je ne prendrai qu'un exemple pour illustrer la lenteur de la Tdg à se réformer. Sur la page des blogs, dont vous êtes le responsable Monsieur Mabut, on retrouve depuis des années dans la colonne de droite, les photos d'une vingtaine de participants qui n'a jamais évolué alors que de nouveaux acteurs sont arrivés. Si vous aviez vraiment pris conscience de la révolution en cours, vous auriez compris que ceux qui survivront seront ceux qui sauront coller au flux. Ainsi ces photos devraient être directement liées à l'audience ou alors à la quantité de production afin de coller à la réalité de l'instant. J'ai bien tenté de faire des remarques sur le caractère arbitraire d'une liste concernant les blogs les plus lus et une autre sur les blogs les plus commentés. Je n'ai pas même reçu un accusé de réception. Et j'ai découvert que la liste des blogs les plus lus avait disparu. Et pour cause, elle était pour ainsi dire identique à celle des blogs les plus commentés. Bref, ce que j'essaie de dire ici, c'est que vous n'avez pas compris qu'il fallait vous bouger le cul et avoir le minimum de respect pour ceux qui accordent encore un peu d'attention à votre corps de métier en vous gratifiant de remarques. A défaut, il ne faudra pas venir vous plaindre lorsque vous ferez partie des dommages collatéraux de l'exigence permanente de restructuration pour rester compétitifs. Et je vous dis ça en tant que chauffeur de taxi qui est particulièrement bien placé pour parler de disruption numérique.

  • Merci à Jean-François Mabut pour cet éclairant papier en forme d'épitaphe. Comme lui nous sommes sans doute nombreux à tracer sur le marbre de la tombe: Ci-gisent des instruments pourtant essentiels à la démocratie.

  • Je vois que vous n'avez pas trop apprécié mon commentaire. Mais est-ce une raison valable pour me censurer ?

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