Genève aime donné des leçons au monde entier. L'esprit de G souffle en tempête sur la ville d'Henry Dunant. On aime les étrangers, dit l'officialité. On les accueille largement et plutôt généreusement (tout est relatif): les SDF, les travailleurs, comme les riches et les multinationales, appâtées celles-ci par les actions fiscales, comme nous le sommes par les fraises à un franc de la Migros.
Le message "droit-de- l'hommisne" est cependant loin relégué en campagne électorale, tant l'affichage des méchants, des incultes, des petits, des aigris (cochez ce qui convient) est tonitruant. Des placards faits pour diviser les travailleurs: ceux qui habitent le canton de Genève, dont la moitié n'a pas droit de vote, et ceux qui habitant à l'étranger, dont une petite frange a le droit de vote (les Genevois délocalisés en France voisine).
La météo politique n'est pas aussi fiable que la météo céleste, mais elle n'annonce pas pour ce dimanche de printemps un raz de marée de la droite nationale (dure, nationaliste, patriote, xénophobe, blochérienne... - cochez ce qui convient) au Grand Conseil. Le TagesAnzeiger écrit, le 12 avril, dans un article en pied de page, que l'UDC pourrait profiter de la guère fratricide que se livrent les deux partis antifrontaliers. Pour vraiment s'imposer il faudrait au premier parti de Suisse des personnalités politiques d'une autre envergure que celles des trois clones qui s'affichent pour un grand bon Genève.
Le déni démocratique tient - je l'ai déjà souligné ici - dans la part des résidents qui n'a pas le droit de vote (40% d'étrangers) et dans la faible participation traditionnelle aux élections cantonales (autour de 40% depuis 1973). Elle tient aussi à l'incompréhension persistante par nombre d'électeurs du mode de scrutin proportionnel, lequel privilégie la force des partis avant les personnalités. Or l'essentiel de la campagne se focalise toujours plus, réseaux sociaux obligents, sur la personnification et sur la course au Conseil d'Etat. 31 candidats c'est trop mais ça reste maîtrisable alors que 623.... Or la course aux Conseil d'Etat n'est en fait qu'une primaire. La bataille sérieuse aura lieu le 6 mai.
La crise de l'autorité s'illustre non seulement dans l'activité législative pléthorique du Grand Conseil illustrée cette semaine par mon journal préféré, mais aussi dans l'absence de candidats au Conseil d'Etat rassembleurs, dont le discours pourrait être entendu au-delà des frontières partisanes. Et plus généralement sur l'absence de toute autorité locale éthique ou morale.
Est-ce donc que les réseaux sociaux, encore eux, prompts à faire la gloriole des modèles négatifs poussent les modèles positifs au silence voire à la démission?
Même Pierre Maudet, qui sera peut-être le seul - et le premier magistrat dans l'histoire genevoise - à être élu au premier tour avec plus de 50% des suffrages (privant du coup son parti d'une locomotive pour le second tour), apparaît comme une personnalité clivante, lui qui avait au début de sa carrière un temps flirté avec l'idée d'un centre élargi aux Verts et à son copain Hodgers.
Peut-être espère-t-il, comme d'autres, avec la disparition possible d'Ensemble à gauche du parlement, un recentrage des partis gouvernementaux socialiste et écologiste? Cependant, les positions prises à propos de la recapitalisation de la caisse de pension des fonctionnaires et du règlement fiscal des multinationales (PF17) ou encore de la modernisation de l'échelle de traitement des fonctionnaires et de la fiscalité immobilière - des enjeux à plusieurs milliards - n'incitent pas à l'optimisme.