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Les silences du président Pierre Maudet

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prestation de serment 2018.jpgLe discours de Saint-Pierre suscite beaucoup d'attentes. Trop sans doute. Le risque est grand d'être déçu, de rester sur sa faim. On relit donc l'objet prononcé par Pierre Maudet ce 31 mai à 17h30 en la cathédrale de Genève. Il doit devenir le programme de la législature 2018-2023 du gouvernement de la République et que le Grand Conseil doit adopter sous forme de résolution. En décembre avec le budget 2019.

On en apprend plus en faisant le compte des non-dits dans ce texte de 2400 mots, 35% de plus qu'en 2013: rien sur la traversée du lac, rien sur les navettes autonomes que les TPG vont bientôt tester et qui vont renvoyer le CEVA à ce qu'il est: une invention du XIXe. Rien sur la réforme des relations cantons-communes ni sur leur fusion esquissée par la Constitution. Rien sur les 4 milliards nécessaires pour renflouer la caisse de pension des fonctionnaires. Rien ou très peu sur le Grand Genève. Rien sur la justice. Rien sur la maîtrise des coûts de la santé à Genève. Sur le plan sociale, le constat que les dépenses croissent trois fois plus vite que les impôts.

"Encourageant", note après la cérémonie Antoine Vielliard, le maire de Saint-Julien, volontiers critique. Il ajoute: "On a pris l'habitude d'être déçu par ce genre de discours."

L'exercice est en effet formel. Il n'engage vraiment ni l'Exécutif ni le Législatif. 

Derrière le programme, aucun accord politique,  comme on le voit en Allemagne, n'a été longuement discuté et moins encore signé entre les partis gouvernementaux d'ailleurs exclus de l'exercice. Chacun garde sa liberté. Les socialistes sont coutumiers de l'opposition parlementaire. Le PLR a pris ses aises lors de la dernière législature. Les plus soucieux de la continuité gouvernementale sont le PDC et les Verts, 20 députés lors de la dernière législature, 26 pour la présente...

Mais revenons à ce morceau de littérature politique. La cuvée 2018 fut moins enlevée que celle de 2013, remarque le député MCG Dimier, qui se console avec l'évocation - essentiel - du contrat sociale, chère au père de la République, auteur de la Constitution de 1847 et démolisseur des remparts, James Fazy.

Pas très neuve la référence en ce XXIe siècle promis à des révolutions très bouleversantes sur les plans technologique, médical, informationnel, sécuritaire, financier... Rien de ces disruptions en cours n'a été perçu sous les voûtes gothiques de la cathédrale ni dans le choix des intermèdes musicaux (Monteverdi, Haendel...). Pierre Maudet l'a d'emblée rappelé: "Depuis plus de sept siècles, le gouvernement de Genève prête serment sous les voûtes tutélaires de cet édifice majestueux." Le décor est planté.

Le discours fait sur le mode ronflant "y'en n'a point comme nous" le tour des acquis, des institutions qui font la force, la gloire de Genève: le nouveau Grand Théâtre, la nouvelle Comédie, le nouveau Théâtre de carouge, la nouvelle Maison de la musique... Avec ce petit retour à la réalité: "Il appartiendra aux autorités, municipales ou cantonales, de leur offrir le cadre législatif et budgétaire qui leur permettra d'enrichir le dialogue et la réflexion sur le vivre-ensemble."

J'apprends dans cet inventaire que "le CERN qui s'apprête à accueillir, d'ici une décennie, un nouvel accélérateur, un anneau de 100 kilomètres de circonférence". 

"Notre héritage - le thème est la colonne vertébrale du discours -, c'est, poursuit le président Maudet, cette Genève internationale dont il y a cinq ans encore, on annonçait l'érosion." Ne se rend-il donc pas compte que l'OMC tourne à vide, que le BIT, qui fêtera ses 100 ans l'an prochain, ne sert pas à grand chose, que l'OMS court derrière Ebola, que le Désarmement est en panne, que la Commission des droits de l'homme est prise en otage par les dictatures et les fake-démocratie, que la Croix-Rouge même est confrontée à des combattants qui ignorent tout du droit de la guerre, des conventions de Genève et des des droits humains. 

"Notre héritage, grâce aux efforts de notre population et de nos prédécesseurs, c'est aussi une dette allégée d'un milliard de francs, en quatre ans". Mais qui reste tout de même à 12 milliards, la plus élevée du pays par habitant. Présent parmi les invités, Pascal Broulis a dû sourire, lui qui a gommé les 7 milliards de la dette vaudoise en quelques années en reportant notamment la moitié de la facture sociale sur les communes. 

La fin du discours demande aux partis à dépasser les divergences stériles, à s'accorder sur des compromis. Sous les canons, à l'heure du risotto, Roger Deneys, PS, est dubitatif: Ce discours est plein d'optimisme mais pas très crédible. Voyez la loi sur la laïcité adoptée grâce à deux partis non gouvernementaux.

Pierre Maudet en appelle enfin aux Genevois: "Dans les prochains mois, la population tout entière sera invitée à participer à une démarche prospective et participative visant à définir la Genève que nous voulons en 2050."

Au final chacun semble y avoir trouvé ce qu'il attendait. Olivier Cerutti PDC: "Un discours très PDC, très consensuel". Jean Romain PLR: "Un discours radical, classique, forcément pondéré, chacun y a mis du sien." Le président du Grand Conseil nous fait remarquer que la prestation de serment se fait devant un lutrin qui porte la Constitution genevoise et non sur la Bible qui est certes ouvertes à côté.

Marc Fuhrmann, président de l'UDC: "Il a ignoré 30% des électeurs qui n’ont pas voté pour les grands partis." René Longet PS (ancien maire d'Onex et administrateur à Vernier en attendant l'élection du successeur de Thierry Apothéloz) se dit globalement satisfait. "Il a parlé en premier de la mobilité ce qui est important et de l'opération Papyrus comme méthode de travail, c'est de bon augure!"

Commentaires

  • Mais Maudet à appris à cacher tant de choses en particulier les "pots de vin"qu'il accepte avec "naïveté"selon lui....cacher le programme de législature n'est qu'une petite facette qui maintient le suspense et permet de maintenir son rôle de parrain/président au sein du Conseil d’État.....

    A bientôt

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